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Le procès du 18 février où notre justice condamna les quatre salafistes de toutes les discordes à une peine qu’ils avaient déjà purgée en détention est décidément celui de toutes les discordes. Paris applaudit la condamnation-relaxe, annule la condition posée par le ravisseur de Pierre Camatte qui voulait libérer l’otage français contre ses camarades salafistes désormais libres.

Mais si l’Elysée exulte, à Nouakchott et Alger on ne décolère pas. Au contraire, on ne met plus de gant : Bamako est traité de tous les noms et le froid diplomatique qui s’ensuit fait craindre des lendemains orageux dans nos relations avec ces voisins sur trois mille kilomètres de frontière. La nécessité de mettre balle à terre afin que ce triste épisode de notre histoire soit purgé le plus vite possible est pourtant évidente.

Et voici, à cet égard ce qu’on peut dire et redire. D’abord, il est toujours plus souhaitable que les otages et tous les otages du Mali et d’ailleurs respirent l’air d’une liberté dont ils n’auraient jamais dû être privés plutôt de subir à l’aube le couteau des égorgeurs ou les rafales de « tirs amis ».

Un otage n’est pas une variable sécuritaire mais un visage et un cœur d’humain. La réponse sécuritaire réside dans la décision d’enrayer les menaces, et dans le cas du Mali, ce serait simplement de ne pas revenir sous les feux de l’actualité pour un problème d’otage enlevé ou gardé sur son territoire. Il faut également soulever les justes interrogations.

Son timing (l’échange demandé par Aqmi) peut donner l’impression d’un procès sur mesure. Pourtant, par deux fois avril et octobre 2009, les quatre éléments jugés jeudi dernier ont comparu devant les juges pour motif de détention illégale d’armes et de munitions, un crime prévu et puni par la loi, de la peine infligée aux islamistes jugés dont les deux premières comparutions remontent à bien avant l’enlèvement de Pierre Camatte.

L’Algérie et la Mauritanie prétendent avoir réclamé leurs ressortissants recherchés. Le Mali était-il informé de ces avis de recherche avant l’inculpation des prévenus ? Les réponses à ces questions édifieraient sur la bonne foi ou non de notre pays.

Mais elles ne remplaceront jamais hélas l’impératif d’un engagement solidaire, plutôt que de luttes solitaires contre un adversaire qui est le seul bénéficiaire d’un front divisé. Alger, Bamako et Nouakchott seront ensemble. Ou alors les Salafistes les vaincront un à un sans vraiment avoir à combattre.

Adam Thiam

24 Février 2010.