On savait le président français obamaniaque, comme beaucoup d’autres. Mais peu d’entre nous pouvaient prévoir qu’au lendemain du sacre de l’Américain, la communication de Sarkozy pousserait le zèle jusqu’à s’empresser de trouver autant de parallèles entre les deux hommes.
Parce que tout simplement, s’ils se ressemblent en certains points, Sarkozy et Obama divergent en beaucoup d’autres, et pas des moins fondamentaux. Il est vrai que tous les deux sont fils d’immigrés, première génération. Mais le premier est d’origine juive dans un pays qui a compté plusieurs hommes d’Etat juifs, et ce à des moments où les juifs étaient bien moins acceptés.
Le second est d’origine africaine dans un pays, certes accueillant, mais qui n’avait jamais eu, encore de président même métis. Les deux leaders ont une conception moderne de la communication et ils optimisent les avantages des nouvelles technologies de l’information. Il s sont plus ou moins de la même génération. Et il faut le reconnaître, ils partagent un certain sens de l’éloquence, tous les deux étant avocats.
Mais les dissemblances sont plus expressives. Sarkozy, pour beaucoup, a été porté au pouvoir, en entretenant la peur contre l’Autre et en passant pour défendre la « France réelle ». Obama, lui, a été élu grâce à son plaidoyer pour la diversité. On fait souvent au Français, à preuve les nombreuses réactions que sa doctrine sur l’immigration a engendrées, le procès d’utiliser l’exclusion comme marchepied.
L’Américain a été élu, par toutes les minorités et la jeunesse blanche. Il procède donc d’une logique d’inclusion et a tenu jusqu’au jour de son élection un discours de rassemblement.
Enfin, l’un, les statistiques le prouvent, doit son pouvoir à la cohorte des adultes d’un certain âge. L’autre n’aurait jamais vu la Maison Blanche sans le vote massif des jeunes. Ensuite, ce qu’Obama propose n’est ni plus ni moins qu’une révolution tranquille mais profonde de l’Amérique. Sarkozy lui professe une rupture dont le contenu reste encore à préciser.
En plus, l’hôte de l’Elysée s’est fait le chantre lu libéralisme. Le futur patron du monde le questionne, le remet en cause. Enfin, l’Amérique fascine Sarkozy dans ce qu’elle a de moins beau : sa politique sociale. Obama l’a dit : il veut une Amérique moins égoïste et plus partageuse. Seule chose à espérer : c’est que les deux, parce qu’ils aiment parler vrai, ne se disent des vérités crues devant les caméras. Sarkozy trouvant son homologue un peu trop populiste. Et Obama lui reprochant son discours de Dakar. Lui qui, au-delà de l’histoire, va même entrer à la Maison Blanche.
Adam Thiam
07 Novembre 2008