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On ne doit ni transiger avec le moment ni avec les enjeux. Il faut aller droit au but et demander au Président Touré de rendre public le rapport de la Commission Daba Diawara. Il faut le faire, sans plus de délai et par les moyens les plus adéquats, en version électronique comme en version papier.

Et ce pour plusieurs raisons. La première : le silence nourrit la rumeur et la rumeur nourrit la conjecture. Exactement, comme l’a fait, un confrère, et pas n’importe lequel, dans sa parution de cette semaine, prêtant à tort à la Commission d’avoir cherché à écarter les présidents Konaré et Touré de la course de 2012. Comme s’il s’agissait d’une conspiration de gens manipulés.

Et plus grave, comme si ces deux leaders entretenaient un agenda caché. La deuxième raison : une des parties les plus sensibles de ce rapport, à savoir l’article 30 de la constitution limitant le nombre de mandats présidentiels, a déjà fait l’objet d’une communication publique, à travers le point de presse animé par Daba Diawara alors que le président Touré était en déplacement.

Ce qui a donné lieu à des supputations totalement inutiles, du genre : si le président a autorisé ce point de presse, c’est sous la pression de la rumeur qui a trop gonflé sur ses intentions de briguer un 3è mandat, ou encore « Daba Diawara, a agi en ponce pilate, seulement pour prendre date avec l’histoire, parce que subodorant que son rapport n’a pas plu à qui de droit ».

Il y a enfin, une troisième raison toute simple : la technique du président de la République s’inspire beaucoup d’une pratique qui a cours ailleurs, notamment en occident, et consistant à commanditer des réflexions auprès des compétences les mieux indiquées. Il en est ainsi du rapport du 11 septembre 2001. Il en est ainsi, pour puiser dans les exemples les plus récents, des rapports Attali et Taubira commis par le président Sarkozy. Des rapports qui ont été immédiatement rendus publics et mis en ligne.

Il est évident qu’ATT qui accepte que des rapports plus sensibles soient publicisés ne peut pas avoir d’idées derrière la tête concernant le rapport de ladite Commission. C’est précisément pourquoi, il doit à notre avis, prendre toutes les dispositions pour que chacun puisse en savoir le contenu précis. Car après tout le plus difficile, c’était d’accepter de faire porter un regard critique sur notre processus démocratique.

Adam Thiam

05 Novembre 2008