Après demain, nous célébrerons le dix-neuvième 26 mars depuis, non pas la chute du Général Moussa Traoré – car ce ne pouvait être une finalité-mais des débuts de la démocratie malienne.
Ce que nous voulions qu’elle fût et ce que nous en avons fait. Plus la peine de le nier : toute révolution est une somme de griefs et mars 91 était bien une révolution.
Dans les rues, il y avait, pêle-mêle, les revendications corporatives, y compris estudiantines, l’exigence de pluralisme, le désir de changement.
Le tout fédéré par l’indignation légitime de mamans qui virent leurs enfants tomber sous les balles, la conviction acquise par l’état-major des manifestations que le dialogue avec le pouvoir n’était plus possible et pour presque tout le monde le rejet de l’arrogance armée.
Mais quelles que soient les raisons pour lesquelles les Maliens se sont mobilisés à l’époque, le changement de régime ainsi que les lois de la mondialisation ont imposé la démocratie libérale comme projet de société.
Celui-ci, bien sûr, ne peut pas ne pas tenir des spécificités locales, mais partout où il est sincère, un tel projet repose sur trois principes universels : le contrôle du pouvoir, la bonne gestion des ressources publiques, la suprématie du droit, la séparation des institutions et la redevabilité des gouvernants.
Dix-neuf ans plus tard, où en sommes-nous ? Mars, le mois des martyrs nous questionnera là-dessus autant de fois que nous tairons l’évaluation ou la truquerons, préférant l’apologie à la critique, le rituel de la gerbe de fleurs au débat constructif.
Adam Thiam
24 Mars 2010.