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La réunion ministérielle qui s’ouvre aujourd’hui à Alger entre le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad à propos des menaces sécuritaires dans l’espace sahélo-saharien ne vaut pas en importance l’initiative du président malien.

Qui elle, visait à faire endosser par les présidents riverains de cet espace devenu plus dangereux un plan d’action collective. Elle ne s’est pas faite parce que l’Algérie n’en voulait pas, estimant qu’il pourrait s’agir pour Amadou Toumani Touré d’un moyen d’échapper à ses responsabilités en tant que président d’un pays indexé pour abriter des bases salafistes sur son sol.

Mais la réunion d’Alger survient dans un contexte de tension diplomatique avec ses voisins mauritanien et algérien que le traitement du dossier Camatte a rendus non seulement furieux mais dubitatifs sur la volonté malienne de lutter sérieusement contre le terrorisme.

Alors, dans un tel contexte, ATT fait-il bien de cautionner la rencontre d’Alger ? La question est sur toutes les lèvres. Mais on devine la réponse : il s’agit d’abord pour le Mali d’éviter d’être un condamné par contumace.

Ensuite, il est évident que le président souhaiterait aplanir les problèmes nés de l’affaire Camatte qui, qu’on le veuille ou non, a un aspect embarrassant vis-à-vis de nos voisins avec lesquels existe, sinon des accords, du moins un gentleman agreement, pour gérer ensemble le dossier Aqmi.

Si Alger regarde vers l’avenir, alors, peut-être bien que les ministres de l’espace concerné pourraient aboutir aux mêmes résultats que leurs présidents. Et c’est tant mieux.

Mais dans le fond, ce dont il est question entre le Mali et l’Algérie, au-delà de l’affaire Camatte et de ses embarras légitimes, c’est la faible lisibilté de sa politique algérienne si elle en a une.

Car c’est clair, Alger a une politique malienne qui est d’ouvrir ses frontières pour que ses produits ravitaillent Kidal, Tombouctou et Gao, donner des bourses scolaires, jouer aux médiateurs et peut-être aux instigateurs dans l’irrédentisme qui secoue le nord de notre pays, et gérer ainsi le Mali comme elle gère ses « Wilayas ».

L’affaire Camatte et la rencontre de ce matin pourraient donc avoir ceci de positif que les deux pays se prendront désormais plus au sérieux. Pour leur relation bilatérale et pour Al Qaeda qui est certainement en train de prier pour que cette rencontre d’Alger soit un flop magistral.

Adam Thiam

16 Mars 2010.