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Le temps est juste et les défis nous assaillent. Nous devons alors être économes de tout acte et de tout propos qui nous éloignent de l’essentiel. Personne ne doit commettre l’erreur de penser que les Maliens ne savent pas ou ne peuvent pas. Ils sont simplement un peuple qui préfère la plaisanterie des cousins à la violence du ras-le bol. Concentrons-nous sur l’essentiel et nous nous entendrons. D’abord, nous nous disciplinerons. Et l’essentiel, c’est de voir la finalité de l’énergie que l’Etat met à vouloir prouver la collusion Mnla-Aqmi.

Oui, Aqmi a combattu à Aguel Hoc. Oui, elle a commis ces actes ignobles qui nous inspirent tous le haut-le cœur. Et elle a reconnu, à travers le site fiable de lAni que deux de ses moujahidines sont morts dans la bataille d’Aguehoc. Il ne peut y avoir meilleure preuve. Mais si prouver la complicité Aqmi-Mnla enlève à cette rébellion sa principale arme de séduction vis-à-vis de l’Occident, il ne plaide pas du tout pour la clarté et la cohésion de l’argumentaire gouvernemental qui va devoir expliquer ce que tout le monde admet maintenant : à savoir l’étrange proximité des camps d’Aqmi et de l’armée.

Concentrons- nous sur l’essentiel. Et l’essentiel, c’est le scrutin du 29 avril et le confort du processus démocratique qui, pour bien du monde, en dépend. Deux camps s’affrontent électroniquement mais nous devons avoir le courage d’en faire un débat public, national. Les élections sont-elles possibles à cette date ? Si oui, nous devons savoir comment et savoir si elles concerneront le Nord.

Si elles ne concernent pas le Nord, nous devons analyser toutes les implications de cette stratégie dans un contexte de revendications sécessionnistes. Mais si nous ne pouvons pas aller aux élections, réalisons-le et disons-le clairement. Et surtout attelons-nous à en cerner les implications ainsi que les solutions les plus constitutionnelles à ce problème. En attendant, on peut économiser la ballade des caméras dans les bureaux de vote.

Adam Thiam

17 Février 2012