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Il y a deux générosités dans la lettre de Amadou Toumani Touré : sa démission pour au nom de l’avancement du Mali et le pardon demandé au peuple, pour les torts éventuels causés, assure t-il, sans intention de nuire. Tout cela peut être de bon présage.

Et de bon présage en ces moments, le Mali en a bien besoin qui sait donner dans la noblesse quand tout paraît perdu comme dans le hara-kiri lorsque l’heure est à la moisson. Preuve que rien n’est octroyé à un pays et que tout se travaille pour éviter les tâtonnements et les contre-performances. Dioncounda Traoré dont le destin est d’être propulsé en avant par les crises qu’il n’a pas créées, affrontera, en tout cas, les quarante jours les plus périlleux du Mali désireux de coller à la légalité constitutionnelle.

Voire les quarante jours les plus sensibles du long parcours politique du président de l’Assemblée Nationale qui sera investi demain comme président intérimaire. Il devra d’abord forcer son talent de fédérateur. Car le putsch du 22 mars a créé deux pôles dont des ténors aujourd’hui ennemis intimes ont marché ensemble pour l’avènement de la démocratie malienne, il y a vingt et un ans. Il lui faudra aussi contenir les ambitions, les plans et les calculs qui viendront de toutes parts et dans une période où la sincérité et l’abnégation seront les denrées les plus rares.

Entre les contradictions secondaires et les contradictions principales, entre les forêts d’équations qui se poseront, le mathématicien formé dans la chapelle du matérialisme historique est, sans doute, en terrain connu. Mais le défi est mieux connu qu’un terrain qu’au fond nous devons avoir l’humilité de reconnaître que nous ne le connaissions plus, sinon nous ne serions pas dans une si mauvaise passe. Et ce défi s’appelle aller vers la transition sans zapper l’intérim.

Adam Thiam

11 Avril 2012