Sarkozy n’est plus le chouchou des Français, les sondages en font foi, mais il est le président d’un pays fier. Il ne retirera donc pas la loi interdisant la burka comme le lui demande depuis quelques heures Abuzeid, son homologue du maelstrom sahélo-saharien. Et quant aux sept millions d’euros de rançon apparemment exigés voici ce que l’on peut en dire : des lance-pierres dans les mercuriales – officieuses, il est vrai,- qui font la belle légende d’Aqmi et qui situent le prix d’un otage occidental à au moins deux millions d’euros. Sauf si à l’image de leur président, les Français sont aussi en décote dans les khatibats.
Et sauf si les ravisseurs regrettent le coup d’Arlit et se préoccupent plutôt de le réparer au moindre frais. Or rien n’est moins certain : entre Timetrine et l’Elysée, il y a les sept corps salafistes du 22 juillet dernier et l’appui logistique que les Français continuent d’apporter au Mauritanien Abdel Aziz qui a juré de faire manger leur barbe aux émirs. Les Français sont donc un objectif pour Aqmi. De loin ou de près, or le butin d’Arlit se trouve justement entre ses mains. En plus, les chefs de la zone 9 savent qu’en dépit des coups médiatiques qu’ils peuvent encore réussir, l’étau se resserre autour d’eux.
L’Algérie sait que le monde entier se pose des questions sur son rôle dans la création de la menace terroriste et sa volonté à la combattre. Le Mali mesure à quel point -du moins, il faut l’espérer- il est dommageable pour lui de rester l’hôte même involontaire de groupes qui dévoilent, chaque jour et un peu plus, leur pouvoir de nuisance. Le Niger ne peut pas laisser compromettre les revenus qu’il tire de l’uranium. La Mauritanie a déjà donné la charge et plus elle attaque plus son président gagne en fréquentabilité internationale.
Et, enfin, l’Occident a compris que ce n’est pas par les alertes orange dans ses gares qu’il désamorcera les attaques-suicides mais en aidant à isoler et défaire les sergents recruteurs. C’est dire qu’Aqmi sait tout cela et qu’elle remuera ciel et terre pour tirer le plus grand profit de leur situation actuelle. Sept millions d’euros, c’est donc le chiffre qu’on a bien voulu nous dire. Il pourrait être bien plus élevé mais cela n’a d’importance que pour Abuzeid. Il ne se glorifiera pas du pactole et le payeur le niera. Ce sera d’autant plus aisé que la stratégie d’Aqmi est de libérer les otages au compte-goutte. Le temps de renouveler le stock, car Abuzeid et Belmokhtar ne lisent pas la bible mais ils passent de plus en plus Noël avec des « chrétiens ».
Adam Thiam
13 Octobre 2010