Au « 22 Septembre » et au « Républicain », et pour la première fois depuis longtemps dans l’histoire de la presse malienne, nous signons un éditorial conjoint pour nous réjouir de la libération du couple Cicala et surtout pour célébrer Philomène Kabouré.
Celle qui, refusant les nombreuses offres de liberté qu’Aqmi lui a faites, répondra toujours: «jamais sans mon Sergio». «Pas sans mon mari», fut-ce au prix de ma vie, ce sont les titres de noblesse de Philomène la courageuse et ils ne sont pas usurpés! Car son Sergio, elle a fait en sorte qu’il soit libre aujourd’hui. Elle s’est sublimée, et elle en est devenue sublime. Car, on s’en doute, ces quatre mois de captivité durent être l’enfer pour elle.
Noire, chrétienne et mariée à un Occidental qui, dans l’idéologie salafiste, n’a de valeur que vendu, échangé ou égorgé, elle savait qu’elle n’aurait droit ni aux fleurs ni aux œufs de Pâques. Elle a pu éviter au pire de se produire: vivre l’égorgement de son mari, devenir un bouclier humain face à l’hallali annoncé contre la nébuleuse terroriste, mourir de chaleur et de soif.
Mais, pour l’amour de son homme et respecter son serment d’épouse, elle serait allée jusqu’au bout. Elle a vécu le meilleur, elle se préparait au pire. Sa grandeur fait aujourd’hui d’elle l’honneur de toutes les femmes.
Et sa belle dignité dessert le message de supériorité que le fanatisme de ses ravisseurs cherche à envoyer au monde. Il ne fallait pas qu’elle soit la chrétienne résignée qui accepte, sans se laisser corrompre, son chemin de croix.
Alors, sans préjuger des conditions de la libération du couple italien, il est possible qu’Aqmi ait voulu éviter que Philomène devienne une héroïne. Mais c’est trop tard, et heureusement.
Ramata Diaouré (22 Septembre) et Adam Thiam (Le Républicain)
19 Avril 2010.