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L’adoption, vendredi 21 juillet, par l’Assemblée nationale d’une résolution de soutien au président de la République, au gouvernement et à l’armée en est la dernière illustration. En effet, les 43 députés du RPM de Ibrahim Boubacar Kéïta – quasiment le tiers des élus – ont boycotté la séance et publié une déclaration dans laquelle ils se désolidarisent de cette résolution pour au moins deux motifs. Le premier est que celle-là  »ne reflète pas le débat réel » ayant eu lieu à l’hémicycle, lors de l’interpellation du ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales, signataire desdits « Accords d’Alger ». Le second motif est que les « Accords » en question ne constituent pas, du point de vue du parti des tisserands  »une garantie pour la sauvegarde de la paix dans le nord de notre pays ».

Cette escarmouche parlementaire est l’aboutissement prévisible des différences d’analyse affichées par les partis politiques concernés, même si elle n’est pas exempte de préoccupations électoralistes, certains considérant qu’un désaveu du président ATT sur sa gestion de l’après-23 mai 2006 pourrait être fatal au renouvellement de son mandat en mai 2007. Ce qui contrarierait leurs petits projets personnels.
Mais les « Accords d’Alger » ne divisent pas que les seules formations politiques.

Le microcosme syndical l’est également, la CSTM, la deuxième centrale du pays dirigée par Hamadoun Amion Guindo, ayant fait savoir tout le mal qu’elle pense de ces « Accords » tandis que sa rivale, l’UNTM, observe curieusement un épais silence.

Division aussi au sein de la société civile, de l’élite intellectuelle, de la presse. Mais plus grave, de l’armée. Au cours de la tournée du Chef d’état major général des armées, Seydou Traoré, dans différentes garnisons pour expliquer les « Accords d’Alger » on a entendu des militaires, officiers et hommes de rang, s’enquérir du sort qui sera fait au déserteur Fagaga et à la poignée d’assassins et de brigands qui l’entourent. Pour certains, le mieux à faire est de les dégrader et de les radier des effectifs au plus vite. D’autres préconisent qu’ils soient « dilués » dans les différents corps à travers le pays pour les « rendre inoffensifs« . D’autres, enfin, perçoivent les « unités spéciales de sécurité » à créer comme le moyen le plus efficace de « les cantonner chez eux, à Kidal« .

Une chose est certaine : ces « Accords », présentés par la machine de propagande officielle lancée à plein régime comme un don de la Providence pour sauver le Mali d’une catastrophe annoncée, se révèlent un puissant facteur de… désaccord national. Mis à part le coup d’Etat militaire scélérat du 19 novembre 1968, les Maliens n’ont jamais été autant en désunion sur un sujet d’envergure nationale. Et il y a lieu de craindre que cette désunion ne prenne de l’ampleur lorsque l’heure sonnera de traduire en actes concrets les engagements souscrits par les Généraux ATT et Kafougouna Koné dans ces « Accords ».

Car, comme l’écrivait un de nos lecteurs, ‘’Kidal n’est pas plus mal lotie que Kangaba, à cent kilomètres de Bamako ». Et, de toute manière, c’est une lapalissade qu’ « on ne répare pas une injustice en créant une autre injustice« .

El Saouti Labass HAIDARA

24 juillet 2006