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La situation économique du Mali s’est sensiblement détériorée à la suite de plusieurs chocs exogènes. L’évolution défavorable des prix du coton et du pétrole ainsi que la baisse du dollar ont affecté de façon négative les termes de l’échange.

Le déclin des prix du coton, faut-il le rappeler, est la conséquence des subventions que des pays développés du Nord, les Etats-Unis, l’Espagne et la Grèce, s’agissant de l’Union Européenne octroient à leurs cotonculteurs. L’on comprend, dès lors, le sens de la croisade que mènent actuellement le Mali et certains pays producteurs de coton de l’espace UEMOA en vue d’éliminer ces distorsions du commerce à travers l’OMC.

Au plan national, la conjoncture économique a été marquée, en effet, par un cumul pluviométrique globalement inférieur à la normale, une mauvaise répartition dans le temps et l’espace des pluviométries enregistrées, une baisse de la production céréalière, des difficultés d’approvisionnement en intrants agricoles dans certaines zones, ainsi que la baisse de la production de l’or.

Dans le secteur primaire, la production céréalière est passée de 3 380 000 tonnes en 2003-2004 à 3 085 000 en 2004-2005, soit une baisse de 8,8%. Celle du coton est passée de 617 750 tonnes en 2003-2004 à 575 000 en 2004-2005, soit un léger fléchissement de 6,8%. Dans le secteur secondaire, la production d’or est de 44,63 tonnes contre une prévision de production de 48 tonnes. Elle a baissé de 16,7% en 2004 par rapport à 2003 où la production s’élevait 53,6 tonnes.

Au niveau du secteur tertiaire, peu de modifications ont été enregistrées par rapport aux prévisions initiales, excepté la branche commerce qui observe une baisse de son taux de croissance suite au relèvement du niveau de 2003. En définitive, le taux de croissance du PIB est passé de 7,1% en 2003 à environ 2% en 2004, contre des prévisions initiales de 4,7%. Cette dégringolade est à imputer, d’une part, à la hausse du PIB en 2003, et d’autre part, à la baisse plus prononcée de la production céréalière en 2004-2005 et celle de la production d’or en 2004.

Par ailleurs, l’inflation moyenne mesurée par la variation de l’indice harmonisé des prix à la consommation (moyenne de 12 mois) a été de -3% en 2004 contre -1,3%. Ce taux est largement en deçà de la norme communautaire qui s ‘élève à 3%. Quant au déflateur du PIB, il s’est établi en 2004 à 3,3% contre 1,6% en 2003.

Parmi les améliorations enregistrées au niveau des secteurs sociaux, on peut noter une évolution nettement favorable des allocations budgétaires destinées à l’éducation et à la santé. En effet, l’enveloppe allouée au secteur de l’éducation est passée de 90,3 milliards de FCFA en 2003 à 119,9 milliards de FCFA en 2004 (+31,89). Les crédits alloués à la santé sont passés de 51,9 milliards de FCFA en 2003 à 81 milliards de FCFA en 2004 (+57,61%)

La politique de l’Etat vise l’assainissement des finances publiques par la maîtrise des dépenses courantes et l’élargissement de l’assiette imposable. En 2004, les recettes totales et dons ont atteint 557,5 milliards de FCFA contre 536,5 en 2003, soit une hausse de 3,91%. Par ailleurs, les recettes totales hors dons ont été de 454,2 milliards de FCFA dont 411,5 milliards de FCFA, au titre des recettes budgétaires.

Le taux de pression fiscale s’élève ainsi à 14,3% en 2003. A noter que la Direction nationale de la douane (210,6 milliards) et la Direction générale des impôts (170,3 milliards) ont permis de combler le cap des recettes de la DNDC résultant de la baisse de la production aurifère. Le montant des ressources PPTE mobilisées dans le cadre de l’initiative s’est élevé à 28,7 milliards de FCFA en 2004 contre 30,1 milliards de FCFA en 2003. S’agissant des dons, 33,3 milliards de FCFA ont été mobilisés contre 44,6 annoncés.

Quant aux dépenses, elles ont été maintenues à un niveau compatible avec les financements disponibles. Les dépenses totales et les prêts nets s’élèvent à 626 milliards de FCFA en 2004 contre 569 milliards de FCFA en 2003, soit une hausse de 10,01%. Les dépenses courantes ont atteint 350,1 milliards de FCFA en 2004, dont 121,9 milliards de FCFA consacrés aux salaires.

Quid de la situation de l’endettement ? L’encours total de la dette publique extérieure à moyen et long termes est passé de 1678,8 milliards de FCFA en 2003 à 1634,8 milliards de FCFA en 2004. Sur la même période, l’allègement obtenu au titre de l’initiative PPTE s’élève en 2004 à 28,7 milliards de FCFA contre une prévision annuelle de 29,6 milliards de FCFA à 2003 à 55,4 milliards de FCFA en 2004, soit une réduction de 22,8 milliards de FCFA. Pour ce qui est de la dette publique intérieure, elle est passée de 78,2 milliards de FCFA. Cette baisse progressive s’explique par l’exécution correcte de l’échéancier d’apurement du stock existant.

Le déficit de la balance commerciale est attendu à 3,3 milliards en 2004, contre 7,4 milliards de FCFA en 2003. Le solde des transactions courantes devrait afficher un déficit de 166,1 milliards de FCFA contre 178,6 milliards de FCFA en 2003. Le solde global s’élève à 33,9 de FCFA en 2004, contre 92,6 milliards en 2003.

Comparée à fin décembre 2003, la situation monétaire estimée à décembre 2004 notamment a été marquée par une amélioration des avoirs extérieurs nets (plus de 59,7 milliards de FCFA ou plus de 14%) une hausse du crédit intérieur de plus de 48 milliards de FCFA (12,1%).

S’agissant, enfin, des perspectives pour 2005, dans l’hypothèse d’une amélioration de la conjoncture économique, notamment la fin à moyen terme de la crise ivoirienne, le retour d’une pluviométrie normale et la relance de la production d’or, il est attendu un taux de croissance de 5,9% en 2005 contre environ 2% en 2004. Pour ce qui est du secteur primaire, il est attendu une croissance de 4,1%. La production agricole devrait afficher une croissance de 5,3% avec une production céréalière de 3 247 670 tonnes en 2005-2006, contre 3 085 000 en 2004-2005. La production de coton graine atteindrait 600 000 tonnes en 2005-2006, contre 575 000 tonnes en 2004-2005.

Quant au secteur secondaire, il devrait afficher une croissance de 8,5 en 2005, impulsée par la production d’or qui devrait atteindre 61,8 tonnes en 2005 contre 48, tonnes en 2004. Le démarrage ou la relance de certaines unités industrielles qui n’ont pas été prises en compte dans ces prévisions pourraient améliorer les prévisions actuelles de production du secteur.

Au niveau du secteur tertiaire, la croissance attendue est de 6,6%, sous-tendue essentiellement par la poursuite de la forte croissance au niveau des transports et télécommunications et par une amélioration notable du niveau des droits et taxes à l’importation. Pourvu que le ciel confirme ce bel optimisme du ministre de l’Economie et des Finances, Abou Bakar Traoré.

Yaya Sidibé

23 Mars 2005