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Au début des indépendances, la grande majorité des Etats africains optaient pour le modèle de développement socialiste quand l’infime minorité s’engageait dans la voie capitaliste. Dans les deux cas, les résultats attendus pour le continent, en terme de développement réel, n’ont pas été obtenus.

Aussi, les promesses mirobolantes qui accompagnèrent les plans d’ajustement structurel proposés puis appliqués en Afrique à partir des années 80 par le FMI et la Banque mondiale, n’ont pas été suivies d’effets. Les modèles de développement imaginés pour l’Afrique par les institutions de Breton Wood ont montré leur inefficacité.

Les Etats africains, au contraire, se sont davantage appauvris du fait des plans d’ajustement structurel, exception faite de quelques pays qui ont pu bénéficier d’une perfusion notamment de la part de leur ex-puissance coloniale ou de ces institutions de Breton Woods sous forme de dettes à court, moyen et long termes.

Aujourd’hui encore, 50 ans après l’ère des indépendances, l’Afrique est en quête de modèle de développement qui soit cohérent et surtout mieux adapté aux exigences de la mondialisation dans laquelle elle entend désormais conquérir une place honorable. Du plan de Lagos au Nepad, en passant par des organismes économiques sous régionaux, le continent scrute toutes les pistes pour pouvoir prendre part à l’économie mondiale.

Ainsi, en 2007, un Programme intitulé “Stratégie africaine de création et de rétention de richesse“ (SACRR) a été formulé par le Bureau sous-régional pour l’Afrique de l’Ouest de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et validée à Bamako au cours d’une rencontre de haut niveau tenue dans le courant de la même année.

L’objectif principal de la stratégie est d’aider le continent africain à contribuer de manière optimale à la création de la richesse globale avec une capacité renforcée de retenir une part plus importante des richesses générées de l’exploitation de ses ressources naturelles, humaines, de ses opportunités d’investissement et marchés régionaux.

Dans le cadre de la mise en œuvre du Programme, ses initiateurs avaient inscrit à leur calendrier de travail préliminaire près d’une quarantaine de forums dans l’espace de la CEDEAO pour amener les pouvoirs publics, sociétés civiles et opérateurs économiques à adhérer à “la Stratégie de création et de rétention de richesse“ que certains observateurs s’empressent de considérer déjà comme la meilleure parade à l’exploitation économique de notre continent par les puissances étrangères et les multinationales.

Depuis début octobre, des conférences sont menées dans la sous région par le Malien Abdoulaye Niang, directeur du Bureau sous-régional pour l’Afrique de l’Ouest de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et ses collaborateurs, qui invitent ainsi à un rééquilibrage permettant ‘’une rétention des richesses’‘ sur le continent.

Parmi les pistes à emprunter pour y parvenir, Abdoulaye Niang a souvent évoqué au cours de ses nombreuses conférences, l’idée de ‘’co-entreprises transafricaines’‘ pour exploiter les marchés sous-régionaux, les ressources humaines et naturelles dont regorge l’Afrique.

L’Afrique a une capacité faible de rétention de la richesse au niveau de l’Etat et des foyers. Alors, nombre d’intellectuels africains estiment nécessaire, voire urgent, d’avoir un équilibre entre les capacités de production et de rétention des richesses.

L’objectif étant d’appliquer cette stratégie sur le secteur de la sécurité alimentaire et sur le produit stratégique du riz au Mali où les hommes d’affaires de la sous-région se sont réunis récemment pour mettre en commun leurs compétences en matière d’autosuffisance alimentaire. Ainsi, un forum d’affaires est organisé au Niger sur l’énergie à base d’uranium en vue d’assurer la sécurité énergétique.

Cette Stratégie de création et de rétention des richesses sonne comme une révolution avec laquelle l’Afrique pourra voir les fruits dans un avenir proche. Mais pour atteindre cet objectif il faudrait, selon le directeur de la Commission de l’économie africaine, un engagement à tous les niveaux.

A son avis, les gens doivent se réveiller, «développer leur capacité de rétention de la richesse au niveau des ménages et des Etats. Le concept de la Stratégie africaine de création et de rétention de la richesse consiste en effet à se reposer, entre autres, sur le système de gouvernance avec des leaders des partis politiques, la communauté des affaires et de la société civile unis dans l’action.

La présentation de la SACRR a suscité tout au long de la série de conférences-débats des interrogations relatives à sa faisabilité compte tenu de l’approche de l’échéance (2010), de l’absence de leadership en Afrique, de la politisation des décisions, de la mal gouvernance érigée en règle sur le continent, etc. Mettre fin au paradoxe d’une Afrique riche aux populations pauvres est le défi que la Stratégie africaine de création et de rétention de la richesse, se doit de relever.

Au terme de ces rencontres, il est attendu que les populations, les acteurs de développement et investisseurs de la sous-région s’approprient la stratégie africaine de création et de rétention de la richesse.


ALPHA KABA DIAKITE

24 NOVEMBRE 2008