Interpellé à l’Espace d’Interpellation démocratique (EID) très récemment, il a essayé de convaincre l’auditoire que tout va bien au niveau de l’école. Que seules les mauvaises volontés refusaient d’y croire. Avant ça, il avait invité les Maliens à cesser avec « l’auto flagellation ».
Avant-hier mercredi, à la remise de vingt autobus au Centre National des Oeuvres Universitaires, le ministre a, une fois de plus, exposé sa satisfaction et son optimisme devant le chef de l’Etat, présent à la cérémonie de remise des clés des bus.
L’école malienne, depuis plus d’une décennie, vit une période d’instabilité dont l’origine remonte à mars 1991 date de l’insurrection populaire qui a renversé le régime du général Moussa Traoré. Sous Alpha Oumar Konaré, les choses ne se sont pas améliorées comme on le souhaitait.
Aujourd’hui, on ne peut dire que l’école a retrouvé tous ses repères. Si, au Primaire et dans une moindre mesure, au Secondaire, on note une certaine accalmie, au niveau du Supérieur, tel n’est pas le cas.
A la Faculté des Sciences Juridiques et Economiques par exemple, l’année 2005-2006 n’a pas effectivement démarré et rien n’augure que la situation va vite se décanter. A la FAST comme à la FLASH, jusqu’à une période encore récente, c’était l’impasse totale.
Au-delà des grèves à répétition sur fond de revendications tant du corps enseignant et professoral que du côté des élèves et étudiants, beaucoup se plaignent de la qualité même de l’enseignement au Mali.
Niveau pédagogique des enseignants parfois, qui se répercute sur celui des élèves, le cumul de fonctions de ces mêmes enseignants, le nombre pléthorique d’élèves ou étudiants par salle, le manque de salles et souvent de matériels didactiques, la corruption au niveau des notes… des maux que l’école malienne, a certes connus, il y a longtemps, mais qui s’accentuent d’année en année.
Des révélations de fraudes massives au baccalauréat à Sikasso cette année, un peu tardives, il faut le dire, attestent bien que la corruption a bien gagné l’école. Alors, même si le ministre de l’Education Nationale veut convaincre sur le nouveau départ de l’école malienne, il faut reconnaître que beaucoup reste encore à faire pour atteindre cet objectif.
Pour certains, le fond des problèmes de l’école malienne reste le même. Et si jamais, une solution à ce niveau n’est trouvée, on se demandera par exemple si la construction de nouveaux bâtiments pour abriter séparément les Facultés de Sciences Juridiques et Economiques permettra de résoudre définitivement la crise qui secoue la FSJE depuis plus d’une décennie.
Et que compte faire le ministre pour qu’enfin la rentrée scolaire puisse être uniforme ? Si l’AEEM semble désormais plus sage que par le passé, quel langage le ministre peut tenir devant les enseignants pour qu’il n’y ait plus de perturbations ?
De la réponse à ces interrogations dépend la santé de l’école malienne.
Aimé RODRIGUE
30 décembre 2005.