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Hier, 5 octobre 2008, le Mali a célébré la Journée mondiale des enseignants. L’occasion pour le ministre des enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique de faire l’état des lieux du système éducatif, en attendant les résolutions du forum national sur l’éducation qui se tiendra bientôt à l’initiative du Premier ministre.

Le thème choisi par le ministère des enseignements secondaire, supérieur et de recherche scientifique pour la rentrée scolaire 2008-2009est « De la discipline à l’autodiscipline ». L’annonce a été faite par le ministre en personne, à l’occasion de la Journée mondiale des enseignants, le 5 octobre. Pour le professeur Amadou Touré, il s’agit là d’une invite au respect des normes et règles qui régissent la communauté éducative dans laquelle enseignants, parents d’élèves, élèves et étudiants occupent une place prépondérante. Une invite également pour, enfin, une école apaisée et performante. Elle en a besoin. Depuis quelques années, comme le soulignera le ministre, l’école est confrontée à un certain nombre de difficultés récurrentes.

Revue d’effectifs

Pour mieux les appréhender, il convient de faire un bilan de l’année académique écoulée. Il en ressort que, s’agissant des effectifs 2007-2008, l’enseignement secondaire général a enregistré 112 048 élèves répartis entre 223 lycées (43 publics et 180 privés), l’enseignement technique et professionnel, 62 731 élèves pour 14 établissements publics et 181 privés.

L’encadrement des établissements publics a été effectué par 3 183 enseignants dont 2 321 du secondaire général et 862 du secondaire technique et professionnel. Cela a abouti à des résultats mitigés : 50,01% de réussite au bac général, 74,07 au bac technique, 43,08 au certificat d’aptitude professionnelle, 67,97 au brevet de technicien. Résultats cependant qui ont épargné à l’école le spectre d’une année blanche, grâce aux efforts de certains élèves et étudiants, syndicats d’enseignants, promoteurs privés.

Des innovations

L’année académique a, effectivement, failli être compromise par plusieurs facteurs : l’augmentation des effectifs qui a rehaussé l’enveloppe des bourses dont le montant est passé de 5,6 milliards à 8,7 milliards, la faiblesse des capacités d’accueil qui a entraîné un engorgement des établissements, l’insuffisance du personnel enseignant qui a conduit à une forte contractualisation, une intense activité syndicale qui a perturbé les cours, la timidité de la recherche universitaire censée être le gage d’un développement durable et du renouvellement des ressources humaines dans le supérieur.

C’est conscient de toutes ces difficultés que le département a ouvert des chantiers. Il s’agit, essentiellement, de la formation continue et initiale des enseignants du secondaire, de la prise de mesures législatives et réglementaires, notamment en ce qui concerne l’amélioration des salaires des contractuels du secondaire, la rémunération des tâches liées aux examens pour les enseignants du supérieur ; de l’amélioration et le développement des capacités d’accueil dans le secondaire dont, entre autres, la construction en cours de lycées à Yorosso, Ténenkou, et Ouélessébougou, la construction à Kayes d’un institut de formation professionnel, IFP, dans les filières mines et industries, la réhabilitation de l’ancien IFP de Kayes, des écoles agropastorales de Macina et Barouéli avec de nouvelles filières, la création de nouveaux établissements secondaires privés. Sur ce dernier point, un cadre de partenariat plus transparent et plus efficace entre l’Etat et les promoteurs privés doit être défini.

Au niveau de l’enseignement supérieur, les laboratoires de recherche de facultés et grandes écoles seront équipés, les études de la résidence universitaire, de la Maison des hôtes, de la clinique universitaire et de la bibliothèque universitaire seront finalisées grâce à l’Unesco. Par ailleurs, outre la poursuite et le renforcement du programme TOKTEN pour une utilisation judicieuse des enseignants et chercheurs maliens expatriés, depuis trois mois, est lancé un programme de 10 ans visant à la formation initiale de 650 enseignants du supérieur.

Sont également attendus, l’installation très prochaine des membres du Conseil supérieur de l’éducation et l’achèvement de l’étude de faisabilité d’une deuxième université avec des filières de formation ouvrant de nouvelles opportunités d’emplois et de ressources.

Toutefois, c’est du prochain Forum national sur l’éducation que sont attendues les plus grandes réformes pour relancer le système scolaire et universitaire. Ces assises, selon le Pr. Touré, devront aboutir à une vision partagée des forces et faiblesses du système éducatif, à un consensus et à un engagement forts de tous les acteurs de l’école pour une sortie définitive de crise. Le forum « devra contribuer à susciter la prise de conscience individuelle et collective quant à l’implication de chacun de nous dans le combat pour le réarmement moral de l’école. Ce travail cependant devra commencer d’abord au sein de l’école elle-même » a affirmé le ministre. D’où le choix du thème de cette année : de la discipline à l’autodiscipline.

Quant à l’organisation onusienne, l’UNESCO, elle a placé cette journée mondiale sous le thème « des politiques des enseignants ». L’institution de cette journée, selon le ministre Touré, est un hommage rendu aux enseignants en raison de leurs dévouement et engagement dans l’édification et le développement harmonieux de la société.

Le ministre a reconnu que les autorités sont conscientes du rôle majeur que joue l’enseignant, malgré les difficultés qu’il rencontre dans l’exercice de sa fonction, c’est pourquoi des actions ont été entreprises pour que les enseignants soient dans de meilleures conditions de travail et de vie. Cependant, il les invitent à plus de patience et en appelle à leur esprit de responsabilité pour plus d’efforts en faveur de l’édification de la nation.

Cheick Tandina

06 Octobre 2008