Créée en 1954, l’école fondamentale de Gagna, village situé à 17 Km au nord de Djenné, est baptisée du nom de son premier directeur, Noumpounon Diarra. La cérémonie de baptême a eu lieu, le 15 septembre 2010.
Deux symboles ont couronné l’événement : septembre 2010 marque les 50 ans de l’indépendance du Mali et le 15 de ce mois a marqué les 80 ans de l’entrée de Noumpounon Diarra à l’école (française). «Nous n’oublierons jamais Noumpounon Diarra». Tel est le message largement scandé par les chefs coutumiers et religieux de Gagna pour exprimer leur attachement à l’homme. Ils s’adressaient ainsi à des fils du premier directeur de l’école du village (Boubacar Diarra et Issiaka Diarra et Aliou Sow, ami de longue date de la famille Diarra) au cours de la visite de courtoisie aux domiciles des notables du village. L’homme, a priori, n’a aucune affinité parentale avec la localité. Mais sa rigueur et son dévouement pour l’épanouissement de cette école a fait de lui une personnalité inoubliable dans le village. C’est dans une ambiance festive que le village a vibré, ce 15 septembre. Toute une journée a été mise à profit pour cet événement perçu comme «un acte de reconnaissance» à «un homme qui, sa vie durant, a œuvré au bon fonctionnement de l’école de la localité», selon le maire de la commune de Délary, Seydou Diarra. «Un homme qui a eu un parcours sans faute», juge le directeur du CAP (centre d’animation pédagogique) de Djenné, Cheickna Keïta. «S’il avait agi autrement, on l’aurait oublié… Il mérite cet honneur», a souligné le préfet du cercle de Djenné, Mamoutou Balla Dembélé. Toute la saveur traditionnelle de la localité a été exprimée à travers des danses, la matinée. Il y a eu des plantations d’arbres et une course cycliste dans l’après-midi. L’événement a réuni plus d’un millier de personnes venues des différents villages de la commune. Au moment où cette fête de baptême de l’école se profilait à l’horizon, le doyen a tiré sa révérence, le 21 août 2010, à l’âge de 90 ans. Il n’a donc pas eu le temps de savourer une effervescence populaire qui s’exprimait à son honneur à Gagna, tout comme l’inauguration d’une mosquée qu’il a construite dans son village natal. «Il s’est de tout le temps préoccupé du sort de la communauté», indiquent ses héritiers. A l’occasion, la famille Diarra a remis une enveloppe de 100. 000 F Cfa aux autorités du village, s’est engagée à électrifier l’école et à leur fournir un important lot de livres. Ancien chef lieu de canton, Gagna est aujourd’hui le chef lieu de la commune rurale de Délary situé dans le cercle de Djenné, à 17 Km au nord du chef lieu de cercle. Le village compte environ 2437 habitants dans une commune de huit villages dont la population est évaluée à 7983 personnes.
Qui était Noumpounon Diarra
Né vers 1920 à Foh dans le cercle de Sikasso, Noumpounon Diarra qui fut élève de Modibo Keïta, le futur Premier Président de la République du Mali, achève ses études primaires en 1941 et sera orienté vers l’Ecole Normale Rurale de Sévaré pour devenir moniteur d’enseignement. Au terme de 3 ans d’études, il sortira de cette école fédérale, en 1944, avec le rang de 1er du Soudan et de second de l’Afrique Occidentale Française. Il fît ses premières classes en qualité de moniteur d’Enseignement à Sikasso durant la scolarité 1944-1945. Ensuite, il servira successivement à Loulouni (à 50 km de Sikasso) Gagna (Djenné, 1954 – 1957), Finkolo (Sikasso), Tombouctou de 1945 à 1979. Il accéda au grade de Professeur d’Enseignement Secondaire Général et fait valoir ses droits à la retraite en 1980. Au delà de ses activités professionnelles, il mena une vie associative, syndicale et politique intense. Il s’est par ailleurs intéressé aux activités agro-pastorales et sera élu membre du bureau de la chambre d’agriculture dès la création de cette instance en 1989. Ses responsabilités au sein de cette structure au niveau national et régional ainsi que son implication dans l’organisation du monde paysan lui vaut les titres de membre du Conseil Economique Social et Culturel (où il siégea au sein de la Commission du Monde Rural), de Chevalier du Mérite Agricole en 1995, Chevalier de l’Ordre National du Mali en 2000 et Officier du Mérite Agricole en 2002. Notable de Foh, on relève que c’est à son initiative que ce village a accepté d’aménager au bord de la route goudronnée de l’axe Sikasso-Koutiala. L’école du village porte désormais son nom. Et sa notoriété a certainement joué en faveur d’un de ses fils, Adama N. Diarra, qui, avec un score large, est devenu maire de la commune rurale de Kourouma dont relève son village.
Seydou Coulibaly
20 Septembre 2010.