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Les résultats de la lutte contre la dracunculose ou ver de Guinée ne sont pas probants. Les 5e et 7e régions restent aujourd’hui bien touchées par la maladie. L’évolution inquiétante de la situation a conduit la ministre de la Santé, Mme Maïga Zéinab Mint Youba, accompagnée d’une importante délégation, à effectuer du 6 au 8 octobre une tournée en 5e région.

La ministre s’est rendue successivement à Ogoyiri, Touléwendou (voir notre parution du lundi 10 octobre). La dernière étape a été Goulombo dans la Commune rurale de Korientzé où 9 cas ont été recensés. Dans cette localité, depuis 1997, aucun cas n’avait été signalé.

Pensant que le mal était parti, les populations ont repris avec les anciennes habitudes : en consommant l’eau de la mare qui est le terreau fertile au ver de Guinée en dépit de l’existence de 2 forages et de 2 puits à grand diamètre.

Au cours de la réunion de synthèse qui a sanctionné la visite de la ministre de la Santé, la situation épidémiologique a fait ressortir que la région de Mopti compte 84 cas dont 50 isolés et celle de Gao 360 cas sur lesquels 278 ont été isolés.

Dans cette région, les cercles touchés sont Ansongo : 254 cas, Gao : 102 et Bourem (4 cas). Dans les dites localités, les femmes et les enfants sont les plus vulnérables.

La chasse au ver

Dans les présentations faites par Mamadou Namory Traoré et Klénon Traoré, respectivement directeur régional de la santé de Mopti et de Gao, les raisons de la recrudescence de la maladie sont l’inobservance ou le relâchement des mesures de prévention, l’insuffisance de la surveillance et de la riposte (60 % d’isolement), la forte mobilité des populations et l’insuffisance des sources d’approvisionnement en eau potable.

Pour arrêter la chaîne de transmission à l’horizon 2007, il a été décidé de détecter tous les cas nouveaux, de traiter toutes les mares des localités endémiques, d’isoler et de traiter 100 % les cas isolés, de couvrir tous les ménages de tamis ou tissus filtres des localités endémiques…

Quoi qu’il en soit, l’éradication du ver de Guinée à l’horizon 2006 n’est plus possible. Autrement dit, le Mali ne fera pas partie du club sélect des pays qui ont éradiqué le ver de Guinée. Les regards sont maintenant tournés vers 2007 pour l’arrêt de la transmission.

A toutes les étapes, la ministre de la Santé a insisté sur le respect strict des mesures édictées par le personnel sanitaire ; à savoir : l’approvisionnement en eau potable et l’utilisation des tamis filtres dans les familles.

Au gouverneur de la région de Mopti, elle a instruit de tout mettre en œuvre pour bouter la dracunculose hors de la région et d’arrêter des mesures pour sauvegarder les pompes et réparer celles en panne.

Mohamed Daou
(envoyé spécial)

La ministre accuse…

La réapparition du ver de Guinée au Mali reste en travers de la gorge de la ministre de la Santé. Samedi dernier, l’atmosphère était lourde dans la salle de conférence de l’Office riz à la synthèse de la visite de Mme Maïga en 5e région. En cette circonstance, Mme la ministre n’a pas jugé utile de porter des gants. Pour elle, ce sont les insuffisances constatées dans la mise en œuvre du programme qui ont conduit à cette situation.

Situant les responsabilités, elle a intimé l’ordre aux services de santé de localiser, identifier, isoler et traiter dans les conditions requises malades et villages. A l’hydraulique et aux partenaires, dont l’Unicef, elle a indiqué qu’il est temps de mettre un terme à la consommation d’eau des mares à travers la réparation des pompes défectueuses. « L’heure n’est plus aux discours, ni aux justifications », a-t-elle martelé.

La ministre a flétri le comportement négligeant des services de santé qui se sont illustrés par leur manque de suivi alors même que les ressources sont disponibles.
Répondant au médecin-chef de Douentza, qui s’est montré pessimiste quant à l’atteinte de l’objectif d’éradication, elle a indiqué que le combat est à portée de main.

Comme cela, apparemment, ne suffisait pas, Mme Maïga a fait savoir à son interlocuteur que la lutte sera gagnée sans lui.

M. D.

11 octobre 2005.