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Pour certains quartiers, l’eau ne coule plus des robinets ou au mieux le soir ou la nuit. Les regards sont bien sûr tournés vers l’Energie du Mali, accusés dans certains quartiers de ne fournir aucune explication aux coupures d’eau. La société essaye pourtant tant bien que mal de diffuser des messages à la télévision invitant les usagers à éviter les gaspillages en expliquant que la consommation de la ville dépasse les capacités de pompage.

Ceux qui en ont les moyens, installent des gros réservoirs sur le toit de leurs habitations, réservoirs remplis au milieu de la nuit lorsque l’eau recommence enfin à couler. Quant aux bourses modestes, elles s’approvisionnent auprès des petits revendeurs à raison de 15 à 25 Fcfa le bidon de vingt litres d’eau rempli à la fontaine publique.
En Commune I, où presque tous les quartiers sont concernés, la situation est très critique. Lorsque la coupure intervient le matin à 7 heures, le service n’est rétabli que dans l’après midi aux environs de 16 heures ou plus tard dans la soirée ou même la nuit.

A Lafiabougou Bougoudani, les habitants sont résignés et se sont adaptés à la situation. Gogo O. ménagère témoigne : «Nous avons perdu l’habitude de prendre de l’eau au robinet, car ici les interruptions d’eau sont permanentes sur presque toute l’année. Pour nos besoins en eau, nous achetons des fûts avec les revendeurs et puis on n’embête personne».

Du coté d’EDM, on se dit conscient des désagréments qu’endure la population. Ils rappèlent que la crise est, en grande partie, la conséquence du déséquilibre structurel existant entre la forte demande et la capacité d’approvisionnement. Ils précisent qu’il ne s’agit pas de coupures volontaires de leur part. L’eau est bien drainée dans tous les conduits du réseau. Mais la forte demande fait que les régions situées sur les hauteurs reçoivent moins d’eau que celles situées dans un bassin ou près de la station de pompage, à cause de la faiblesse de pression dans les conduits d’eau.

L’eau potable distribuée à Bamako et Kati est traitée par une grande station de pompage dont la capacité nominale est de 120 000 m3 par jour, passée actuellement à 135 000 m3 alors que les besoins journaliers avoisinent les 152 000 m3.

Le directeur des services de l’eau de la société EDM, Monsieur Sékou Alpha Djitéye, en appelle au civisme des usagers quant à un bon usage de l’eau. Il rappelle que l’eau doit être utilisée pour les besoins vitaux des hommes et des industries agro-alimentaires. L’arrosage des espaces verts ou les lavages de véhicules doivent donc être rationnés.

Les techniciens de la société sont à pied d’œuvre nuit et jour pour approvisionner les quartiers en souffrance selon le directeur des services de l’eau. Il ajoute que les mairies doivent faire transporter l’eau du fleuve dans des camions citernes pour arroser les espaces verts. Le projet de la nouvelle station à Kabala qui coûtera 40 milliards de Fcfa va combler le déficit de production et permettre d’approvisionner correctement le District et Kati. Mais tout le monde devra patienter jusqu’à 2009…

En attendant les travaux d’urgences sont en cours pour renforcer le système afin que tout le monde puisse être enfin approvisionné. Quant aux habitants de Kalabancoro, ils ont de quoi être soulagés. En effet, dans le cadre la mise en œuvre de la composante Alimentation en eau potable et assainissement du PNIR, ce quartier vient d’être doté de nouveaux forages équipés de pompes à motricité humaine que le ministre des Mine, de l’Energie et de l’Eau, Hamed Diane Séméga visite d’ailleurs aujourd’hui.

14 avril 2006