Il est clair que cela ne saurait être établi de façon scientifique. Mais qu’à cela ne tienne, puisque nous sommes dans un pays où les superstitions, sciences occultes et croyances diverses, jouent un rôle très important dans la société, les populations de Sogoniko, Magnambougou, Niamakoro, Sokorodji, Faladiè et autres, affluent autour du sacré point d’eau avec qui un seau, qui un bidon de cinq litres, qui des sachets en plastique et autres récipients.
Du matin au soir, ce sont des va-et-vient incessants autour de ce “puits” sorti tout droit des profondeurs de l’Au-delà.
La question se pose de savoir pourquoi tant de personnes se précipitent sur cette eau si elle ne recèle pas de vertus médicamenteuses ?
Pour en avoir le coeur net, nous nous sommes transportés sur les lieux d’autant plus aisément que “Soir de Bamako” est sis à quelques centaines de mètres dudit “puits”.
Là, femmes, hommes et enfants s’affairent à grands cris, chacun voulant se servir le plus tôt possible et s’en aller informer voisins, parents, amis et connaissances.
Eh oui, le “puits” était bien là, ou du moins ce qui en tenait lieu. Car en fait, il s’agit d’une source d’eau jaillissant du flanc rocailleux du marigot de Sogoniko qui, aux yeux de nombre de personnes, n’est pas un marigot ordinaire. Marigot sacré ?
Difficile de l’affirmer. Mais toujours est-il qu’il n’est pas rare de voir des varans quitter ce marigot et se faufiler dans les concessions sans que personne n’ose les abattre. Varans sacrés, vous diront les autochtones.
Mais revenons vite à notre “puits” miraculeux. Selon les témoignages de plusieurs personnes ayant gardé l’anonymat, son eau sert à guérir beaucoup de maladies comme les maux de ventre, les maux de tête, les maladies cardio-vasculaires, l’hypertension, le diabète pour ne citer que celles-ci.
“J’avais de violents maux de tête et ma tension était très élevée hier. Aussitôt après avoir bu et m’être lavée avec cette eau, mes problèmes de santé ont disparu”, témoigne une vieille femme du nom de Nantènè Traoré.
Pour d’autres, l’eau du puits miraculeux est à même de guérir n’importe quelle maladie et de faire toutes sortes de miracles. Il suffit d’y croire.
Car c’est avant tout une question de foi. Comment le “puits” a-t-il été découvert? Une veuve répondant au nom de Ba Adama Niaré a été la première personne à le découvrir. Comment ?
Nous l’avons rencontrée pour édifier davantage nos lecteurs.
Au cours d’une nuit, elle a fait un rêve étrange dans lequel, explique-t-elle, une voix lui disait : « Lève-toi et mets de l’eau dans ce seau ! ».
Lorsqu’elle s’est réveillée, un peu avant l’aube, elle a mis de l’eau dans un seau et elle a rempli un pot qu’elle a mis à côté d’elle. Lorqu’elle s’est rendormie, quelques instants plus tard, la même voix s’est voulue insistante : « Lève toi et mets de l’eau dans ce seau ! « .
Pour avoir rêvé de l’eau deux fois la même nuit, la vieillle Ba Adama Niaré jugera nécessaire le lendemain matin de se rendre au bord du marigot avec son petit fils, lequel était muni d’une houe. Selon elle, la tentation d’aller au marigot pour voir plus clair dans son rêve était d’autant plus grande que sa concession est sise tout près du marigot.
A l’en croire, un seul coup de daba au flanc du marigot a suffi pour que l’eau jaillisse, une eau tiède se distinguant nettement de l’eau froide du marigot en cette période de saison froide.
Pour elle, le message était clair : il s’agissait de la révélation qui avait été faite au cours de son sommeil. Elle s’empressa de se laver, de boire et de bénir l’eau qui venait de surgir de nulle part en demandant au Tout-Puissant de faire en sorte que les bienfaits de cette eau ne se limitent pas à elle seule et que toutes les populations de Bamako et autres villes du pays puissent en bénéficier.
La bonne dame, qui passe pour une musulmane pieuse, n’a pas non plus manqué de parler de sa “découverte” à la mosquée afin que ses soeurs et frères musulmans puissent en profiter.
C’est ainsi que la nouvelle s’est répandue dans la ville comme une traînée de poudre.
« De nombreuses personnes viennent me voir chaque jour pour témoigner des bienfaits de cette eau. Beaucoup de malades se disent guéris après s’être lavés ou après avoir bu de cette eau. Mon souhait est qu’elle résolve les problèmes de tout un chacun, pas seulement les problèmes sanitaires. Les agents des services d’hygiène sont venus contrôler la qualité de l’eau. Ils nous ont rassurés qu’il n’y avait aucun danger à en consommer » a-t-elle indiqué.
Donc après Titibougou, c’est Sogoniko qui prend le relais avec la découverte de cette eau miraculeuse.
Samou KONE
07 décembre 2005.