Le Commissaire de police de la ville de Koutiala, Youssoufa Sacko nous a confié que tout est parti de la visite du député Mamadou Hawa Gassama Diaby, aux militants de base du parti URD, le samedi 1er avril 2006. Le motif de la visite du député Diaby était une prise de contact avec les sympathisants à la base. Le lendemain dimanche 2 avril 2006, les propos du député ont été commentés par un animateur de la radio Kayira II, en la personne de Mohamed Diakité dit Papus Daff. Dans ses commentaires ce dernier aurait déclaré, que le député Mamadou Hawa Gassama Diaby a dit que Koutiala n’a pas de député à l’Assemblée nationale. Cela, a-t-il ajouté, est dû au comportement de certains députés du cercle, qui se croient au-dessus de la loi. Et qui utilisent leur casquette d’élus à l’Assemblée Nationale pour commettre des abus partout où ils passent dans le cercle de Koutiala, avec menaces et intimidations.
Selon notre interlocuteur, les propos de l’animateur de la radio Kayira II ont semé la panique dans le camp des ex-élus du parti SADI, qui ont décidé de quitter ce groupement politique pour créer leur propre mouvement dénommé «Liberté Justice Solidarité» (LJS). Il dira que, le député Yacouba Dao, bien qu’ayant été ramené à la raison par le commissaire de police, Youssoufa Sacko et sans attendre les procédures policières, a décidé d’aller répondre sur les antennes de la radio Wassa. Il a apporté des démentis aux propos de Mohamed Diakité dit Papus Daff. Entre temps, le député Adama Goïta, qui n’avait pas été convoqué par le Commissaire de police, est venu de son propre chef voir ce dernier. Après s’être entretenu avec le commissaire de police, Adama Goïta, à sa sortie du bureau de ce dernier a rencontré Amadou Mariko assis au secrétariat du commissaire en attendant d’être à son tour introduit dans le bureau de celui-ci. Amadou Mariko surpris par le député, Adama Goïta a, fait curieux, aussitôt entrepris d’insulter ce dernier le traitant de tous les noms d’oiseaux. Il l’aurait, en particulier, traité de «batard». Plus grave, le député qui n’a pu se contenir a serré le cou du directeur de la radio Kayira II.
Il aurait demandé à celui-ci de quitter à temps la ville et le cercle de Koutiala, menaces de mort à l’appui. C’est le même député LJS qui avait copieusement arrosé d’injures les responsables de la douane de Koutiala qui avaient saisi son véhicule non immatriculé.
Tiécoura Goïta, directeur de la radio Wassa, frère du député Adama Goïta et 3ème adjoint au maire de la commune urbaine de Koutiala, a une autre version des faits. Il a notamment soutenu qu’il n’était pas au courant de l’incident survenu entre son frère député et le directeur de la radio Kayira II. Il laissa entendre qu’il était en réunion de restitution du « FESMIDO » Festival Miankala Donko, avec les auditeurs de la radio Wassa. Ce festival avait regroupé les 30 et 31 mars 2006, toutes les sonorités du terroir minianka (balani, bolon, niôgô, kunguéré, tchitchaara, tamani et koroduga). Il dit avoir été informé par l’un de ses éléments, de ce qui se disait sur les antennes de la radio Kayira II sur les députés du parti LJS. Le frère du député a soutenu que les propos lancés sur la radio Kayira II, ne sont pas ceux du député Mamadou Hawa Gassama Diaby. Ces commentaires seraient montés, de toutes pièces, a -t-il ajouté, par l’animateur afin de faire mal aux députés de Koutiala. C’est ainsi, qu’en tant que directeur de la radio Wassa, il a décidé de répondre aux attaques de la radio Kayira II au cours de certaines émissions. Tout en appelant, a-t-il dit, les militants du parti LJS au calme et à la sérénité. Il a poursuivi en disant qu’aux environs de 15 heures, le même jour, il était revenu sur les antennes de la radio Wassa, cette fois-ci, en duo avec le député Yacouba Dao, pour appeler les militants LJS et les auditeurs, au calme et à la non agression.
Tiécoura Goïta de soutenir que les auditeurs de la radio Wassa et les militants du parti LJS avaient pris la décision d’aller détruire les installations de la radio Kayira II de Koutiala.
Amadou N. Mariko dit Papa a porté plainte auprès du Procureur de la République de Koutiala contre le député du parti LJS, Adama Goïta pour agression physique, coups et blessures volontaires sur sa personne. Après l’incident, les notables, les chefs de quartier et les griots se sont réunis à la mairie pour trouver une issue à la crise. Ils ont invité les directeurs des deux radios à prendre part à la réunion.
Seul le directeur de la radio Wassa, Tiécoura Goïta a répondu à la première convocation. Convoqués à nouveau le lundi 3 avril 2006, toujours à la mairie, les notables, les chefs de quartier et les griots ont mis en garde les deux responsables de radio contre tout autre incident du genre qui pourrait entraîner la fermeture pure et simple des deux radios.
Auparavant, le maire Oumar Dembélé, avait rappelé à l’ordre, le conseiller SADI à la mairie Souleymane Badiè Coulibaly, qui invitait les militants de ce parti à la résistance, en cas d’attaque des partisans du député. Pour Oumar Dembélé, la politique serait à la base de tous ces accrochages entre les deux parties. Présentement chaque camp est à la reconquête de l’électorat de la base. ,
Certains responsables nationaux de la presse n’ont pas tardé à réagir ayant appris la nouvelle.
C’est le cas du Président de l’URTEL, Yaya Sangaré, qui a même fait le déplacement, le 7 avril 2006, sur le terrain pour rencontrer les directeurs des deux radios. Il les a appelés au respect strict de l’éthique et de la déontologie de la presse. Le même message a été adressé aux directeurs des autres stations FM de la ville.
Moussa Kéita, président du Conseil Supérieur de la Communication a laissé entendre également sa voix. Il a invité les deux radios à la culture de la cohésion sociale et de la paix.
Zhao Ahmed BAMBA
18 avril 2006