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Les journaux titrent :

 » Mali-Togo pour la CAN et Mondial 2006, la grande désillusion « ,
– titre  » Info Matin  » du 29 mars 2005.

 » Défaite des aigles du Mali contre le Togo, la république a tremblé  »
– titre  » Nouvel Horizon  » du 29 mars 2005.

 » Eliminatoires Can-Mondial 2006 : Mali-Togo (1-2), une défaite indigeste « ,
– titre  » L’Indépendant  » du 29 mars 2005.

 » Défaite des aigles, une responsabilité partagée « ,
– titre  » Soir de Bamako  » du 29 mars 2005.

 » Après la défaite des aigles, les vandales profitent de la colère du public « ,
– titre  » Le Zénith  » du 29 mars 2005.

 » Après le match Mali-Togo, les supporters imposent un couvre-fou « ,
– titre  » Les Echos  » du 29 mars 2005.

 » Défaite des aigles, une dizaine de filles violées  »
– titre  » Le Tambour  » du 29 mars 2005.

 » Après le match Mali-Togo, les casseurs devant les tribunaux « ,
– titre  » Le Républicain  » du 30 mars 2005.

 » Après Mali Togo, terreur sur la ville, 80 arrestations « ,
– titre  » Le Républicain  » du 29 mars 2005.

Les fous du ballon ont envahis la pelouse du stade …

 » Alors, qu’est ce qui peut donc justifier l’invasion du terrain par quelques écervelés et le déferlement de violence d’après ? Aucune justificative.
Cependant, l’explication que l’on pourrait donner est la suivante. La folie de dimanche nuit

 » Le stade du 26 mars était rempli pour la circonstance puisque tout le monde croyait à une victoire des aigles. Malheureusement, les choses se sont passées autrement avec la victoire des Eperviers sur le score de 2 buts à 1. Pourtant, les poulains de Pierre Lechantre avaient bien démarré en marquant un premier but à la 12ème minute de jeu, suite à un coup magique de Soumaïla Coulibaly. C’est après ce but que les coéquipiers de Mahamadou Diarra dit Djilla ont relâché le jeu jusqu’à la fin de la première mi-temps.
Même scénario après le retour des vestiaires, mais cette fois-ci avec quelques occasions ratées. Comme ce fut le cas de Kanouté (66′) et de Mamadou Bagayoko (73′). Les poulains de Stephen Keshi étaient très engagés et plus agressifs que les nôtres.
C’est ainsi qu’ils vont égaliser à la 78ème minute grâce à un but de Salifou Moustapha. Ce but a été très mal accueilli par le public puisque l’attaquant togolais avait touché la balle de la main au départ alors que l’arbitre ghanéen n’avait pas sifflé.
Le second but togolais est venu des arrêts de jeu avec Maman Chérif. Le public sportif n’a pas tardé à manifester son mécontentement envers l’arbitre qui, selon lui, n’a pas été à la hauteur. C’est ainsi que certains supporters sont descendus sur la pelouse en pleurant.
Ce qui provoquera des incidents avec jets de pierre et d’eau sur la pelouse. Ce qui a poussé les forces de l’ordre à lancer des gaz lacrymogènes. Plusieurs personnes ont été tabassées par les forces de l’ordre. Les chaises et les vitres du stade ont été cassées.

Les arbitres ont été sauvés grâce à la vigilance des policiers. Ce n’est pas seulement au stade du 26 mars que des incidents ont eu lieu. Le tout Bamako était sorti pour manifester son mécontentement en allumant des pneus dans les rues, en cassant les feux de signalisation.
Et beaucoup de personnes ont passé la nuit dans les différents commissariats de police avant d’être libérées hier matin.

En tout cas, les maliens qui espéraient encore sur une possible qualification à la CAN n’ont pas pu digérer cette défaite des aigles. « , écrit  » L’Indépendant  » du 29 mars 2005.

Les vandales s’en sont pris aux biens publics et privés …

 » Dimanche, Bamako a vécu une nuite folle et extrêmement longue à cause des actes de vandalisme perpétrés par les supporters de l’équipe nationale de football auxquels se sont joints les badauds.
Certes les  » casseurs  » maliens ne sont pas à leur coup d’essai, mais jamais leur colère n’avait atteint une telle ampleur.

Auparavant, le vent de folie était le fait d’une portion bien déterminée de la population mécontente d’une décision de l’administration et le mouvement dépasse rarement l’heure.

Mais, cette fois-ci, c’est tout un peuple, meurtri dans son âme, qui s’est attaqué aux édifices sportifs, aux symboles de l’état mais aussi à des biens et structures appartenant à des particuliers.
Malheureusement, dans beaucoup de cas, les actes semblent prémédités.

Le comité national olympique en ruine
Le siège du comité national olympique et sportif du Mali n’est aujourd’hui que ruine et désolation. Après le passage des vandales, il ne reste absolument plus que les murs des locaux.

Tout a été saccagé, calciné ou emporté : ordinateurs, climatiseurs, réfrigérateurs, imprimantes, magnétoscopes, caméra, digital, téléviseur, photocopieuse, fax, bibliothèque, armoire, ventilateurs, chaises et fauteuils, matériels de bureau … mais surtout toutes les archives de 43 ans informatisées.

Le cas du Comité olympique pose deux questionnements : soit il est prémédité, soit les vandales confondent les missions de l’instance.

La première hypothèse nous semble la plus plausible.

En effet, pourquoi, de toutes les instances sportives du pays, le comité olympique (contigu au siège de la fédération malienne de basket qui n’a pas été épargné) a été la cible des casseurs ?

Certes, le siège de la fédération malienne de football et le centre de Kabala étaient, de bonne guerre, placés sous très haute surveillance policière, mais toutes les autres structures sportives, ont échappé, comme par magie, à la loi des bandits.

Pourtant au vu de sa mission et de ses actes déjà posés en faveur du sport malien, la structure que dirige depuis 2000, Habib Sissoko devait se trouver loin de cette mésaventure.

En plus, le comité olympique ne dirige pas directement une discipline mais soutient le sport national en général à travers les fédérations et associations et tous ceux qui évoluent autour du sport tels que les journalistes.


La tour de l’Afrique, ce monument, symbole de l’unité africaine érigé à la patte d’oie de Faladié par l’ancien président Alpha Oumar Konaré, n’est que l’ombre d’elle-même après le passage des vandales. Le pourtour et l’intérieur de l’édifice ont été saccagés et mis à sac à l’image du stade du 26 mars où plusieurs chaises ont été arrachées.
Tous les feux tricolores de Bamako et les enseignes lumineuses ont été détruits par les bandits, qui ont également visité le restaurant Amandine.

Mais le cas le plus pathétique, c’est celui du bar restaurant Eden parc, situé à Badalabougou/Quartier Mali. Son propriétaire dit avoir alerté, deux semaines auparavant, le commissariat du 4ème arrondissement qui aurait à son tour, saisi le procureur de la commune IV. Aujourd’hui, Eden parc n’est plus qu’un souvenir. Ce cas ressemble à un acte délibéré, commis en règlement de compte, non pas par des supporters mais par des bandits.
Tel est aussi le cas du centre d’information et de documentation pour femmes et enfants (contigu au centre Aoua Kéïta) dont le saccage serait une affaire politique. Mais à ce niveau, les casseurs ont emporté plusieurs objets de valeur avant de brûler le reste et les locaux.

La nuit de la défaite, plusieurs bars et restaurants togolais ont également reçu la visite des vandales qui ont brûlé des centaines de pneus à travers la ville où circuler était complètement impossible.
La  » chose  » est réellement devenue une affaire d’état dont tout le monde attend la suite. « , écrit  » Le Républicain  » du 29 mars 2005.

 » Des milliers de supporters de l’équipe nationale du Mali n’ont pas digéré la défaite des Aigles face aux éperviers du Togo dimanche soir. Avant même le coup de sifflet final, ils ont pris d’assaut l’aire de jeu et envahi les rues de la capitale. Conséquences : la circulation a été bloquée par des pneus brûlés, des véhicules et motos incendiés, des panneaux publicitaires et de signalisation ainsi que des lampadaires ont été sérieusement endommagés le long de l’avenue OUA.

Les paisibles citoyens ont été obligés de se terrer chez eux pour ne pas essuyer la colère des sportifs. Les conducteurs étaient contraints de faire demi-tour au risque de voir leur engin brûlé. Fous furieux, ils s’en sont également pris à des bars, des boutiques et des restaurants. C’est ainsi que le bar-restaurant chinois de Sogoniko a été complètement pillé, la pâtisserie Amandine s’en est sortie avec des vitres, des ampoules et des tables brisées. La mascotte qui se dresse à l’entrée du pont des Martyrs a été détruite. Le bilan est d’être exhaustif.
Dans la foulée, des supporters proféraient des injures graves à l’encontre des joueurs, de la fédération, de l’arbitre, des autorités, etc. on pouvait entendre des slogans dévastateur du genre  » tuer tous les joueurs « ,  » retirer le Mali de toutes les compétitions « ,  » suspendre la fédération « , ou encore  » faire une croix sur le football « , etc.

Ces incidents malheureux qui ont occasionné des pertes énormes ne confortent pas la position de notre pays qui se trouvait déjà à un seuil critique. Des enseignements, a promis le premier ministre, seront tirés et des mesures seront prises pour que de tels incidents ne se reproduisent. « , écrit  » Les Echos  » du 29 mars 2005.

Mais également aux personnes …

 » Les douloureux événements qui ont suivi la défaite cuisante des aigles, le dimanche dernier contre les Eperviers du Togo sont multiples, mais ne se ressemblent pas. Si d’aucuns s’en sont pris aux biens publics ou privés, d’autres ont abusé avec force des paisibles demoiselles qui avaient effectué le déplacement au Stade du 26 mars pour donner la voix aux Aigles. En effet, un tour au standard et à l’infirmerie de la direction nationale de la protection civile de Sogoniko, nous a permis de constater l’existence de plusieurs cas de viols, de disparus et de blessés graves. C’est ainsi, qu’il nous a été signalé 16 cas de blessés graves consécutifs à l’usage abusif des gaz lacrymogènes. Les fractures des membres inférieurs et autres coups sur la tête et le front constituent le lot des blessures. Aussi, 20 à 40 filles auraient été violées. « , écrit  » Le Tambour  » du 29 mars 2005.

La FIFA doit sévir …

 » La défaite des Aigles du Mali a été ressentie par le public sportif qui l’a assimilé à une véritable humiliation. Les événements du stade du 26 mars pourraient avoir des conséquences imprévisibles pour le pays. Actuellement, les instances dirigeantes du football, à l’échelle africaine que mondiale, sont intraitables quant au débordement de foule à l’intérieur des enceintes de compétition. Pour l’instant, au Mali, la tension est vive et les autorités sont prévenues de tout débordement de foule préjudiciable à l’image du pays. Nul doute, que des sanctions de la CAF et de la FIFA vont pleuvoir sur le football malien. Ce qui est dur et amer à constater, c’est que le hooliganisme a définitivement pris pied chez nous. « , écrit  » Info Matin  » du 29 mars 2005.

La défaite des Aigles du Mali, un problème d’entraîneur ? …

 » Il ne faut pas en vouloir au coach Pierre Lechantre. La plus belle fille du monde ne peut pas donner ce qu’elle n’a pas. Lechantre est dans une logique qui veut qu’il fasse confiance aux joueurs évoluant à l’extérieur du Mali. Cependant, il aurait dû échanger avec son prédécesseur pour se faire une idée de la tâche qui l’attend.

Aujourd’hui, nous nous devons de voir la réalité en face et d’admettre qu’en 4 jours, il était difficile à Pierre Lechantre de monter une bonne équipe. Stephen Keshy est depuis plus d’une année avec les togolais. Il a eu le temps d’asseoir un système de jeu. Cela est différent de notre coach qui arrive et qui faisait son baptême de feu.
La formation malienne, après avoir fait monter les enchères, a été mise devant le fait accompli. Tout leur a été accordé. Mais au finish, les résultats n’ont pas suivi. Les maliens n’ont pu se rendre compte que ce n’était pas un problème d’entraîneur.

Il faut admettre qu’il ne s’agissait pas d’un problème d’entraîneur comme cela a été dit à plusieurs reprises. Les joueurs ont failli à leur mission. La balle était dans leur camp. La défense malienne était poreuse, fébrile et méconnaissable. Le milieu ne s’est pas retrouvé même si Djilla a été au four et au moulin. Seul au milieu, il ne pouvait pas défendre et organiser le jeu. Il ne pouvait pas défendre et organiser le jeu. L’attaque fut la grande déception de cette rencontre. Les attaquants étaient sans mordant, incapables de rentrer balle au pied dans la surface de réparation adverse. L’attaque a manqué de cohésion.

Il ne faut cependant pas perdre d’espoir. Certes, c’est fini pour l’Egypte, mais l’entraîneur national Pierre Lechantre doit rester au Mali et travailler davantage pour bâtir une équipe à ossature locale. C’est à un exercice de longue haleine que nous l’invitons. Le vin est tiré, et il faut le boire.  » écrit  » Soir de Bamako  » du 29 mars 2005.

Réactions du gouvernement …

 » A la suite de ces événements pour le moins incompréhensibles, le chef du gouvernement, Pinochet, qui s’était rendu au stade du 26 mars. Examinant la situation dans son contexte véritable, le premier ministre n’a pas manqué d’exprimer sa colère et son indignation face à ce débordement de la foule qui a plongé la capitale, pendant une bonne partie de la nuit du dimanche au lundi dernier, dans une véritable psychose. Le chef de gouvernement, avec le style qu’on lui connaît, n’est pas allé par quatre chemins pour décrire la situation.  » ce qui s’est passé ce dimanche est intolérable d’autant que rien ne justifie la destruction en règle des biens privés et publics « , a-t-il déclaré en substance.

Le chef de gouvernement, selon des sources concordantes, aura immédiatement instruit au gouvernement de faire la lumière, toute la lumière, sur l’escalade de la violence au stade du 26 mars au cours de ce match qualificatif pour la coupe du monde et la CAN 2006. De ce fait, le chef du gouvernement a ordonné au gouvernement de diligenter immédiatement des enquêtes sérieuses pour situer les responsabilités dans l’ampleur de la catastrophe du stade du 26 mars. De la même manière, il a été ordonné aux ministres concernés de faire rapidement le point sur l’ampleur des dégâts causés, tant au niveau du stade qu’à l’intérieur de la ville. C’est alors une véritable traque des malfaiteurs du stade du 26 mars et de certains endroits de la ville qui est enclenchée. D’autant que le premier ministre est déterminé à poursuivre à la justice les auteurs de ces actes de vandalisme qui ternissent l’image du pays à l’extérieur. « , écrit  » Info Matin  » du 30 mars 2005.

Arrestations suite à la nuit du 27 mars …

 » ce sont plus de quatre vingt dix personnes (90) qui ont été arrêtées dans le cadre des enquêtes en cours. Les premiers éléments de l’enquête révèlent que toutes ces personnes ont été arrêtées en flagrant délit de troubles à l’ordre public ; la dégradation des monuments et édifices publics ; d’incendies volontaires dans certains cas et même des cas de viol. Pour cette dernière infraction très grave, des recherches sont menées activement pour identifier les personnes responsables. Pour ce qui est des autres infractions, des procès-verbaux ont été établis à l’encontre des personnes interpellées par les différents commissariats de police de la place. Ce sont ces procès-verbaux de police qui ont été transmis hier dans l’après-midi aux différents procureurs de la république concernés. Ceux-ci refusent pour le moment tout commentaire. Cependant, la tâche n’est pas aisée pour nos magistrats poursuivants. En effet, les personnes déférées devant eux ont été arrêtées (en foule) sans ménagement. Les forces de sécurité ont opéré des interpellations en masse sans chercher à savoir qui est responsable ou qui ne l’est pas. Et, c’est en matière de flagrant délit, ces forces défèrent tout le monde devant le procureur. C’est au procureur de décider du sort de personnes déférées.
Le premier problème qui risque d’être posé à nos procureurs de la république est celui des preuves. Comment en effet prouver la culpabilité ou non des personnes arrêtées. C’est donc là un véritable casse-tête pour asseoir la preuve matérielle des faits.

Le second problème, est celui du témoignage. Dans ce genre d’infractions, seul un témoignage crédible et sincère peut aider le procureur dans son travail. Or en la matière, il est difficile de trouver de tels témoignagnes.
On peut donc dire que la marge de manœuvre de nos procureurs est très faible dans ce dossier. Est-ce pour contourner toutes ces difficultés que la justice malienne veut finalement opter pour la procédure de flagrant délit ? si finalement cette procédure est maintenue, les vandales auront fort à faire à la barre. Les charges qui pèsent sur certains d’entre eux sont très lourds. L’incendie volontaire et le viol sont en effet qualifiés de crime par le code pénal malien. Quant aux autres infractions commises, elles sont correctionnelles donc passibles de peines d’emprisonnement.

Or, en la matière, affirme le procureur général près de la cour d’appel de Bamako, Amadou Ousmane Touré, les tribunaux ne peuvent pas rester en dehors de tout ça. Selon lui, dès l’instant que les édifices publics, les biens communs ont été détruits, la justice va sévir. « , écrit  » Le Républicain  » du 30 mars 2005.

Essayons de rester toujours fair-play …

 » Acceptons dans la dignité notre défaite et mettons-nous au travail pour les futures compétitions continentales. « , écrit  » Soir de Bamako  » du 29 mars 2005.