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Les journaux titrent :

L’état actionnaire majoritaire d’EDM-SA, Les équations d’une nouvelle gestion », titre Nouvel Horizon du 24 octobre 2005.

Accord de partenariat public et privé Ips (wa)-Etat malien, Une présence renforcée d’Industrial Promotion Services dans la gestion d’EDM », titre Soir de Bamako du 24 octobre 2005.

Energie du Mali, Les défis d’une reprise en main de l’Etat », titre Le Reflet du 25 octobre 2005.

Pourquoi ce retrait de SAUR …

« Le vendredi 14 octobre SAUR s’est retirée d’EDM-SA et depuis, l’Etat malien est devenu actionnaire majoritaire de la société avec 66%. Cela représente-t-il une aubaine pour le consommateur malien ? C’est la première question que les uns et les autres se posent après l’annonce de cette nouvelle.
Par la suite, on se demande ce qui a bien pu motiver cette décision de SAUR International. D’ores et déjà, on croit fermement que le divorce est né de divergences d’intérêts.
En effet, le contrat de concession d’EDM-SA, tel que négocié, ne faisait ni l’affaire des pouvoirs publics encore moins celle des consommateurs. Pour preuve, conformément à ce contrat, les tarifs d’électricité devraient progressivement augmenter dans un pays où les pauvres sont les plus nombreux. Cela répondait à un besoin d’extension des réseaux de distribution et ce sont les consommateurs, naturellement qui devaient en faire les frais. Par ailleurs, cette approche stratégique contrariait fortement les besoins des consommateurs qui aspirent toujours à un mieux-être, se traduisant par des baisses progressives et substantielles des tarifs d’eau et d’électricité, comme le réclament d’ailleurs les associations de consommateurs, mais aussi les différents syndicats.
De même, les pouvoirs publics, notamment le Président de la République, se sont engagés à tout mettre en oeuvre pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des populations. Et, depuis son investiture, au nombre de la demande sociale, figure en très bonne place la réduction des tarifs d’eau et d’électricité jugés exorbitants malgré les efforts continus de baisse de tarifs.
», écrit Nouvel Horizon du 24 octobre 2005.

« Cinq ans après la mise en concession de la société, le partenaire stratégique, SAUR international a jeté l’éponge pour raison de «différence de vision économique». Un divorce prévisible parce que depuis l’élection du président Amadou Toumani Touré en juin 2002, Saur et l’Etat malien n’ont plus parlé le même langage. En effet, le champion du «PDS» (Parti de la demande sociale) a véritablement fait de la réduction des prix d’eau et d’électricité son cheval de bataille. Le président de la République a fait de la baisse tarifaire sinon une question de vie ou de mort du moins un point par rapport auquel on pourrait juger pratiquement tout son mandat.
«Dans un premier temps, il avait pu imposer une baisse des tarifs. Il y a eu quelques grincements de dents du côté de l’EDM dont le partenaire stratégique s’était plaint de la méthode pour le moins cavalière de lui imposer une tarification», rappelle le doyen TBM dans sa chronique hebdomadaire dans le quotidien Les Echos. La divergence des intérêts est déjà perceptible parce que le président a des ambitions politiques alors que Saur, comme tout investisseur vise d’abord le profit. Alors comment garantir l’enjeu politique sans nuire au profit du partenaire stratégique ? Une équation que les partenaires ne sont jamais parvenus à résoudre.
Surtout que la première baisse n’ayant satisfait personne, ATT en redemandait davantage. Une seconde baisse a suivi sans produire les effets escomptés. Selon certaines indiscrétions, l’EDM ne se serait jamais exécutée par rapport à ces mesures «plus politiques que sociales». La rupture était donc prévisible. Et l’Etat s’est arrangé avec IPS pour reprendre la main. Selon l’Essor, citant une source anonyme, les Français se retirent parce que «après quelques années d’exploitation, le groupe n’a pas trouvé intéressant le marché malien qui ne représente même pas 1% de son chiffre d’affaire». Mais, ce retrait serait beaucoup plus lié à des raisons politiques que commerciales. La baisse des tarifs d’eau et d’électricité pouvant être un atout électoral de poids pour le locataire de Koulouba en 2007. Ce qu’il n’était pas sûr de parvenir avec Saur. Autant composé avec le groupe de son ami personnel, Aga Khan
La concession, comparée à un bradage par beaucoup d’observateurs du secteur, avait donné la majorité des actions au partenaire stratégique que formaient SAUR International et Industrial Promotion Services (IPS) pour l’Afrique de l’Ouest du groupe Aga Khan, avec 60 %. L’État était minoritaire avec 40 %. En décidant de se retirer du contrat, SAUR International a rétrocédé sa part de 39 % des actions à IPS. Ce dernier a à son tour passé le paquet à l’État qui se retrouve désormais avec 66 % des actions contre 34 % pour IPS, l’actionnaire minoritaire.
», écrit Le Reflet du 25 octobre 2005.

SAUR s’en va, Industrial Promotion Services (West-Africa) IPS (WA) fait son entrée …

« La filiale ouest-africaine du Fonds Aga Khan pour le développement économique (AKFED-Aga Khan Fund for Economie Développement), Industrial Promotion Services (West-Africa) IPS (WA) renforce sa présence dans Energie du Mali (EDM) avec la signature d’un accord de partenariat public et privé avec l’Etat du Mali. Dans le cadre de cet accord de partenariat, les 39 % des actions détenues avant par le groupe Bouygues dans EDM-SA ont été cédées à hauteur de 26% à l’Etat malien et de 13% à IPS (WA). Ce faisant, l’Etat du Mali devient du coup, le principal actionnaire d’EDM avec 66% des actions avec comme partenaire IPS (WA) qui s’en tire avec 34 %. De quoi faire réjouir le ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau Ahmed Diane Séméga, qui a promis de ne rien “ménager”, ni de son temps, ni de ses efforts, pour la “réussite” de ce nouveau partenariat scellé entre l’Etat du Mali et IPS (WA).
Un partenariat qualifié de nouveau départ, par le Ministre Séméga “afin de relever les défis auxquels la société EDM-SA est confrontée”. En réponse, le groupe Aga Khan s’est dit “heureux de continuer et de renforcer son partenariat avec la République du Mali, dans les deux secteurs vitaux de l’économie malienne que sont les secteurs de l’électricité et de l’eau”. L’accord de partenariat public et privé ainsi signé vise, selon Monsieur Vinciguerra, “à favoriser un développement harmonieux d’EDM-SA dans l’intérêt de l’économie malienne.
” », écrit Soir de Bamako du 24 octobre 2005.

« Compte tenu de sa présence dans le domaine de l’énergie en Afrique de l’Ouest (Azit-Energie en Côte d’Ivoire), en Afrique de l’Est (Isavo Power au Kenya et barrage hydro-électrique de Bujagali en Ouganda) et en Asie centrale (Pamir Energy au Tadjikistan), Aga Khan Fund for Economie Développement pourra notamment apporter à EDM son savoir-faire dans ce domaine. Présent en Afrique Occidentale depuis plus de 40 ans, AKFED est une agence de développement économique reconnue pour son utilité. Son approche repose sur une juste appréhension des réalités du terrain et sur un engagement dans le développement des ressources humaines, de la technologie et des actions d’aide sociale afin d’accroître l’efficacité et le rendement à la fois économique et plus largement sociétal. Le renforcement de la présence d’AKFED dans Energie du Mali fait suite à une série de programmes conceptualisés et en cours d’exécution dans ce pays par AKDN, qui concernent notamment la santé, l’éducation, la microfinance ainsi que le développement culturel et rural. », écrit Soir de Bamako du 24 octobre 2005.

Qu’est-ce que la nouvelle donne change ? … les délestages refont déjà surface !…

« Aujourd’hui, il y a au sein de l’opinion publique nationale, des questionnements sur les perspectives non seulement des prix, mais aussi de la qualité même des prestations. Le retrait de SAUR-International va-t-il faire l’affaire du consommateur ?
Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’on estimait que la rupture du contrat de concession était la seule voie par laquelle les pouvoirs publics pouvaient consentir des baisses substantielles de tarifs. Les pouvoirs publics ont privilégié la renégociation du contrat. La Banque mondiale avait, en son temps, reconnu, à travers certains représentants, que le contrat de concession avait été mal négocié et qu’il fallait le revoir. Ce qui met à nu les lacunes des autorités qui ont été impliquées dans un tel processus. En s’y engageant, quelles étaient leurs motivations réelles ?
S’interrogeait-on au sein de l’opinion publique nationale. Le moins qu’on puisse dire, c’est que pendant la décennie de gestion des affaires publiques depuis l’ouverture démocratique, et ce jusqu’à une période récente, on ne peut jurer que tout fut rose. Ainsi, au nombre des lacunes et insuffisances de la gouvernance actuelle, on note surtout la faiblesse de la prise en compte de l’intérêt supérieur de la nation, et bien entendu, au profit des intérêts individuels et corporatistes.
Il faudra que le pouvoir ATT, dans sa démarche en vue d’une meilleure prise en charge de la demande sociale, pour l’approfondissement de notre processus démocratique, parvienne à renverser cette tendance négative. Et d’ailleurs, depuis le retrait de SAUR- International d’EDM-SA, ce qui préoccupe, c’est l’équation d’une gestion rigoureuse qui concilie l’intérêt de l’Etat malien avec celui des consommateurs. Cette autre équation qui, à notre sens est tout aussi fondamentale, est relative à la gestion des délestages. En effet, au moment où SAUR quittait EDM, des délestages avaient déjà refait surface.
Avec la nouvelle orientation qui sera donnée à EDM-SA dont l’Etat malien détient 66% des actions, il y a, en effet, de sérieuses inquiétudes pour l’avenir, en ce qui concerne la fourniture d’eau et d’électricité dans les conditions requises. Les délestages, c’est ce qui effraie le plus le consommateur malien, avec les dégâts matériels que cela engendre
.», écrit Nouvel Horizon du 24 octobre 2005.

«Il ne s’agit pas d’un changement dans la forme du contrat de concession, mais tout simplement d’un changement d’actionnariat», explique un responsable de la société cité par nos confrères de l’Essor. Il indiquait que «les enjeux du changement sont énormes, explique notre interlocuteur à EDM. Il faut d’abord maintenir le climat de confiance qui a prévalu entre la société et ses clients, ces dernières années. Le cap de développement atteint aujourd’hui doit être maintenu et amélioré». De toutes les manières, en dehors de la main mise sur le Conseil d’administration, donc de la Direction de l’EDM, l’Etat reprend (provisoirement) un secteur névralgique du pays. De nos jours, l’eau et l’électricité contribuent assez à alourdir les charges des ménages.
Pis, la cherté de l’électricité est une sérieuse entrave à la politique incitative mise en place par l’Etat pour attirer les investisseurs. Cette reprise en main devait donc lui permettre de trouver une solution idoine à ces casse têtes sans pour autant ruiner l’entreprise. En effet, puisqu’il presque le seul maître à bord, il a logiquement les coudées franches pour réaliser ses ambitions de réduction. Il trouve dans la position idéale de soulager les consommateurs et- de séduire davantage les investisseurs dans l’immédiat.
Mais, le fougueux ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, a rapidement mis du bémol à l’enthousiasme de ceux qui nourrissaient un tel espoir. Face à la presse et à l’opinion, il n’a pas voulu s’engager par rapport à une prochaine baisse tarifaire. Pourquoi alors l’Etat exigeait-il autant de l’Etat ?

De vrais défis à relever

A part les règlements de compte consistant à mettre à la touche quelques cadres compétents mais intransigeants, cette reprise en main de l’EDM par l’Etat à peu de chance de combler les attentes des maliens. Parce que le vrai défi, pour l’instant, consiste à consolider les maigres acquis de la concession. Il est vrai que les investissements de Saur n’ont jamais été à hauteur de souhait. Mais, la société était parvenue à avoir un certain équilibre financier et à sortir du rouge.
Comme toujours, l’EDM doit encore trouver les moyens de satisfaire d’abord la demande pressante et de l’entretien du réseau vétuste. Les coupures d’électricité de ces jours derniers en disent long sur le challenge qui attend l’Etat. Et selon certaines sources au sein de la société, la consommation d’eau serait déjà au maximum alors que l’on n’a pas encore abordé la période cruciale de la saison sèche avec des pics de chaleur entraînant une forte consommation d’eau et d’électricité. L’installation d’une station de pompage sur la rive droite est aujourd’hui incontournable pour approvisionner efficacement cette partie de la capitale. Un investissement non seulement élevé, mais dont la réalisation prend du temps. Ce dernier facteur n’est donc pas le meilleur atout de la nouvelle EDM en quête de pérennisation de ses acquis puisque nous sommes à seulement six mois de la canicule.
Et là faudrait-il que l’Etat ait les moyens de faire de tels investissements. La concession imposait à SAUR la charge des importants investissements que le développement de l’électrification du pays nécessite. La nouvelle donne fait de ces investissements le fardeau de l’Etat. Ce qui est moins évident. Parce qu’ayant «chassé» Saur, il ne peut pas compter sur la Coopération française pourtant assez dynamique à nos côtés pour l’accès à l’eau potable. Les intérêts de la France étant de plus en plus menacés dans notre pays, il faut donc s’attendre à un retour du bâton.
Alors que le pays ne doit non plus compter sur les Etats-Unis qui ne cachent pas leur embarras par rapport au rapprochement avec l’Iran et Cuba. Sur qui compter maintenant ? Le très généreux groupe Aga Khan peut-être ! Et même là, le difficile décollage de la Compagnie aérienne du Mali (CAM) montre les limites de l’efficacité de groupe. Il faut qu’au sommet de l’Etat on arrête de se leurrer. Quel que soit le degré de l’amitié, aucune entreprise n’investit dans un pays tiers pour faire de la charité. Il donc fort à craindre que l’EDM se retrouve rapidement dans la même situation qui a favorisé sa privatisation en 2000. Ce qui mettrait à nu les lacunes d’un département agissant beaucoup plus par la fougue que par le réalisme
. », écrit Le Reflet du 25 octobre 2005.

Et comme le conclut Nouvel Horizon du 24 octobre 2005 : « Au stade actuel, le fait que l’Etat malien soit actionnaire majoritaire réconforte, mais cela sera-t-il suffisant pour que nous assistions, dans les mois à venir, à une baisse substantielle des tarifs d’eau et d’électricité ? C’est le temps qui nous en dira long sur ces perspectives. ».

Energie du Mali (EDM) …

« Privatisée le 20 décembre 2000 avec comme partenaire stratégique, le groupement SAUR/IPS, EDM-SA a réalisé un chiffre d’affaires de 64 milliards F cfa en 2004 et son effectif est de 1620 collaborateurs. La mission d’EDM est d’assurer la continuité, la qualité et la sécurité des fournitures d’électricité et d’eau potable sur le périmètre de concession (actuellement 35 centres urbains en électricité et 16 en eau). EDM dispose d’un réseau interconnecté alimentant 13 localités et 20 centres isolés. Le nombre de clients est de 154 000 pour le réseau électricité et de 91 700 en eau. EDM a produit 720 800 MWh et 61 900 000 m3 en 2004. La recherche de disponibilité de nouvelles ressources énergétiques (interconnexion des réseaux électriques de la sous-région, renforcement de l’hydraulique nationale) est désormais la priorité des priorités d’EDM-SA. La société est aujourd’hui engagée dans une démarche de qualité pour la certification ISO 9001 au Mali sur son périmètre “Eau, Grand Bamako”. Et depuis 2002, elle exécute un programme de Développement Durable (sauvegarde de l’environnement et promotion du sport scolaire). », écrit Soir de Bamako du 24 octobre 2005.