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Le Mali, a célébré le jeudi 28 avril 2005, la journée africaine de lutte contre le paludisme avec comme thème « Unissons-nous contre le paludisme » et « ensemble nous vaincrons le paludisme ».
La cérémonie était placée sous le parrainage du Conseil Economique, Social et Culturel du Mali (CESC) et a eu lieu en présence de Mme Maïga Zéïnab Mint Youba, ministre de la santé.
Moussa Balla Coulibaly président du CESC, Mamadou Soungalo Traoré Directeur Général de la Santé, Lamine Sarr représentant de l’OMS au Mali, le Coordinateur du PNLS, ainsi que nombreux autres invités étaient présents à la cérémonie.

Les journaux titrent :

 » Journée africaine de lutte contre le paludisme, « C’est un pari à gagner », a affirmé Mme Maïga Zeïnab « , titre  » Nouvel Horizon  » du 2 mai 2005.

 » Mobilisation sociale contre le palu, un pari à gagner « , titre  » Le Républicain  » du 3 mai 2005.

 » Journée africaine du paludisme, La lutte contre le paludisme est un pari à gagner «  titre  » Soir de Bamako  » du 3 mai 2005.

Génèse de la Journée africaine de lutte contre le paludisme

 » Le 25 avril 2000, une quarantaine de chefs d’états africains ont pris l’engagement sous la présidence du président nigérian Oloségun Obasanjo, d’instituer comme journée africaine du paludisme le 25 avril de chaque année et de lancer un appel aux Nations-Unies pour qu’elles déclarent la prochaine décennie 2001-2010  » décennie de lutte contre le paludisme « . « , écrit  » Le Républicain  » du 3 mai 2005.

Situation du paludisme dans le monde …

 » Selon la ministre de la Santé, le paludisme continue de représenter un véritable défi, et cela par la menace permanente qu’il fait peser sur des millions d’Africains. Il est estimé que plus de 100 millions de personnes sont touchées dont près de 1.000.000 de décès chaque année. On évalue également à 7000 milliards de FCFA chaque année les pertes économiques dues au paludisme en Afrique.
Elle a affirmé que les taux élevés de mortalité infanto-juvénile, maternelle et néo-natale et le niveau de l’espérance de vie placent l’Afrique loin derrière toutes les autres régions du monde.
« , écrit  » Nouvel Horizon  » du 2 mai 2005

Pour lutter contre le paludisme, il faut une implication réelle de tous …

 » Dans son allocution, Mme la ministre de la Santé a estimé que la bataille contre le paludisme exige une implication réelle, convenable et conjuguée des services publics de la santé, du développement social, de la promotion de la femme, de l’environnement, de la société civile, des associations du secteur privé et des partenaires au développement. Selon elle, la lutte contre le paludisme doit s’inscrire dans le cadre d’un partenariat durable entre tous les intervenants. « , écrit  » Soir de Bamako  » du 3 mai 2005.

 » Pour le cas du Mali, les autorités ont depuis 1993 créé le Programme national de lutte contre le paludisme avec pour missions de formuler la politique nationale de lutte contre le paludisme, de définir les principales stratégies de lutte contre la maladie, de former des cadres en vue de rendre opérationnelle la recherche et de prévenir les cas d’épidémies. Au Mali il y a une extrême variabilité de la situation épidémiologique en fonction des faciès geo-climatiques. « , écrit  » Soir de Bamako  » du 03 mai 2005.

 » Mme Maïga a soutenu que les pays africains essaient de faire face à ces fléaux avec l’aide des partenaires techniques et financiers, mais que beaucoup reste à faire. Les objectifs de la journée commémorative africaine du paludisme sont en accord avec ceux de l’initiative FRP/RBM, a-t-elle ajouté.
C’est ensemble qu’on peut espérer qu’en 2030, le paludisme ne soit plus une cause majeure de morbidité et de mortalité, encore moins de pertes socio-économiques.
Parlant du cas malien, elle a affirmé que selon l’EDS III en 2001, seuls 6% des enfants de moins de cinq ans dorment sous moustiquaire imprégnée.
Les résultats d’un projet pilote montrent une évolution à 71% des enfants de moins de cinq ans et à 68% des femmes enceintes en 2003 sur la base de l’enquête CDC dans les six cercles tests et en 2004 respectivement 95% et 68% sur la base des données de routine ajustées dans les cercles d’expérimentation.
De même, 46% des femmes enceintes entre 4 et 8 mois ont pris deux doses de sulfadoxine pyriméthrine selon la même source en 2003.
« La lutte contre le paludisme est un pari à gagner », a martelé Mme Maïga Zeïnab Mint Youba. Dans ce cadre, le Ministère de la Santé a pris toutes les dispositions afin que toutes les femmes enceintes, ayant effectué au moins une consultation prénatale, enfant qui aurait complété sa vaccination bénéficie d’une moustiquaire imprégnée.
En ce qui concerne le traitement, la résistance à la chloroquine dans plusieurs localités du pays a amené à l’introduction des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinique pour permettre une prise en charge plus rapide et correcte des cas de paludisme simple.
Mme Maïga a annoncé que notre pays fait partie des cinq pays de catégorie I, pays dits <> pour l’atteinte des Objectifs de Abuja. « 
, écrit  » Nouvel Horizon  » du 2 mai 2005.

 » En ce qui concerne le traitement, la résistance à la chloroquine dans plusieurs localités du pays amène vers l’introduction des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine pour permettre une prise en charge plus rapide et correcte des cas de paludisme simple. « , écrit  » Le Républicain  » du 3 mai 2005.

 » Le représentant résident de l’OMS dans notre pays le Docteur Lamine Sarr a affirmé que l’Afrique dépense chaque année 2 millions de dollars US dans la lutte cpntre le paludisme. « Nous n’avons pas le choix, vaincre le paludisme est une des conditions sine qua non du développement de nos Etats », a-t-il ajouté.
Il a lancé un appel à tous les parents de faire dormir les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes sous des moustiquaires imprégnées. « ,
écrit  » Nouvel Horizon  » du 2 mai 2005.

Le président du CESC «  … s’est dit comblé du choix porté sur son institution pour parrainer la Journée. Il a indiqué que c’est dans une synergie des efforts que nous pourrons venir à bout de cette maladie qui a un impact certain sur les efforts de développement de nos populations. « , écrit  » Soir de Bamako  » du 3 mai 2005.

Visite des stands où étaient exposés différentes moustiquaires imprégnées a mis fin à la cérémonie.

Nous pouvons conclure, avec ce que le président Obasanjo du Nigeria a si bien dit: <>.

Créé à Bamako en 1992, le centre de formation et de recherches sur le paludisme (MRTC), l’un des rares laboratoires au monde à avoir entrepris en juillet 2003 des essais de vaccins sur l’homme, est dirigé actuellement par le Professeur Ogobara Doumbo.
Aussi, nous vous proposons cette interview que le professeur Ogobara Doumbo a accordée à Nouvel Horizon. L’article du 3 mai 2005, s’intitule  » Santé publique au Mali, le professeur Ogobara Doumbo, à cœur ouvert sur le paludisme « .

 » SANTE PUBLIQUE AU MALI
Le Professeur Ogobara Doumbo à coeur ouvert sur le paludisme

L’Afrique est accablée par des maladies, dont le paludisme qui demeure l’une des plus redoutables. Le devenir du continent semble lié au succès des recherches sur les maladies. C’est ainsi que le centre de formation et de recherches sur le paludisme (MRTC) a été créé à Bamako en 1992.Il est dirigé aujourd’hui par le Professeur Ogobara Doumbo. C’est l’un des rares laboratoires au monde à avoir entrepris en juillet 2003 des essais de vaccins sur l’homme.
Le centre de recherches de Bamako accueillant parfois des étrangers est exclusivement composé de chercheurs maliens bilingues ou trilingues, formés dans les meilleures universités internationales. Le Professeur a su doter le centre de moyens techniques rares dans la plupart des centres de recherches africains, voire occidentaux. Ultra-performante, cette équipe publie régulièrement ses résultats dans les grandes revues internationales telles « Sciences », « Nature », « New England Journal » entre autres.
A 49 ans, Ogobara Doumbo a parcouru du chemin depuis le village dogon de Koro où il a grandi. Après une première thèse de médecine au Mali, une seconde thèse en France, et dix ans passés à la tête de département d’épidémiologie de la Faculté de Médecine de Bamako ainsi qu’à la direction du Malaria Research Training Center, il est aujourd’hui l’un des scientifiques les plus respectés et les plus pointus dans son domaine. En 2003, le centre a été reconnu comme « centre d’excellence » par le célèbre National Institute Of Hearth (NIH) des Etats Unis et par l’Agence Universitaire de la Francophonie. En effet, à l’occasion de la journée africaine de lutte contre le paludisme célébrée le 25 avril, nous avons approché le professeur afin qu’il nous édifie sur le paludisme et les recherches en cours sur cette maladie dont les dégâts dépassent ceux du Sida.

Nouvel Horizon : Qu’est-ce que le paludisme ? Quel est son impact sur la santé de la population au Mali ?

Pr Ogobara Doumbo : Le paludisme est une maladie parasitaire qui est transmise par les piqûres de moustiques. Ces piqûres arrivent généralement la nuit quand les gens dorment. C’est une affection qui a de l’impact sur la santé de la population. Deux groupes cibles paient un lourd tribut au paludisme. : les enfants de moins de 5 ans qui meurent par suite de paludisme grave et compliqué. On estime actuellement en Afrique et au Mali qu’un enfant sur 5 meurt avant son 5è anniversaire à cause du paludisme.
Chez ces enfants il y a des complications graves, des séquelles neurologiques et intellectuelles qui n’étaient pas encore décrites jusqu’à présent et que nous venons de décrire en suivant des enfants à l’Hôpital Gabriel Touré et 15% de ces enfants ont eu des localisations cérébrales. Même s’ils guérissent, ils ont une atteinte au niveau du développement intellectuel. Cela veut dire qu’ils grèvent la capacité intellectuelle de créativité d’une nation. C’est pour cela que j’ai dit souvent dans les conférences que l’Afrique a beaucoup perdu de ses « Einstein », de ses « Pasteur » à cause du paludisme. Le deuxième groupe cible, ce sont les femmes enceintes. Le paludisme a un impacte terrible sur l’évolution des grossesses et plus précisement les primipares
c’est-à-dire les femmes qui tombent enceintes pour la première fois.
Chez ces femmes, les premières études ont montré l’impact et l’efficacité d’un certain nombre de médicaments utilisés au Mali. Ça entraîne un manque de sang (l’anémie) chez la femme, les accès, infecte le placinta constituant la structure chargée de nourrir l’enfant, le paludisme va s’y loger pour le ronger et rendre l’échange foeto-maternel incompétent pour la nourriture de l’enfant.
Ceci se traduit par un mauvais développement du foetus qui peut aboutir à un avortement ou à un mort-né ou à un impact morbide au cours du développement.
Voilà un peu l’impact du paludisme sur les couches les plus nobles de notre société entraînant un impact social et au niveau de la famille.

Nouvel Horizon : Nous entendons parler de différentes sortes de paludisme. Pouvez-vous nous en édifier ?

Pr Ogobara Dombo : Pour le public, quand nous parlons de différentes sortes de paludisme, peut-être qu’il est bon d’ajouter l’expression clinique, comment la maladie se manifeste quand on est atteint. Nous appelons ces manifestations des phénotypes cliniques. Le Mali a beaucoup contribué ces dernières années à la clarification de ces différentes sortes de paludisme. Ainsi, il y a le paludisme infection. Par exemple, vous et nous, nous pouvons être porteurs du parasite que le moustique nous a inoculé, mais sans faire la maladie parce qu’on a signé une paix armée, entre le parasite et nous. Nous le laissons tranquille, il nous laisse tranquille.
Maintenant, si vous êtes fatigués et vous voyagez à Badiangara ou à Tiékénébougou, et que vous soyez piqués par les moustiques de ces localités, vous pouvez donc faire une manifestation clinique. On appelle cela l’accès palustre simple qui est une manifestation caractérisée par la fièvre, des céphalées avec des troubles digestifs. Si vous êtes traités, vous guérissez. Si vous n’êtes pas guéris, surtout chez les femmes enceintes et les enfants, il va évoluer vers les formes à localisation neurologique et se multiplie dans le cerveau. L’atteinte du cerveau se traduit par des convulsions puis le coma et le décès de l’enfant. Ou bien il va tellement détruire les globules rouges de sorte que vous aurez manqué complètement de sang et l’enfant peut mourir d’anémie sévère. Voilà donc les différentes formes de paludisme.
A cela, il faut ajouter le cas des enfants de 7 à 14 ans, qui ne sont pas traités et qui portent le parasite d’une manière chronique, forme qu’on voit très souvent ici, le paludisme vicéral évolutif. C’est-à-dire ce sont des enfants très chétifs avec un gros ventre et qui n’arrivent pas tout le temps à aller à l’école d’où l’impact du paludisme sur la scolarisation parce que ces enfants n’ont pas la faculté nécessaire pour suivre les cours, l’énergie et l’oxygène nécessaire.

Nouvel Horizon : Nous savons qu’il y a beaucoup de recherches sur le paludisme. Quels sont alors les médicaments favoris ?

Pr Ogabara Doumbo : Les médicaments que nous conseillons, nous le faisons en accord avec le programme national de lutte contre le paludisme au niveau national, au niveau régional et au niveau de l’OMS. Il faudrait que vous sachiez que ces médicaments sont basés sur les résultats de la recherche scientifique. Et Dieu merci, le Mali avec son centre de recherches basé sur la Faculté de médecine contribue énormement à cette démarche de politique de médicaments au Mali et au niveau de l’Afrique.
Les travaux qui ont été menés au Mali et ailleurs durant les 5 dernières années, j’en ai présenté avec mon équipe les résultats à Sikasso il y a deux semaines, démontrent que le premier médicament que tout le monde connaît, c’est-à-dire la Nivaquine, a perdu de son efficacité. Et on le remplace actuellement par des combinaisons thérapeutiques. Il y a les dérivés de l’atémisine, plante chinoise qui est maintenant produite d’une manière industrielle que nous associons aux médicaments existants. On les appelle des combinaisons thérapeutiques à base d’atémisine. Donc, le Programme National actuellement en conformité avec les recherches scientifiques et l’OMS, recommande la prise en charge des cas, quand vous êtes malades, vous ou les enfants, par l’utilisation de ces médicaments. Deux de ces combinaisons seront développées par le programme que nous diffusons pendant la journée africaine de lutte contre la paludisme. Pour les femmes enceintes, nous faisons ce qu’on appelle le traitement intermittent à visée préventive.
Avant si la femme était enceinte pendant la saison des pluies, la sage-femme lui donnait de la chloroquine chaque semaine. Ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, au 4è mois de la grossesse, on lui donne une dose de Fansidar et quand elle va revenir pour la vaccination antitétanique au 7è-8è mois une deuxième dose de Fansidar, les impacts que j’ai décrits précédemment sur l’état de santé de la femme et de l’enfant pour nettoyer le placenta et le sang de la femme. Ainsi, elle a une grossesse évolutive normale. Voilà donc les deux médicaments qui sont utilisés dans le cas des combinaisons thérapeutiques, mais aussi pour les traitements intermittents à visée préventive.

Nouvel Horizon : Pensez-vous que les médicamens DCI vendus sur place sont des produits efficaces ?

Pr Ogobara Doumbo : Les DCI sont des médicaments génériques qui ne sont pas chers et qui sont mis à la disposition de la population pour améliorer l’accès aux soins de santé. Maintenant, les DCI existent dans les pays du Nord comme du Sud. Ce sont des médicaments efficaces. Nous avons le Fansidar en DCI c’est la sulfadoxine quinimétanine. Les combinaisons thérapeutiques seront mis en DCI moins chers. Donc les DCI constituent la manière dont on fabrique le principal type et on présente d’une manière galénique. Je rassure les gens et j’affirme que les DCI sont des médicaments efficaces contre le paludisme.

Nouvel Horizon : On a beaucoup parlé des recherches sur le vaccin contre le paludisme. Où en est-on aujourd’hui ?

Pr Ogobara Doumbo : Je crois qu’il faut d’abord revenir sur la philosophie de la recherche dans le paludisme ; ainsi les gens comprendront mieux la raison de l’existence de notre centre qui a été créé par le gouvernement. Je vous ai dit que toutes les décisions stratégiques de santé publique, dans le domaine du paludisme ou ailleurs, doivent être éclairées actuellement par la recherche scientifique. C’est une acceptation mondiale et le Mali ne peut pas se soustraire à cela. Nous , nous avons pris les devants. C’est ainsi que pour toutes ces stratégies dont j’ai parlé, c’est-à-dire chez la femme enceinte, c’est le résultat des recherches menées au Mali qui ont permis de donner ces conseils.
Les moustiquaires imprégnées d’insecticides, les rideaux imprégnés entre autres, ce sont les recherches qui ont devancé les anciennes stratégies pour conseiller et nous avons contribué significativement à cela. Et pour les combinaisons thérapeutiques, le Mali a beaucoup contribué car cela fait 5 ans que nous travaillons sur les combinaisons thérapeutiques. C’est cette année que nous disons que la chloroquine n’est plus efficace. Donc, nous devançons les acteurs de santé publique. Voilà un peu le rôle de la recherche. Aujourd’hui vous avez trois outils qui marchent très bien : les moustiquaires imprégnées, les combinaisons thérapeutiques, le Fansidar chez la femme enceinte. Mais il faudrait que ces outils soient utilisés à peu près avec une couverture de 80% en santé publique. C’est-à-dire les 600 000 grossesses qui sont effectives chaque année au Mali doivent avoir chacune au moins deux doses de Fansidar si on veut réduire l’impact du paludisme. C’est pas le cas actuellement. Il y a environ 1.850.000 enfants au Mali ayant moins de 5 ans qui risquent le paludisme chaque année. Ceux-ci doivent bénéficier de deux doses thérapeutiques.
Donc les 600.000 femmes enceintes et les 1850.000 enfants doivent bénéficier d’une moustiquaire imprégnée. Voilà l’action de santé publique. Mais nous sommes loin de cela. Donc si on veut faire baisser l’impact du paludisme sur la santé de la population, il faut avoir cette couverture. Le rôle des médias, c’est de faire le plaidoyer auprès des partenaires pour qu’il y ait suffisamment de contributions nationales et internationales pour assurer cette couverture.
Puisque ceci n’est pas effectif, les chercheurs essaient de devancer ce qui existe en matière de pathologie infectieuse, c’est-à-dire les maladies dues à des agents infectieux, virus, bactéries et parasitaires. Il a été démontré depuis Pasteur que la meilleure arme qui permet d’avoir une action définitive, c’est le vaccin.
Et l’exemple que je donne, c’est le tétanos qui ne fait plus de dégâts. Donc il est normal que les chercheurs pensent déjà et tracent les grandes lignes pour faire la recherche vaccinale. C’est en cela que notre centre est engagé dans le consortium international pour essayer de voir comment nous pensons contribuer au développement et à la sortie d’un vaccin dans un futur à moyen terme. C’est pour cela que le Mali est l’un des rares sites en Afrique qui fait ce travail avec les partenaires internationaux américains et européens. Nous avons commencé ce business depuis 2001 et nous avons des essais en cours dans différentes localités du Mali qui sont encourageants et qui nous permettent d’avancer et d’ici quelques années, je pourrais vous donner quelques résultats comme je viens de le faire pour les combinaisons thérapeutiques en conseillant le programme national.

Nouvel Horizon : Est-ce que les Maliens peuvent compter sur l’utilisation du vaccin anti-paludisme d’ici un à deux ans ?

Pr Ogobara Doumbo : Non ! Là il faut être très clair. Concernant la recherche, il faut être patient. Nous disons qu’il ne faut pas créer un espoir inutile dans la population. Nous avons des armes efficaces déjà, il faudrait que tout le monde utilise cela. Maintenant, l’arme atomique contre le paludisme, à savoir le vaccin, nous sommes en train de travailler là-dessus. C’est le rôle des chercheurs soutenus par le gouvernement et les partenaires internationaux. Et on ne peut pas en l’état actuel de nos connaissances, en l’état actuel des résultats et vu le niveau international ou mondial à Saint Cyr où tout le monde était là, nous pouvons compter d’ici dix ans sur quelque chose qui sera utilisable en santé publique. Ce n’est pas possible que le vaccin soit disponible d’ici un ou deux ans. Mais l’espoir est permis.

Nouvel Horizon : Pouvez-vous nous parler du centre que vous dirigez ?

Pr Ogobara Doumbo : Je suis un élément du centre qui a eu la chance de coordonner les activités de ce centre. Il s’agit du « Malaria Research and Training Center ». J’aimerais bien que vous disiez que c’est un centre qui appartient à tout le Mali. Les 30 chercheurs et moi tous Maliens, avons été formés au Mali, en France, en Italie, aux USA, en Grande Bretagne, au Canada. Nous sommes tous revenus au pays. C’est l’une des fiertés du Mali car il n’y a pas de fuite de cerveaux ici. Ils ont des PHD, ils sont bilingues ou trilingues. Dans le centre, les gens parlent l’anglais et l’Italien sans problème. Tous ces jeunes intellectuels sont revenus et ils sont commis pour faire des recherches dans leur pays. Ce qui est quelque chose d’extraordinaire. C’est notre centre parce que nous avons bénéficié de l’impôt de cette population malienne pour aller à l’école. Moi, je suis un petit villageois.
Si je suis là aujourd’hui pour diriger ce centre c’est que l’on a payé de l’impôt pour ma formation, c’est pourquoi je dis que le centre appartient à tous les Maliens et il doit contribuer au développement d’outils thérapeutiques et de prévention pour réduire le poids de cette terrible affection du paludisme et c’est ça notre mission. Le centre a été créé en 1992 au sein du département d’épidémiologie des affections parasitaires que dirigeait le Professeur Rang auquel j’ai succédé. Il a été créé par les deux Ministères de l’Education et de la Santé avec l’appui des partenaires internationaux notamment les Instituts Internationaux de Santé des USA qui constituent la mère de la recherche scientifique.
Au « NIH » vous avez des chercheurs qui sont dans une seule enceinte, ils ont leur banque, et tout ce dont ils ont besoin. C’est la « Mecque » de la science. Donc c’est avec eux que nous avons créé le centre. Chaque année nous envoyons une douzaine de Maliens là-bas pour aller voir ce qui s’y passe. Avec l’OMS qui est l’un des soutiens de notre centre, l’USAID qui a fourni les premiers fonds, l’Université de Marseille, l’Université de Rome, l’Université de Marena, nous nous sommes mis ensemble en disant que le Mali a suffisamment de potentiels humains pour que l’effort soit concentré et qu’il y ait un centre de recherche scientifique sur le paludisme.
Il a 3 objectifs qui sont : servir de conseiller technique au Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP), développer les capacités nationales et africaines de recherche afin que les Africains soient capables à un niveau élevé de réfléchir sur le paludisme, contribuer au développement du vaccin.
Donc, c’est un centre malien avec des partenaires internationaux qui travaillent sur le paludisme.


Salifou BANGALI «