L’ONG a déjà fait ses preuves dans le domaine de l’artisanat qui emploie près de 40% de la population active au Mali. A côté de ce secteur, GUAMINA intervient dans plusieurs autres domaines comme l’éducation, la promotion de la femme et de l’enfant, la promotion des droits humains, etc. La lutte contre l’exclusion et la pauvreté n’est pas quelque chose de « sorcier », dira M. Madani Koumaré, Coordinateur national du projet d’appui à la promotion des droits économiques et socio-culturels de l’ONG-GUAMINA. Selon lui, il suffit de traduire en concret les clauses des droits économiques et socio-culturels pour que tout le monde puisse vivre selon ce que celles-ci lui confèrent comme droits.
Des statistiques accablantes
Si beaucoup de progrès ont été enregistrés dans le cadre de l’application des droits civils et politiques, il n’en est pas de même pour les droits économiques et socio-culturels, a déploré M Koumaré. Or, il le faut, dira t-il, pour un développement harmonieux de notre pays. Le projet d’appui à la promotion des droits économiques et socio-culturels vise surtout, à travers la sensibilisation et la mobilisation de la société civile, à amener les autorités du pays à ratifier tous les traités des droits économiques et socio-culturels et à les appliquer comme il faut.
Si l’esprit de la démocratie veut que chacun ait des droits et des devoirs, il faut que les droits viennent avant les devoirs, dira M Koumaré. Cela est d’autant plus vrai que les droits économiques et socio-culturels sont parties intégrantes des droits humains qui, d’ailleurs sont universels. Un pauvre, c’est quelqu’un qui, à tout point de vue, ne parvient pas à satisfaire ses besoins élémentaires. Pourtant, on dit que tout le monde a droit à l’éducation, à la santé, à un travail décent… Il y a défaillance quelque part.
Comment vit-on la pauvreté au Mali ? M. Madani Koumaré donne quelques statistiques : taux de la pauvreté des ménages 63% ; taux de pauvreté 72%. Le Mali est le 174e pays le plus pauvre sur les 177 pays classés.
La démarche de GUAMINA est de faire en sorte qu’on puisse inclure les droits économiques et socio-culturels dans le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CLSP) et dans les différents programmes en la matière.
Il revient aux acteurs de la société civile de veiller à ce que ces droits soient appliqués. Aussi, faudrait-il qu’il y ait, à côté des documents officiels de l’Etat en la matière, des documents dits alternatifs de la société-civile. Cela, pour que tous les citoyens puissent jouir de leurs droits car il ne s’agit pas pour l’Etat de prendre des engagements et de ne pas pouvoir les justifier.
M. Amadoun Tolo, Directeur de l’ONG-Enjeu-Mali et membre de la Coalition Malienne pour la Défense des Droits de l’Enfant fera un parcours sur l’évolution des droits de l’enfant dans le monde et en Afrique avant de faire un état des lieux de l’application de ceux-ci au Mali. Des évolutions significatives ont été constatées dans certains domaines comme l’éducation, dira-t-il.
Le taux brut de scolarisation au Mali, qui était de 42,3% en 1992 dont 51% chez les garçons et 33% pour les filles, est passé à 70% en 2003-2004 dont 81,3% pour les garçons et 59% pour les filles. Malgré ces progrès, certains enfants sont laissés pour compte avec un taux de scolarisation très faible.
Si le Mali peut probablement être au rendez-vous de 2015 dans le cadre de l’Education pour Tous (EPT), il n’en demeure pas moins qu’il faut beaucoup d’efforts pour que les enfants de la rue et les élèves des écoles coraniques puissent jouir de tous leurs droits. Il s’agit des droits à l’éducation, à la formation, à la santé et à un travail décent, a indiqué M. Tolo. Toutes choses qui peuvent faciliter leur insertion socio-économique. Il y a aussi le cas très urgent des enfants orphélins du SIDA qui, selon M. Tolo, mérite réflexion.
Quant à la Directrice Nationale de l’Enseignement Sécondaire, Mme Bintou Sanankoua, elle fera l’historique des facteurs exogènes et endogènes qui ont longtemps porté atteinte à l’éducation des jeunes filles. De la période coloniale jusqu’au Mali de 1992, la jeune fille était marginalisée dans l’éducation.
Toujours est-il que même aujourd’hui, les jeunes ont des problèmes dans ce domaine. Des problèmes qui, en partie, dépendent des conditions socio-économiques de notre société. L’éducation est importante, dira-t-elle. A ce titre, personne ne doit y être soustraite. Selon Mme Bintou Sanankoua, c’est fort de ce constat qu’en 1994, avec la création du volet « Education des filles », que la question a été intégrée de façon générale dans notre système éducatif.
Le représentant de l’UNTM, M. Yaya Mallé a, pour sa part, fustigé les Programmes d’Ajustement Structurel qui sont à la base de tous les maux dont souffre notre pays avec le bradage de toutes les sociétés et entreprises d’Etat et la mise au chômage des milliers de chefs de famille. Un autre point dénoncé par Yaya Mallé est l’absence de la justice sociale, sans laquelle tous les efforts demeureront vains. Le chômage des jeunes reste jusque-là dans les discours, mais dans la pratique, aucune action concrète n’est visible.
A la lumière des débats qui ont suivi, tout le monde semblait être d’accord sur un point : « on ne lutte pas contre la pauvreté et l’exclusion sans le respect des droits économiques et socio-culturels ». Pouvoirs publics et société civile doivent s’impliquer ensemble, en ce qui les concerne, pour que chaque citoyen malien puisse jouir de ses droits afin de se consacrer à ses devoirs.
Il est temps qu’on hisse le Mali à un rang de développement qui l’honore en donnant la possibilité à tout le monde de subvenir à ses besoins à travers la formation, l’éducation, la santé et le travail décent. Toute chose qui n’est pas impossible.
Il suffit qu’on fasse en sorte qu’il n’y ait ni pauvre, ni exclu, mais des Maliens qui se soutiennent solidairement dans le respect des droits humains.
Adama DIALLO, stagiaire
11 Avril 2005