Selon des sources algériennes fiables, l’adjoint du général Tewfic en charge des opérations extérieures, le général Rachid Lallali dit Attafi aurait précipitamment quitté l’Allemagne jeudi 9 décembre au soir, où il accompagnait Abdelaziz Bouteflika lors d’un voyage officiel.
Le général s’est directement rendu au Mali où six trafiquants de drogue issus des rangs du Front Polisario ont été arrêtés jeudi après-midi. L’information ayant été rapportée par l’AFP malgré la promesse orale des Maliens de ne rien divulguer avant samedi, Lallali a dû affréter un avion privé afin de rejoindre dans la nuit Bamako.
Lalalli, qui est le plus « Africain » des généraux algériens – il a été en poste notamment au Congo en tant que chef d’Etat-major de la Commission militaire mixte – aura la très délicate mission de déminer le dossier du narcotrafiquant Sultan Ould Bady, qui figure parmi les six trafiquants capturés.
Sultan Ould Bady qui est chargé des missions « spéciale » du Front Polisario, aurait menacé les autorités maliennes de « balancer » un certain nombre de connexions entre Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et les services de renseignement algériens, le Département renseignement et sécurité (DRS), dirigé par le patron de Lallali, l’inamovible général de corps d’armée Mohammed Médiène dit « Toufik ».
Il faudra sans doute au général Rachid Lallali toute sa force de persuasion ainsi que l’entregent de son réseau pour dissuader les Maliens de mener l’enquête à son terme, cette dernière étant de surcroît menée conjointement avec les services de sécurité mauritaniens…
Arrestation de barons du narcotrafic liés à AQMI
Selon des sources sécuritaires maliennes citées par l’AFP, des membres du mouvement indépendantiste Polisario, qui dispute au Maroc le territoire du Sahara occidental, ont été arrêtés dans le cadre d’un vaste coup de filet régional anti-narcos. Le chef du réseau, un sahraoui haut placé dans la direction du Front Polisario répondant au nom de Sultan Ould Bady, serait le chef du « troisième plus gros réseau de trafic de drogue en direction de l’Europe », et aurait également participé directement aux enlèvements d’étrangers dans le Sahel perpétrés par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Selon l’agence France Presse.
» Des enquêtes sont en cours pour connaître l’identité réelle d’un certain Sultan Ould Bady, arrêté par l’armée mauritanienne à cette occasion, selon deux sources sécuritaires maliennes ». La Mauritanie a quant à elle également procédé à une large opération de ratissage des bandes de trafiquants opérants dans le Sahel en début de semaine, qui s’est soldée par l’arrestation de 7 hommes mardi dernier.
Sultan Ould Bady ne serait vraisemblablement que la partie émergée de l’iceberg d’un réseau sahraoui opérant sous couvert du mouvement indépendantiste anti-marocain pour s’adonner aux trafics dans la bande sahélienne, alimentant les factions d’AQMI en matériel et en vivres, ce qui inquiète les puissances occidentales.
Ces dernières craignent en effet que le Polisario ne passe sous la coupe d’AQMI, la franchise régionale de l’organisation du milliardaire saoudien Oussama Ben Laden, ce qui permettrait au groupement terroriste de bénéficier d’une réserve quasi-intarissable de combattants, recrutant ces derniers au sein des camps du Polisario situés à Tindouf, au sud-ouest de l’Algérie.
Narcotrafic-AQMI : le « chaînon manquant » serait le front Polisario
Selon l’AFP, les forces de sécurité maliennes ont procédé à l’arrestation de six trafiquants de drogue internationaux qui sont « issus des rangs du Polisario », dans le cadre d’une vaste opération coordonnée avec la Mauritanie voisine.
Le chef du groupe, qui a pour nom de guerre Sultan Ould Bady, et dont l’identité serait en cours de vérification par les services maliens, serait à la tête de l’un des « trois plus gros réseaux » qui organise le trafic en direction de l’Europe en passant par le Sahara. Ould Bady serait également une grosse prise pour une autre raison : son implication dans l’enlèvement et la revente de plusieurs ressortissants européens en faveur d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
Cette information vient conforter les thèses marocaines sur une éventuelle « dérive mafieuse et terroriste » du front indépendantiste Polisario, alors même que le Royaume chérifien vient de connaître un épisode difficile dans sa gestion sécuritaire du Sahara occidental suite à une évacuation de camps de contestataires sahraouis à Gdem Izik, qui a fait douze morts dans les rangs de l’armée marocaine.
Le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, a toujours nié son implication avec Al-Qaïda au Maghreb islamique où les réseaux du narcotrafic sahélien, mais déjà la semaine dernière, des révélations issues de la fuite de documents de la diplomatie américaine « WikiLeaks » à travers le journal espagnol « El Pais » avaient fait état d’une tentative d’interception d’un convoi de ravitaillement entre le Polisario et AQMI par un hélicoptère d’attaque de l’armée algérienne.
La direction du Front Polisario, qui conteste au Maroc la souveraineté du Sahara occidental, n’a fait pour l’instant aucun commentaire relatif aux chefs d’accusations à l’encontre des hauts responsables de son organisation arrêtés au Mali, attendant probablement que l’enquête malienne se précise.
Selon des sources sécuritaires maliennes Ould Bady se serait rendu à plusieurs reprises en Guinée-Bissau ces derniers mois, en faisant probablement le mystérieux intermédiaire d’AQMI dont Sahel Intelligence a révélé la présence lors d’une réunion secrète avec des barons de la drogue latino américains sur une île de l’archipel des Bijagos. Ould Bady serait-il donc le « chaînon manquant » qui confirmerait la connexion narcotrafic-AQMI contre laquelle tous les experts en sécurité mettent en garde les gouvernements de la région ?
21 Décembre 2010.