Le Républicain : Dr. des informations font état d’une rentrée de l’opposition dans le gouvernement. Le président de la République, lors d’une émission télévisée le 28 mars faisait croire qu’il voulait collaborer avec l’opposition. Que pensez-vous de ce rapprochement ?
Dr. Oumar Mariko : Vous savez, les gens ont pris l’habitude au Mali de faire la politique sur les rumeurs, de marcher sur des rumeurs. Les gens ont pris cette habitude. Mais moi, franchement, je trouve que c’est des rumeurs sans fondement qu’il y ait un rapprochement avec l’opposition pour la constitution d’un gouvernement. Sur quelle base l’opposition ira au gouvernement ? C’est ça la question.
Parce que je suppose qu’on est majorité, on est au pouvoir, on est au gouvernement, parce qu’on a un programme politique, économique et social qu’on défend. Je pense qu’on va dans un gouvernement en y défendant une vision politique, un point de vue politique ou on ne va pas à l’opposition avec un programme. Donc à l’analyse de toutes ces questions là, est-ce que le jeu en vaut la chandelle.
J’ai comme l’impression qu’on a transformé les propos de Amadou Toumani Touré. Le président Amadou Toumani Touré, lors du 26 disait tout simplement que, pour avoir fait le 26 mars avec un certain nombre d’acteurs de la vie politique, il aurait bien aimé travailler avec ceux-ci. Nous aussi, on aimerait bien travailler avec Amadou Toumani Touré, mais il y a des conditions. Les conditions qui ont fait que nous ne sommes pas allés sont des conditions qui font qu’il ne peut pas travailler avec nous, qu’on ne peut pas travailler avec lui.
Les gens racontent comme quoi, il y a eu des rencontres, qu’on est même en pourparler. C’est faux et tendancieux, de telles rumeurs. J’ai entendu des députés dire qu’il y a une certaine opposition transitoire, qu’il y a (comme le dit le député Tioulenta) une opposition «en attendant». Peut être qu’en attendant, on va rejoindre le gouvernement. En tout cas pour le moment il n’est pas question pour nous de discussions autour de ça. Ils disent qu’il y a une opposition provisoire. Moi je dis, toute opposition que je suis, je suis effectivement provisoire.
Pas pour être un complément d’effectif mais pour prendre le pouvoir et l’exercer. Nous sommes, en tout cas au niveau du parti Sadi, résolument engagés dans le combat pour développer notre parti, pour organiser notre parti, le structurer davantage et prendre le pouvoir en 2012. Ça c’est l’objectif stratégique immédiat pour nous.
Pouvez-vous nous confirmer que le parti Sadi n’a pas été consulté par le pouvoir pour la formation d’un gouvernement ?
Ça n’a jamais été fait. Est-ce que c’est au programme du président de la République de faire venir les gens dans le gouvernement , Ça fait deux ans que les gens parlent de ces rumeurs de changement de gouvernement. Deux ans, on parle de remaniement, comme si la vie politique doit se résumer à un remaniement ministériel, à la rentrée et à la sortie des gens.
Nous à Sadi, nous sommes des hommes politiques. Nous ne sommes pas des politiciens de circonstance. Nous n’avons pas été rapprochés pour rentrer au gouvernement et notre préoccupation, notre cœur ne bat pas à ce rythme là.
Notre cœur bat au rythme de la structuration de notre parti, la formation politique et idéologique de nos militants et notre structuration pour la prise du pouvoir. Pourquoi nous ne rentrerons pas, ce n’est pas ça mon problème. Mon problème, je n’ai pas été consulté pour rentrer dans un gouvernement. C’est comme si on me demandait si on m’appelait ce que j’allais faire comme proposition.
Quels sont les points de discorde entre vous et majorité pour une rentrée au gouvernement ?
Je dis que c’est une question sans objet. Si vous m’avez posé la question de savoir pourquoi nous ne sommes pas avec le gouvernement en sachant que nous avons fait un intermède de gouvernement de 5 ans avec la présence de notre président comme ministre de la culture.
S’il s’agit de la question de savoir pourquoi nous ne sommes pas avec les gens du pouvoir, je vous dis que le Sadi a exprimé clairement que ce soit optionnel. Nous sommes contre le néo-libéralisme, nous sommes contre les privatisations sauvages et nous sommes pour les renationalisations. Nous sommes pour que la santé et l’éducation soient au service du peuple le plus possible.
Vous voulez qu’on gouverne avec des gens qui viennent de liquider la CMDT, qui viennent de liquider l’Huicoma. Vous voulez qu’on dirige avec des gens qui font fi de nos Maliens de l’extérieur et qui se précipitent pour aller chercher des européens qui sont dans le désert et qui ne disent absolument rien des Maliens expulsés et insultés en longueur de journée dans les pays africains et en Europe, etc.
Vous voulez qu’on gouverne avec des gens de cette nature là. D’accord, on l’a fait hier pour des besoins précis mais nous ne sommes pas prêts à nous engager dans une voie périlleuse.
Propos recueillis par Seydou Coulibaly
Le Républicain du 08 Avril 2010.