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Suite à l’atelier de formation en sérigraphie de cinq sourds et muets qui a eu lieu samedi dernier à la Cité Unicef de Niamakoro, le président de l’Association bamakoise des sourds et muets, Ladji Siaka Doumbia nous donne les raisons de la formation et les perspectives de l’Association. Entretien.

Les Echos : Pouvez-vous nous présenter l’Association bamakoise des sourds ?


Dr. Ladji Siaka Doumbia :
L’Association bamakoise pour l’insertion et la promotion des sourds a été créée en septembre 2005. Ces objectifs sont axés sur l’éducation, la scolarisation, la formation professionnelle des sourds et muets, l’accompagnement des jeunes diplômés sourds et malentendants dans la recherche d’un emploi, soutenir les élèves et étudiants malentendants pour l’acquisition de correcteurs auditifs, prévenir, lutter contre la surdité et amener les entendants à une meilleure collaboration avec les sourds-muets et les malentendants.

Les Echos : Quelles sont vos motivations en formant en sérigraphie ces jeunes sourds ?

Dr. L. S. D. : Aujourd’hui, les sourds de Bamako et du Mali en général trouvent le système d’information télévisée difficile à comprendre et ont l’impression que la chose publique est une chose d’entendants. Cette situation donne l’impression que les personnes sourdes n’ont aucun rôle sociopolitique et économique à jouer dans la vie de la nation. La campagne de lutte contre le VIH/Sida est inaccessible aux sourds et muets. Il est admis que, les sourds et muets sont très pauvres donc constituent une couche très vulnérable (surtout les filles). L’Abip-Sourds estime que les sourds maliens à l’instar des sourds des pays voisins (Côte d’Ivoire Sénégal, etc.) doivent avoir accès à l’information à travers la langue des signes et les occasions de devenir des participants actifs et bien informés sur la vie de la nation. En matière d’emploi, la plupart des employés sourds sont des employés de bas niveau/les ouvriers provisoires et des employés à contrat une situation qui en fait les derniers embauchés, premiers congédiés. Une minorité qui parvient à terminer les études est touchée par le chômage et ceux qui parviennent à trouver un emploi sont victimes de ségrégation à cause de leur surdité. Aucune action n’est entreprise à tous les niveaux de gouvernement pour muter les travailleurs sourds à des postes d’égalité avec les travailleurs non sourds ou encore à faciliter l’acquisition des correcteurs auditifs.


Les Echos : Pourquoi ne pas élargir cette formation aux sourds du Mali ?

Dr. L. S. D. : Ces jeunes, après cet atelier, formeront d’autres jeunes de Bamako et du Mali.

Les Echos : Qu’est-ce qui vous fait croire que les sourds-muets peuvent diriger un atelier de sérigraphie ?

Dr. L. S. D. : Une stratégie de recherche des offres est déjà élaborée. Ces jeunes sourds seront épaulés par deux personnes entendants.

Les Echos : Quel est votre rôle dans la gestion de l’atelier ?

Dr. L. S. D. : Cet atelier sera géré par les sourds-muets eux-mêmes. Mon rôle est technique. Il ne s’agit pas d’installer ces jeunes et courir après eux. Je profite de votre tribune pour remercier Helvetas-Mali qui a eu l’amabilité de financer notre atelier.


Propos recueillis par
Idrissa Sako

02 novembre 2006.