Soir de Bamako : Quelles sont les raisons de votre présence à Bamako ?
Dr Comba Touré : C’est dans le cadre de la mise en oeuvre des activités du Programme africain de recherche sur le Sida. Il y a un volet média qui est compris dans le programme de recherche sur le vaccin. Les médias sont incontournables pour n’importe quelle activité de prévention. Notre rôle, c’est d’essayer d’intéresser, d’informer les journalistes et de les engager dans la lutte contre le Sida en leur donnant des informations sur l’état actuel des avancées de la recherche, mais aussi d’essayer de réfléchir sur les problèmes auxquels ils sont confrontés pour pouvoir mieux rédiger leurs articles.
Soir de Bamako : Quelle perception faites-vous de l’évolution actuelle du VIH/SIDA dans le monde ?
Dr Comba Touré : Quand on regarde le rapport 2004 de l’ONUSIDA, on constate qu’il y a encore 39 millions de personnes qui sont touchées dans le monde et la plupart sont en Afrique subsaharienne, et qu’en 2004, 4 millions de personnes sont infestées et dont la plupart sont des jeunes et des femmes. Je pense qu’il y a lieu de réfléchir à notre stratégie de prévention et de lutte contre le SIDA. Je dois admettre que beaucoup a été fait en terme de stratégie de lutte par les autorités nationales. Je dis qu’il faut politiser, socialiser l’initiative et mettre à la disposition des décideurs les outils nécessaires pour pouvoir mieux répondre aux besoins des uns et des autres. Cette lutte est multisectorielle. L’on doit mettre beaucoup plus de ressources à la disposition de la lutte contre le Sida.
Soir de Bamako : Pouvez-vous nous définir le Programme africain pour le vaccin contre le Sida?
Dr Comba Touré : C’est une idée qui est partie en 2000. L’OMS avait approché un groupe de chercheurs africains qui travaille dans les institutions de recherche en Afrique. L’idée, c’était d’engager un groupe de chercheurs pour discuter des voies et moyens pouvant permettre à l’Afrique d’être engagée dans la recherche. Le vaccin, c’est le moyen le plus efficace pour arrêter une épidémie. Le groupe a été sponsorisé par l’OMS qui continue à apporter l’appui financier et technique. Le groupe a identifié des activités très pertinentes en matière de recherche dans cinq thèmes. Il y a des groupes thématiques depuis la recherche clinique en passant par les problèmes des communautés, les questions éthiques et les plaidoyers de mobilisation sociale. C’est un programme très varié et un peu multisectoriel.
Soir de Bamako : Quel est l’état d’avancement de la recherche vaccinale ?
Dr Comba Touré : C’est un des objectifs de cet atelier de parler de l’état d’avancement de la recherche au niveau de l’Afrique, des organisations internationales et des institutions de recherche. Actuellement, il y a une grande mouvance et un engagement de l’OMS, mais aussi de la part des institutions de recherche internationale pour pouvoir trouver le meilleur concept qui pourrait protéger éventuellement l’individu contre l’infection. Plusieurs concepts de vaccins ont été testés et qui sont en cours d’évaluation dans pas mal de pays du monde. Nous attendons les résultats d’ici 2 ans. La recherche se fait en plusieurs étapes. C’est des essais cliniques qui prennent beaucoup de temps. On connaît le concept qui peut marcher et qui protéger l’individu.
Soir de Bamako : Quelles sont vos attentes du côté de la presse ?
Dr Comba Touré : C’est de garder un lien très étroit, une collaboration continue. La presse occupe une place très importante dans la recherche dans n’importe quelle activité. Mieux la presse est informelle, mieux elle peut soutenir une initiative de ce genre et mieux elle peut servir de véhicule d’informations aux populations pour leur faire comprendre le rôle ou l’état de la recherche vaccinale. Quand la presse sera dotée de l’expertise nécessaire que les journalistes pourront mieux faire les reportages. Nous attendons une collaboration étroite avec la presse pour qu’elle puisse continuer à véhiculer le bon message.
Entretien réalisé par Tiémoko TRAORE
24 août 2005