Pourquoi les recettes baissent
On le sait, la Douane reste le principal service pourvoyeur de fonds du Trésor Public. La preuve : pour l’exercice budgétaire en cours, les services des Douanes doivent alimenter les caisses de l’Etat à hauteur de plus 230 milliards de recettes. Ce qui n’est pas un pari facile à gagner, dans un monde globalisant, caractérisé par une crise économico-financière sans précédent.
Tout porte à croire que cette crise mondiale s’avère l’invitée-surprise, dans un contexte malien dominé par des évènements venus compliquer la situation des autorités. En effet, la Côte d’Ivoire est entrée dans une longue période de turbulences, avec la scission du pays par la rebellion. C’est une catastrophe pour le Mali, totalement enclavé, dont les trois quarts des échanges commerciaux passent par le port d’Abidjan. La fermeture des frontières terrestres avec le pays du Président Ggagbo, qui est imposée par ces évènements, privait ainsi le Trésor Public de plusieurs milliards de FCFA de recettes douanières.
En prenant conscience de la trop forte dépendance du pays vis-à-vis d’Abidjan, ATT lança alors un vaste programme d’investissements dans les infrastructures, en vue de relier Bamako aux autres ports de la région -notamment Dakar, Conakry, Téma- par des axes routiers bitumés. Mais en dépit de la normalisation progressive de la situation en Côte d’Ivoire, le Trésor Public malien ne connaît pas une forte rentrée de recettes douanières.
Du coup, c’est le DG Amadou Togola qui est sous pression, lui qui est le premier responsable de ce service public, car il a l’obligation légale de faire entrer au Trésor Public -et ce, d’ici le 31 Décembre 2008- plus de 230 milliards de nos francs. Autrement dit, le Colonel Togola doit trouver les moyens et les arguments nécessaires attestant que la Douane demeure le poumon essentiel du mécanisme d’alimentation des caisses de l’Etat.
Cependant, pour la réalisation de cet objectif budgétaire, si l’administration douanière comptait essentiellement sur le Bureau du pétrole, aujourd’hui, elle a trouvé une seconde corde à son arc, avec l’avènement du guichet unique qui est en train de s’illustrer positivement dans la collecte des recettes douanières, grâce à la tenacité de son nouveau patron.
“Empé” commence bien
Avec l’avènement de Abdoul Karim Konaté dit “Empé” à la tête de cette structure, elle se particularise par une révolution en matière d’entrée d’argent. Ce qui ne laisse d’ailleurs personne indifférent au sein de la hiérarchie douanière. En effet, du 30 Juillet dernier -date de l’arrivée de “ Empé” au Guichet unique- à nos jours, le niveau du recouvrement est de plus de 7 milliards de FCFA, sur les 11 milliards de FCFA de recettes prévisionnelles de l’année.
Mieux, ses recettes mensuelles sont passées d’une moyenne de 800 millions environ à plus de 1,1 milliard de FCFA, soit une progression de trente pour cent depuis l’arrivée de “Empé” , au mois de Juillet 2008. Ce qui fait dire, à certains douaniers et opérateurs économiques, que les prouesses du Guichet unique s’expliquent en grande partie par la rigueur et la fermeté de Abdoul Karim Konaté, un homme très déterminé à mettre fin aux évasions fiscales.
En plus de ces performances en matière de recettes, le Guichet unique, sous la conduite de “Empé” , est en train de lutter efficacement contre certaines pratiques qui ont la vie dure dans le domaine du dédouanement des véhicules importés au Mali. Car, avec un mécanisme basé sur l’escorte, on assiste au démantèlement progressif des réseaux de faux dédouanements et des manoeuvres de dépiéçage des véhicules.
Fier donc du travail d’Hercule qui est en train d’être abattu au niveau du Guichet unique, le DG des Douanes, Amadou Togola, lors de sa visite des lieux, n’a pas manqué de féliciter Abdoul Karim Konaté et ses hommes. Les performances du Guichet unique enlèvent une grosse épine du pied du DG, qui semble y trouver une arme supplémentaire permettant aux Douanes d’atteindre leurs objectifs budgétaires fixés.
C’est pourquoi les prouesses de l’équipe “Empé” ont séduit Amadou Togola et sa délégation, qui ont souhaité qu’elles soient une source d’inspiration pour d’autres au niveau de la Douane, au grand bonheur du pays qui, en ce temps d’intégration sous-régionale, ne peut compter que sur la mobilisation de ses ressources internes pour amorcer son développement.
Oumar SIDIBE
15 octobre 2008