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En vue d’un développement harmonieux du football au Mali, nous nous sommes entretenus avec le sélectionneur de l’équipe nationale locale, Djibril Dramé. Le technicien malien n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour déplorer certaines entraves de nature à faire régresser le niveau de notre sport roi. Parmi lesquelles, la plus épineuse est le manque de formation à la base dû aux mauvaises conditions de travail des encadreurs. A en croire l’ancien coach du Stade Malien de Bamako, les entraineurs nationaux n’ont même pas de statut au niveau de la fédération malienne de football pour exercer pleinement leur métier. C’est pourquoi, il a interpellé les différentes instances du football dans notre pays à œuvrer pour pallier ce vide pour la bonne marche de la discipline.

Le football, phénomène social est devenu un exutoire, une sorte d’ersatz de la guerre. D’après le sociologue et journaliste français Christian Bromberger, c’est ‘‘la bagatelle la plus sérieuse du monde » si l’on se réfère au titre de son ouvrage. L’organisation du football repose donc sur de nombreux acteurs publics et privés. Parmi lesquels, l’entraineur. Personnage incontournable pour le développement du football, l’entraineur est un homme à multiples casquettes. Il est pédagogue, psychologue, ingénieur, technicien et même savant. En gros c’est un chef de guerre qui a reçu une formation appropriée pour la transmission du savoir.

La performance des joueurs et de l’équipe passe indéniablement par lui en premier. Ainsi, pratiqué dans notre pays depuis l’ère des indépendances jusqu’à aujourd’hui, le football malien a toujours regorgé de très grands coachs locaux. Pourtant avec cette pléiade de techniciens, le Mali n’est jamais parvenu à se hisser sur le toit de l’Afrique à plus forte raison du monde. Pour comprendre cette énigme, nous nous sommes approchés du sélectionneur national des Aigles B, Djibril Dramé. L’ancien coach du Stade Malien de Bamako a évoqué plusieurs causes dont la plus épineuse selon lui, est le manque de formation à la base et le suivi des jeunes talents. Toute chose qui découle des conditions difficiles de travail des entraineurs nationaux dont les statuts ne sont toujours pas restitués au niveau de la fédération malienne de football. » Aujourd’hui au Mali, les moyens sont limités et on a tendance à toujours faire des références. Et notre référence c’est l’Europe. Mais l’Europe a plus de moyen pour développer son football contrairement à nous. C’est dire que Les réalités diffèrent. Le climat, le problème de matériels, la rémunération des joueurs et des entraineurs comme facteur de motivation constituent un handicap majeur pour l’essor de notre football. Rares sont les clubs maliens où ces différents éléments sont réunis. A cela il faut ajouter que les dirigeants et les supporters maliens sont trop exigeants et impatients. Ils ne se focalisent que sur les résultats de l’équipe première et oublient la formation à la base. Au Mali, on ne donne pas de temps nécessaire ni de moyen adéquat à l’entraineur pour préparer et assurer une bonne relève. Les coachs nationaux sont confrontés à un vrai casse tête chinois et sont victimes de limogeage arbitraire et du diktat de certains responsables de football. Nous sommes tous déçus de savoir que durant 54 ans on pratique le football au Mali et que l’entraineur malien n’a toujours pas de statut au niveau de la fédération pour exercer pleinement son métier » a-t-il indiqué.

Pour pallier ce vide en vue d’un avenir meilleur pour le football au Mali, Djibril Dramé a déclaré que : « Si nous voulons que le football marche au Mali, il faut qu’il y ait un statut pour les entraineurs afin qu’ils puissent mener à bien leur métier. C’est le combat commun des techniciens maliens aujourd’hui, la mise en place d’un statut. Et une fois que cela est élaboré, nous serons à l’abri de pas mal de limogeage arbitraire et nous aurons une couverture pour jouir de notre travail. C’est pour cela que nous nous sommes réunis en association pour pouvoir défendre nos intérêts et avoir une certaine unité et solidarité entre nous et participer aux formations organisées par les différentes instances « .

La Fédération Malienne de Football est ainsi interpellée à résoudre le plus rapidement possible, ce problème brulant afin que notre football puisse se hisser au firmament de l’Afrique, voire du monde.

Sory Ibrahima COULIBALY

L’Indépendant du 28 Avril 2014