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Le président de la République Amadou Toumani Touré ne finira pas d’étonner sur la gestion des 180 milliards de F CFA issus des recettes de la vente de 51 % du capital de la Société des télécommunications du Mali (Sotelma).

Après les communes, il y a à peine deux semaines, c’était lundi dernier au tour des militaires de Ségou, Bamako, Sevaré et Kati de bénéficier de la magnanimité du chef de l’État à hauteur de 5 milliards de F CFA destinés à la construction de logements dans des garnisons. D’autres localités du pays avaient déjà bénéficié d’une partie des fonds pour la construction d’équipements scolaires.

Les conditions de vie dans les casernes notamment celles de Bamako et de Ségou sont des plus difficiles où de vaillants hommes des forces armées sont logés dans de taudis, à la limite, de trous de souris ou enclos de bêtes.

Toutes ces réalisations sur fonds de la Sotelma privatisée sont certes louables, mais, en prenant la responsabilité de « donner » tel montant à telle catégorie sociale selon son bon vouloir, ATT cultive volontairement ou involontairement un sentiment d’exclusion chez les Maliens, surtout dans sa composante la plus pauvre.

Dans une telle situation comment ne pas voir se radicaliser les revendications sociales ou catégorielles ? Dès lors, il n’est point étonnant que les ex-travailleurs de l’Itema ou d’Huicoma, les enseignants, les élèves… exigent leur part des 180 milliards qu’ils auront aussi mérité au même titre que les militaires et maires.

Mais ces chefs de familles compressés d’ex-unités de production nationale, ces syndicalistes qui empêchent de dormir et autres doivent attendre. Que le Snesup poursuive sa grève illimitée et que les travailleurs compressés continuent de squatter la Bourse du travail ne gênent pas le président et son gouvernement.

Le salut du Snesup et la reconquête de la dignité des compressés ne viendront pas de Koulouba. Du moins pas avec le fonds de la Sotelma parce que syndicalistes et compressés n’ont pas la chance de plaire à Koulouba.

Les 180 milliards mériteraient d’être investis dans de projets plus rentables au bénéfice de la nation tout entière. Mais en persistant dans cette méthode de gestion du fonds, le président ne fait que dresser une partie du peuple contre son pouvoir.
Après les communes et les militaires à qui le tour ? Au fait, il reste combien ?

Denis Koné

29 Avril 2010.