Les assassins de Awa Baba Traoré bientôt débusqués !
La plaisanterie s’est transformée en drame. « Le Diable » a donc mis en œuvre sa promesse. La police est désormais sur ses trousses. Cela prendra le temps qu’il faut. Le sort d’une jeune fille de 23 ans au moment des faits, enlevée depuis 2 ans, puis retrouvée morte au fond d’un puits ne peut que mobiliser. Les assassins payeront tôt ou tard pour leur méprise et pour leur forfait.
La Rue 416 de Missira à Ségou garde toujours son calme apparent depuis la disparition ce 14 Janvier 2008 de la jeune étudiante Awa Baba Traoré. Voisins, notabilités du quartier et autres visiteurs en compassion affluent, dans la douleur et dans la foi, pour témoigner de leur solidarité à la famille de la victime.
Dans la maison, porte 685, pas de signe de fébrilité même si certains membres de la famille en veulent encore au dossier qui fut classé avant même la découverte de la disparue. Seule la grand’mère malade réclame avec force insistance, de temps en temps, sa petite fille. Les chambres de l’une et de l’autre se confondent. On ne peut voir Awa Baba Traoré sans passer par le lit de la mamie. Elle était donc l’un des rares membres de la famille à la voir vivante, pour la dernière fois, car Awa, en cette période d’hiver s’était rendue à son école dès les aurores.
Sans attendre le petit déjeuner et chaussée de ballerine en cuir beige et noire, elle s’était vêtue d’un dessous de Tee-shirt à l’américaine et d’un ensemble de jupe noir, rayé de blanc. Le Centre d’Enseignement Technique Industriel (CETI) où elle prend cours se trouve à 5 carrés de la maison.
Assidue comme le reconnaissent tous ses professeurs, Awa se fait perturber en classe par un appel téléphonique aux environs de 10 Heures. Ce sera aussi la dernière fois que ses camarades de classe la voient. Elle ne retournera plus en classe. On se perd alors en conjecture.
Deux hommes qui l’attendaient dans un véhicule blanc l’ont embarquée, reste la principale révélation qu’on raconte ! Personne n’est pourtant à même de décrire ces individus ou de certifier qu’il a identifié la plaque minéralogique ou la marque du vehicule.
D’ailleurs, qui s’émeut au CETI de cet acte de kidnapping dont les conséquences vont être dramatiques ? Personne ! Or, les langues ne se délieront que le lendemain, lorsque la police prendra l’affaire au sérieux, suite au message SMS que l’oncle venait de réussir de la part du numéro de téléphone (79 16 32 44) de Awa : « Envoyez-moi du crédit…j’ai été violée par Djila et Abba Dicko 12eme LL au Lycée Michel Allaire ».
Et le SMS qui est reçu, ce Mardi 15 Janvier vers 6 Heures du matin, de faire part du numéro de portable du jeune lycéen. Awa Baba Traoré venait donc de découcher.
Ce n’est pas une casanière. Ce qui intrigue plus d’un dans la famille. Elle avait déjà tenté la veille, vers 20 Heures d’alerter ses parents, puisque son téléphone a sonné en direction de ses parents. C’est une voix masculine qui a été entendue au bout du fil et qui intime en bambara à Awa : « Vas-tu enfin éteindre ce téléphone ? ». Ce qui fut donc fait jusqu’à l’envoi du SMS au petit matin et depuis, le numéro a été mis sur répondeur.
La police met en audition tous ceux qui se surnomment Djila, met principalement en garde à vue le jeune Mahamadou Diarra (assistant de cours dans une école professionnelle et animateur de radio à ses heures perdues) avant de le relâcher pour manque de preuve. Abba Dicko qui ne connait pas Awa, ni d’Adam ni d’Eve, découvre aussi, pour la première fois, son coaccusé dans une cellule de garde à vue ! La mise en scène de diversion est grotesque ! Les accusés sont libérés et n’ont jamais quitté la ville de Ségou comme le prétend un de nos confrères de Bamako.
« Le diable » apparait
Le Procureur de la République près le Tribunal de Ségou, à l’époque, avait rallumé l’espoir en nous livrant ceci : « si ma carrière en dépendait, où que Awa se trouve, nous allons la chercher ». Plus d’une année s’était écoulée depuis la disparition de la fille de Baba Traoré, un ex régisseur du cercle de Baroueli, sans que Lancine Kebé, muté dans une juridiction de Bamako, ne puisse éventrer cet écheveau d’intrigue. Les ravisseurs ont donc gagné leur bataille sur une juridiction de Ségou qu’on accuse de tous les péchés d’Israël. Cependant, cela ne leur suffit pas.
Il faut narguer les autorités judiciaires. Ceux qui seraient donc les commanditaires ou les exécuteurs s’exercent alors à un jeu pour le moins osé. Ils ont la puce Orange de Awa Baba Traoré. Il leur suffit seulement d’activer la puce pour remarquer tous les appels en absence reçus par le numéro d’Awa.
Alors, se prémunissant de ce flot d’appel et sériant les numéros, ils appellent, cette fois ci, à partir de leur numéro Orange (nous taisons le numéro pour le moment) pour livrer ce message : « Monsieur, vous venez d’appeler Awa. Je suis le diable qui l’a enlevé. Je vous interdis de l’appeler encore… ».
La réquisition faite chez l’opérateur de téléphonie mobile est édifiante. La carte d’identité du dernier détenteur de ce numéro de téléphone confirme qu’elle a été établie dans un des tous nouveaux Commissariats de Police de Bamako. Et la piste du « diable », qu’il n’est pas assez prudent de développer ici, s’allonge avec un apprenti bijoutier et un étudiant en congés de pâques, tous susceptibles de dénouer ce puzzle qui dure depuis 2 ans et 2 mois.
En somme, il faut croire que la baraka des assassins est entrain de les lâcher, puisque c’est au moment où ils jouent à l’insolence, que par le pur hasard, les restes d’Awa Baba Traoré sont découverts dans un puits ce mois de Mars 2010. Le chantier d’un émigré ségovien, à un pâté des sapeurs pompiers, avait subi un arrêt, juste avant le drame de 2008.
Son propriétaire, de retour de l’exode, voulait achever le bâtiment. Il se décida à renouveler le puits qui avait tari. Ce sont les briquetiers qui aviseront le puisatier que sa vase qui sortait du puits contenait des ossements humains ; une caution d’appréciation que ce dernier attendait, puisque brandissant sur le champ un bracelet en argent portant le sobriquet « Gafouré ».
Il ne restait plus qu’à saisir la police qui retrouva pêle-mêle les habits, les perles, la chaussure gauche, le porte monnaie vide et le reste des ossements de la disparue. Il n’y avait plus de doute. Awa a été bien assassinée et jetée dans le puits et ses assaillants ont pris soin de tuer quelques chèvres dans le bâtiment afin que la pestilence du cadavre humain se confonde avec celle des animaux. Pour combien de temps ce manège va donc durer ?
Moutta
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Affaire Awa Baba Traoré :: Le glas qui sonne pour les jeunes filles
Avec la récente découverte des restes d’Awa Baba Traore, les interrogations sur les conditions de sa disparition ont refait surface. En partant d’une bonne analyse de la situation, cet état de fait ne surprend guère, parce que depuis le début, la police et l’opinion publique se trouvèrent face à des malfaiteurs bien malins qui, comme un jeu d’enfant, ont réussi à semer le trouble chez tout un chacun, en faisant miroiter une fausse piste, aidée en cela par le fait qu’on a rapidement lié l’affaire à une histoire de fugue dans laquelle, une jeune fille qui n’est pas contente de sa situation sociale, aurait pris la tangente, dès la première occasion, avec un quidam fortuné, pour vivre une idylle des mille et une nuits, loin des siens.
Les récents événements viennent de prouver, une de fois de plus, que parmi nos concitoyens, se trouvent des pervers, prêts à tout pour accomplir leur basse besogne. Les ravisseurs de Awa seraient des coureurs de jupons que nous ne soyons pas surpris, car ils sont légions dans nos villes, des groupuscules de jeunes garçons, parce que leurs parents sont supposés avoir de grands moyens, qui sont capables de tout pour posséder certaines jeunes filles contre leur gré.
Et dans le cas d’Awa, l’hypothèse de la mort accidentelle peut être réelle si vraiment elle a essayé de résister à des ravisseurs téméraires et violents. Dans ces conditions, la meilleure manière pour ceux ci de se débarrasser d’un corps gênant, sans soulever de soupçon, était de le jeter nuitamment dans un puits sec que personne n’utilise encore.
Leur stratégie a donc bien fonctionné mais, sait-on jamais, la vérité, même mille fois étouffée finit toujours par triompher. Cette histoire macabre sonne comme un avertissement aux jeunes filles possédant un téléphone portable et qui, par naïveté, sont promptes à communiquer leur numéro à n’importe qui.
Habib Barro
Le Ségovien du 14 Avril 2010.