Comme il fallait s’y attendre, le président de la République, Amadou Toumani Touré, s’adressant à la nation, a laissé plusieurs Maliens sur leur faim. Tant les propos étaient du déjà entendus. Djigui warolà (les espoirs sont brisés).
» La rigueur dans la gestion des ressources publiques constitue, aujourd’hui, une des conditions indispensables pour le développement économique, social et culturel, auquel notre peuple aspire légitimement. Chacun de nous devra se convaincre de l’extrême importance d’œuvrer dans ce sens ».
Le chef de l’Etat a lâché l’expression. Est-elle sincère ? En attendant de voir la suite, nous sommes pessimistes sur les intentions d’ATT à circonscrire le phénomène qui gangrène son régime. On se rappelle que c’est ATT, au cours d’une de ses présentations de vœux à la nation, qui avait ouvert le boulevard de l’impunité en disant qu’il n’est pas bon d’humilier les chefs de famille. De tels propos venant de lui ne peut être que d’une partie d’éclat de rires. Revenons au discours du cinquantenaire, ATT, a dit comment on doit se comporter face à la gestion des ressources publiques, mais a occulté l’essentiel.
Le chef de l’Etat a seulement effleuré la question de la corruption. Or, si domaines il devrait s’appesantir et proposer une batterie de mesures, ce devrait être celui de l’école et de la lutte contre la corruption. Le citoyen lambda attendait qu’il dise « que plus jamais un franc du denier public détourné sera remboursé ». Hélas !
Il n’est caché de personne que la corruption au Mali se trouve à la croisée des chemins. Cette année encore, le rapport du Végal révèle que le fléau sévit à l’état endémique au Mali. Pis, le phénomène prend de l’ampleur et touche tous les secteurs d’activités, même ceux qui en étaient été épargnés jusque-là.
Manque de volonté politique
Il faut qu’ATT fasse face au phénomène de corruption. Il serait suicidaire de continuer à lui tourner le dos. Les préjudices à court, moyen et long termes sont si dévastateurs qu’ils mettent le pays en péril. Or, il n’est pas impossible d’arrêter la dérive. C’est la volonté politique qui manque le plus.
On voyait le président dire « que désormais seront impliqués effectivement et pleinement tous les acteurs : le gouvernement, le Parlement, les partis politiques, les médias et les organisations de la société civile stratégiques dans la nouvelle politique nationale de lutte contre la corruption ». Malheureusement, cela n’a pas été le cas.
Nous disons que le Mali se trouve à un tournant décisif surtout en ce début de prochain cinquantenaire et se doit de donner à la gangrène qui gagne quotidiennement du terrain, une réponse plus globale et plus audacieuse.
L’application des différents textes contre les corrupteurs et les corrompus constitue un préalable fondamental pour le gouvernement Modibo Sidibé qui devra rompre définitivement avec les tergiversations qui ont caractérisé la lutte contre la corruption jusque-là.
Il est grand temps de prendre le taureau par les cornes. C’est du reste ce que suggère autant avec urgence qu’insistance les rapports du Végal. Vivement un nouveau Mali pour le prochain cinquantenaire avec des patriotes engagés !
Amadou Sidibé
27 Septembre 2010.