Certaines vieilles habitudes ont la vie dure, dit-on. Cette amère expérience est une réalité dans certains services publics où il y a beaucoup de femmes travailleuses. Le jeudi 25 février 2010, veille de la célébration du Maouloud, les pensionnés, anciens combattants, qui percevaient leur pension à la paierie de l’Ambassade de France attendaient patiemment devant le guichet à la direction du Trésor public. Lorsque l’Ambassade de France payait ces anciennes veuves de guerre, le paiement se faisait de 7h 30 à 12h et toutes passaient à la caisse le jour indiqué.
Elles étaient toutes présentes ce 25 février, accompagnées d’un fils ou d’un parent pour toucher les sous. Les vieilles personnes dont la moyenne d’âge se situe entre 70 et 95 ans sont restées de 14h (heure de rendez-vous) jusqu’à 16h 10mn sans toucher un seul kopek.
Pendant toute cette longue attente, la guichetière causait tranquillement dans son bureau en compagnie d’amies. Elle ne s’est pas non plus souciée de la présence massive des personnes âgées devant son bureau. A 16h 10, elle ferma son guichet et laissa ces vieilles (des femmes pour la plupart) dans l’embarras. Désemparées, une d’entre elles tomba en sanglot en s’interrogeant : comment ma famille va passer le Maouloud ?
Nous savons tous que beaucoup de familles vivent grâce aux pensions des défunts car la fonction publique ne recrute plus les diplômés sortis des écoles. Du coup, la misère s’est installée dans les familles. Avec les nouvelles charges (cours ou écoles privés payées pour les enfants, abonnements aux chaînes privées, etc.), les dépenses des familles ont augmenté.
L’astuce trouvée ? L’obligation est faite aux usagers des services financiers de mettre la main dans la poche. Dans les services financiers, c’est toujours le même scénario auquel sont confrontés les usagers. Là où ça fait mal, c’est que dans ce cas précis, il s’agit de personnes âgées auxquelles l’Etat accorde une attention particulière. Chacun a sous son toit une personne du 3è âge.
Malheureusement, à la Direction nationale du Trésor public, on s’en fout. Le constat est amer : là-bas tout paiement passe nécessairement par l’acceptation par l’intéressé du retrait sur le montant d’un pot de vin. Sinon, votre mandat de paiement sera mis dans le tiroir.
Le Trésor public a été transformé en business center à partir de 1992 avec la nébuleuse affaire dite du Trésor et depuis les agents s’enrichissent impunément sur le dos des usagers. Choses vues au Trésor public de Bamako, les femmes travailleuses possèdent les voitures dernier cri, le garde en faction s’est mué en businessman.
Les plus gros poissons péchés dans le fleuve Djoliba sont vendus à la DNTP à l’ACI 2000. Parce que là-bas l’argent circule.
Brin COULIBALY
01 Mars 2010.