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Les Echos : On dirait que ça ne va pas fort ?

Dioncounda : C’est pire que tout ce que vous pouvez imaginer.

Les Echos : C’est si grave ?

Dioncounda : Vous n’avez pas écouté. Je dis que c’est pire que tout ce que vous pouvez imaginer. Il y a de quoi. J’ai échoué dans la dernière ligne droite de la conférence nationale et comme si cela ne suffisait pas les Sikassois refusent de voter pour nous.

Les Echos : C’est vrai que le jour de la clôture, vous aviez une tête d’enterrement…

Dioncounda : Pas seulement ça. Quand j’ai regardé les images de la télévision, mon discours m’a paru une oraison funèbre.

Les Echos : Le parti n’est pas encore mort.

Dioncounda : Le parti oui, mais notre volonté de rafler la mise en soutenant sans condition ATT semble avoir du plomb dans l’aile. Surtout que certains camarades étaient tellement euphoriques qu’ils pensaient que nous allions investir ATT sur le champ.

Les Echos : Mais la conférence a recommandé de transformer le soutien politique actif en soutien électoral !

Dioncounda : Cela aurait suffi à mon bonheur si c’était la seule recommandation. Mais les vicieux là nous demandent que cela se fasse dans le respect des textes et en plus ils exigent une plate-forme signée avec ATT.

Les Echos : Vous voulez dire que la décision de suivre ATT est anti-statutaire ?

Dioncounda : C’est honteux de le reconnaître, mais c’est la réalité. Mais si c’est seulement les statuts, on peut se débrouiller à organiser un congrès vite fait bien fait, quitte à aller ferrailler encore à la base. Mais où allons nous mettre la main sur ATT pour lui faire signer une plate-forme ?

Les Echos : Donc la minorité a raison ?

Dioncounda : Si le parti était un conseil d’administration, j’allais dire que ceux qui se battent pour un candidat du parti détiennent une minorité de blocage.

Les Echos : Doit-on comprendre que ATT ne fait pas le consensus ?

Dioncounda : Pour le moment ce n’est pas gagné. Dois-je vous faire remarquer que même le bon Dieu ne fait pas le consensus. Mais je suis sûr que les autres vont nous empoisonner la vie jusqu’au bout.

Les Echos : Surtout que les résultats de Sikasso semblent leur donner raison

Dioncounda : Le cas de Sikasso est désespérant. Notre candidate avait tout pour gagner : la présidence de la République, la Sécurité d’Etat parce que je rappelle que c’est la femme du directeur de la Sécurité d’Etat, le ministre du Développement social, qui est de Sikasso et qui est président du Mouvement citoyen, le directeur du Fonds de solidarité, qui est membre du CE et qui de Sikasso-ville, le directeur de l’Agetier, qui est de Lobougoula, le gouverneur, le préfet, le sous-préfet, de tous les autres partis politiques, du Mouvement citoyen et que sais-je encore. Résultat des courses, le RPM gagne.

Les Echos : Est-ce que ce n’est pas la preuve que le seul nom d’ATT n’est pas un sésame ?

Dioncounda : De toute évidence, c’est un argument qu’on peut retenir. Mais je pense que nous n’avons pas été capables de mobiliser nos militants.

Les Echos : Peut-être parce que s’ils se disent à quoi bon de voter pour des gens qui ne veulent pas du pouvoir ?

Dioncounda : C’est parce qu’on le veut de manière sûre qu’on veut choisir ATT comme notre candidat.

Les Echos : Quelles explications donnent vos responsables locaux de Sikasso ?

Dioncounda : Vous ne croirez jamais vos oreilles, ils osent dire qu’ils ont été volés. Après tous les soutiens dont je vous ai parlé qui pourrait les voler ? Je ne les ai même pas écoutés. Et pour compliquer la tâche le RPM vient de dédier sa victoire à notre camarade Kadari Bamba. La Cour constitutionnelle aurait certainement des scrupules à invalider les résultats sous peine d’être accusée d’avoir tué une deuxième fois notre camarade Kadari. Celui-ci est enterré, mais c’est nous qui sommes morts. Vous comprenez maintenant pourquoi j’ai une tête d’enterrement. Bon je vous laisse parce qu’il faut trouver sur quoi rebondir parce que ce n’est pas pour rien que certains m’assimilent à un acrobate chinois.

Propos presque recueillis par

Aly Kéita

17 novembre 2005.