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Les adémistes étaient en conclave les 24, 25 et 26 Octobre dernier, au Centre International de Conférence de Bamako (CICB). Mais le clash tant craint n’a pas eu lieu, malgré quelques mécontentements manifestés çà et là. On peut donc dire, à juste titre, qu’à la faveur de ce 4è congrès ordinaire, les Ruchers viennent de gagner la bataille de l’unité au sein du parti. Reste maintenant celle de la cohésion.

Sans tomber dans le pessimisme, disons que cette dernière bataille est loin d’être remportée. Car, malgré son apparente réussite, ce 4è congrès ordinaire aura laissé tant de stigmates qu’il va falloir user de tact et de diplomatie pour recoller les morceaux. Puisque la situation actuelle ressemble à celle de l’après-congrès de 1999, à quelques exceptions près…

Le pari de l’unité gagné, mais…

En fait de morceaux à recoller, il y en eu, à l’instar des différents groupes fantoches qui sont sortis de nulle part, et qui ont failli prendre les travaux de ces 4è assises en otage.

Du groupe dit de Dioncounda Traoré, qui avait plus de légitimité à disputer aux autres, au groupe Iba N’Diaye, en passant par celui du Pr Aly Nouhoum Diallo, c’est tout le peuple Adéma qui risquait fort de passer à côté de l’histoire, au gré des subjectivités et des calculs politiciens.

En effet, au sein de l’opinion publique, il aurait été difficilement acceptable que le parti, qui a exercé le pouvoir pendant dix et qui entend le faire en 2012, soit incapable de tenir un congrès, en dépit des années de préparatifs. Heureusement, nous n’en sommes plus là, mais les subjectivités persistent toujours. Car si les deux premiers groupes -à savoir ceux de Dioncounda Traoré et de Iba N’Diaye- sont sortis avec les espoirs comblés, il n’en est pas de même pour le groupe de Aly Nouhoum Diallo.

En effet, M. Diallo et ses partisans s’attendaient à une bouée de sauvetage à eux lancé par le camarade Alpha Oumar Konaré. Malheureusement pour eux, ce dernier est resté dans sa position de réserve, comme promis. Tout au moins, le bureau que dirige aujourd’hui Dioncounda Traoré a beaucoup à faire, en ce sens qu’il faut, dès présent, commencer à rassembler les Ruchers, en premier lieu, pour les communales qui pointent déjà à l’horizon.

Ensuite, il s’agira, pour lui, de plancher sur la question d’un candidat présidentiel à même d’aligner derrière lui tous ceux qui se reconnaissent à travers la machine électorale qu’est l’Adéma-PASJ. Et c’est là que les choses risquent de se corser, avec un Comié Exécutif plein de gens plus qu’ambitieux, puisque qu’ayant, pour la plupart, déjà fait acte de candidature ou pour l’ayant déjà essayé. Il s’agit de Soumeylou Boubèye Maïga, de Iba N’Diaye, sans compter que Dioncounda, lui aussi, entend tenter sa chance.

Des signes qui ne trompent pas

D’ailleurs, on le présente déjà comme possible successeur du Président ATT. Avec cette position déjà affichée par Dioncounda ou ses partisans, des analystes se posent la question suivante : l’histoire va-t-elle se répéter dans la Ruche?

En effet, le congrès de 1999, qui avait réélu IBK à la tête du parti, avait duré quatre jours, comme ce fut le cas cette année. Car à cause des blocages liés à la formation du bureau du CE, dans l’un ou l’autre cas, la cérémonie de clôture ne s’est pas tenue à la date prévue.

Autres réalités : pendant que le Président de la République d’alors, Alpha Oumar Konaré, poursuivait son second et dernier mandat constitutionnel à la tête du Mali, au sein de son parti, l’Adéma, sa succession était déjà ouverte. Et Ibrahim Boubacar Keita, qui cumulait les fonctions de président du parti et de Premier ministre, était présenté, par certains adémistes, comme étant le candidat naturel du PASJ en 2002.

Curieusement, fait du hasard ou heureuse coïncidence? Toujours est-il que Dioncounda Traoré, qui est réélu par le congrès de 2008, est président d’une institution de la République, à savoir l’Assemblée nationale. Mais à la différence du président du parti réélu en 1999, dont le sort était lié à un décret présidentiel qui l’avait nommé à ce poste, le président de l’Adéma, confirmé dans ses fonctions par le dernier congrès, est élu pour 5ans à la tête du Parlement, sauf dissolution anticipée de l’Assemblée. Mieux, prêter une ambition présidentielle à Dioncounda, est la preuve que dans la Ruche, on semble conjuguer déjà ATT au passé, comme on l’avait fait pour Alpha en son temps.


Dioncounda sur les traces d’IBK ou de MC Cain ?

Dans tous les cas, Dioncounda Traoré, qui est présenté comme étant l’homme du consensus à l’Adéma, semble avoir son agenda. Il est parvenu à se faire réélire à la tête du parti, au grand dam de ses détracteurs. Déjà, on le présente comme un des principaux candidats à la prochaine présidentielle. Pour le moment, personne n’a entendu un quelconque démenti venant de l’homme ou de son entourage, par rapport à cette rumeur bamakoise.

Comme atout, certains, en plus de son parcours politique, avancent l’âge, car il aura plus de 70 ans en 2012. Mais d’autres pensent plutôt que l’âge constituerait un obstacle, même si la Constitution en vigueur au Mali ne parle pas de limitation d’âge pour briguer la magistrature suprême.

Pour être collé à l’actualité, il est à signaler que c’est surtout son âge avancé qui porte beaucoup de handicaps au candidat républicain des Etats-Unis, John MC.Cain. Les Etats-Unis ne sont pas le Mali, tout comme le parti républicain n’est pas l’Adéma-PASJ. Mais dans la Ruche, on voit mal de jeunes loups aux dents longues accepter de faire, de leur porte-drapeau, un vieillard de plus 70 ans. Idem pour la majorité des Maliens qui aspirent au changement.

A l’état actuel des choses, au Mali, ce changement ne peut venir que du côté des jeunes. Cela est aussi valable pour l’Adéma que pour les autres formations politiques de la place. Pour les adémistes, il y a donc un point de réglé, avec la tenue sans clash du 4è congrès. Mais tout reste également à faire, face aux enjeux de la présidentielle. Pour une fois, les adémistes sauront-ils faire la différence en se choisissant un candidat sans casser la Ruche?

C’est cela le défi du nouveau bureau, mais un défi qui ne saurait être relevé sans une cohésion interne. Une relation de cause à effet donc. Il faut juste savoir transformer les faiblesses en atouts. Car tout empressement à ouvrir le débat sur la prochaine présidentielle pourrait provoquer une répétition de l’histoire.

Du reste, c’est ce qui a vite poussé trop tôt IBK vers la porte de sortie, lui qui était pressenti pour être le candidat naturel à la succession de Konaré. Un congrès extraordinaire était passé par là.
A bon entendeur…

Adama S. DIALLO

04 Novembre 2008