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« Il ne faut pas trahir les idéaux du 26 mars « 

Le 4ème congrès de l’Adéma-Pasj a mis en lumière la nécessité de fonder un grand parti politique. La Ruche vient, en effet de faire une traversée du désert au cours de laquelle, elle n’a pas eu de candidat à l’élection présidentielle. Céder la place à un Indépendant dont le consensus a atteint toutes ses limites n’est pas concevable pour un parti qui a dirigé le pays pendant 10 ans.

Ce congrès va-t-il réhabiliter la politique et fonder le partenariat entre partis politiques ? Il a invité ses camarades à rester fidèles aux idéaux du 26 mars.

Oumar Kanouté, qui représentait le président du MPR, Choguel Kokalla Maïga, a décrit l’ambiance qui prévalait à l’ouverture du 4ème congrès ordinaire de l’Adéma-Pasj. ‘’L’Adéma, a-t-il dit, n’est pas n’importe quel parti sur l’échiquier politique national. Tous les regards sont maintenant tournés vers le Centre international de conférences de Bamako. Ce qui se fait dans l’Adéma intéresse le landerneau politique, le pays tout entier. Avant que vos assises ne se terminent, la classe politique retient son souffle et le peuple vous observe. ‘’ Interrogé sur l’ouverture de ce congrès de l’Adéma, le président d’honneur, Abdoulaye Frédéric Traoré a indiqué que la mobilisation est grande et qu’ils allaient observer les capacités des organisateurs à assurer la suite des assises.

‘’Nous avons créé ce parti avec un idéal, avec le respect des masses populaires. Il faut réfléchir pour connaître les besoins de ces masses. La politique, c’est aller au contact des masses populaires et connaître leurs problèmes. C’est ce que nous avons fait. Comme tout parti de masse, il y a un moment où toutes sortes de personnes viennent pour obtenir des postes. Or, nous ne voulions pas cela, c’était plutôt les gens qui nous proposaient des postes. Il nous appartient maintenant de faire en sorte que tout se passe bien dans le sens d’une bonne gestion du parti. Je souhaite qu’il n’y ait pas de tiraillement« , a-til indiqué.

L’atmosphère, électrifiée par l’animation musicale dans cette salle Djéli Baba Sissoko du Centre international de conférences a refusé du monde, vendredi dernier.

Le président du parti Dioncounda Traoré était, entre autres, entouré de Iba N’Diaye, 2ème vice- président, Bocar Sall, 4ème vice-président, Mouhamédoune Dicko, 5ème vice- président, de Mme Konté Fatoumata Doumbia, 6ème vice-président, de Marimantia Diarra, secrétaire général, de la présidente du Mouvement des femmes, Mme Coulibaly Fatoumata Traoré et du président du Mouvement des jeunes, Fakoroba Coulibaly. Une grande ovation suivit l’hommage rendu à Alpha Oumar Konaré, considéré comme un grand militant du parti, présent, a dit le président de la Ruche, de cœur, aux assises de l’Adéma-Pasj.

S’exprimant sur la crise au Nord du pays, Dioncounda Traoré a soutenu que nul n’a besoin de violence pour se faire entendre dans un pays démocratique. Il a exprimé la nécessité d’anticiper sur les problèmes tels que la hausse vertigineuse des denrées de première nécessité et salué l’opération ‘’initiative riz ‘’. Après 17 ans et malgré les mesures prises, a fait remarquer le président du parti, la corruption sévit encore et surtout dans la justice et l’école qui sont les secteurs les plus vitaux. Il a demandé de soutenir le forum sur l’éducation et la corruption.

La qualité de notre démocratie, a-t-il reconnu, mérite d’être améliorée. Il a, de ce fait, cité les problèmes liés aux listes électorales et au faible taux de participation. Il a soutenu que l’Adéma est le premier parti politique du pays, compte tenu de ses performances électorales et le nombre de ses élus dans les diverses institutions du pays. Il a donc pour mission de conduire la pirogue Mali dans la direction du développement économique et de la démocratie. Aujourd’hui, a-t-il estimé, l’Adéma se doit de se réapproprier son projet de société. Le parti, a-t-il dit, doit s’atteler à instaurer la discipline, analyser et proposer des solutions idoines. Il a mis en garde les militants contre les querelles qui peuvent provoquer la fracture du parti.

L’Adéma, a-t-il souligné, doit se méfier des dissensions propres à entraîner le déclin de grands partis politiques, alors que le Parti africain pour la solidarité et la justice, a-t-il ajouté, est loin d’avoir fini sa mission historique au Mali et en Afrique. Il convient, a-t-il laissé entendre, de ne pas trahir les idéaux du 26 mars mais de veiller à la refondation du parti dans le sens de son unité et de sa cohésion. Samedi matin, après une réunion du comité exécutif au siège de l’Adéma-pasj, à Bamako-Coura, Iba N’Diaye, 2ème vice –président, Oumarou Ag Ibrahim, président du HCCT et Tiémoko Sangaré, Secrétaire général adjoint nous ont précisé qu’ils n’étaient pas candidats à la succession du Président du parti.

Toujours est-il que des cadres du comité exécutif ont exprimé le besoin urgent de faire l’analyse sans complaisance de la gestion de Dioncounda Traoré. ‘’ C’est d’ailleurs, à l’issue de cette analyse, nous a-t-on confié, que les candidatures à la présidence du parti seront étudiées. ‘’ Malgré tout, comme l’avait si bien annoncé Oumar Kanouté du MPR, Dioncounda est apparu, à la lumière de la confrontation feutrée entre les diverses tendances de la Ruche, comme ‘’ la voie du salut et le rempart contre la déchéance du parti pour le peuple Adéma.‘’ D’autant plus qu’aujourd’hui et Mme Kéita Rokiatou N’Diaye du RPM l’a bien dit, les partis politiques maliens ont plus que besoin de solidarité pour faire face aux grands défis démocratiques et mondiaux, car le consensus a montré ses limites.

Le président du Paréna, Tiébilé Dramé a souligné la nécessité du partenariat politique et stratégique en ces termes : ‘’ici au Mali, comme ailleurs dans les pays du Sud, le crash financier en cours doit nous fournir l’occasion de proposer et de plaider…il nous faut débattre ensemble. Ouvrir les yeux ensemble. Proposer ensemble. Et nous battre ensemble. C’est cela le partenariat que nous re-proposons, à vous aujourd’hui, comme à d’autres guidés par les mêmes valeurs, les mêmes idéaux. ‘’ Il est donc vraiment temps, quand ceux de l’Occident qui nous montrent la voie avec force privatisations, délégation globale de gestion et concessions sont englués dans leurs problèmes et font face à l’impasse financière, que nous puissions nous donner la main pour trouver notre propre chemin.

Ce rôle stratégique que nous devons assumer, loin d’être honteux, est tout à fait honorable. Dioncounda Traoré, non plus, n’a pas ignoré les menaces qui planent sur le capitalisme financier mondial et les dérives de l’idéologie néolibérale. ‘’ Nul n’en sera épargné ‘’, a-t-il ajouté.

D’autant plus que d’autres menaces graves pèsent sur l’environnement (déforestation anarchique, effets de serre). Le président de l’Adéma-Pasj invite l’Afrique à suivre l’exemple économique des pays émergents comme la Chine, le Brésil, l’Inde. Il s’est prononcé en faveur des pays qui luttent pour leur liberté (en Amérique latine, Palestine, Irak).

Personne n’aurait imaginé qu’un Africain- Américain, en 2008, a dit Dioncounda Traoré, soit le candidat à la Maison blanche de l’un des plus grands partis. Il parlait évidemment de Barack Obama qui a fait effondrer beaucoup de préjugés. Il s’est félicité de l’extinction de plusieurs foyers de tension en Afrique sub-saharienne, mais a-t-il déploré, il existe encore des poches de conflit, comme au Darfour et à l’Est de la République démocratique du Congo.

Il a condamné l’arrestation de l’ancien président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh Abdallah et demandé sa libération immédiate. ‘’La prise du pouvoir par la force est inacceptable‘’, a affirmé le président de l’Adéma-Pasj, avant de s’insurger contre le mandat d’arrêt international lancé par la CPI contre le président soudanais, Oumar El Béchir.


Baba Dembélé

27 Octobre 2008