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Commerce loyal ou déloyal, ces mots n’ont pas de sens et d’importance pour le jeune Diallo, un vendeur ambulant de cassettes radio et CD pirates. L’essentiel, pour lui, est de gagner son pain quotidien avec les petites recettes de son activité.

Ils sont des milliers de commerçants au marché et dans les rues qui opèrent dans l’illégalité totale. Parmi ceux-ci, le jeune Allaye Diallo, un Peul bon teint d’une vingtaine d’années.

Inutile de polémiquer sur son ethnie, son poids (moins de 50 kg) et son accent ne souffrent d’aucune ambiguïté. Il nous aborde, au « grin », avec son carton de cassettes et de CD. Par curiosité, nous fouillons dans ses marchandises, feignant de rechercher un artiste.

Le constat ne nous étonne pas du tout : sur la centaine de cassettes, il n’y avait que deux originales qu’il cédait à 1250 F CFA l’unité. Toutes les autres, des pirates, se discutaient entre 700 et 1000 F CFA.

Et le jeune Peul qui ne connaît que ce commerce depuis qu’il atterrit à Bamako en 2002, tire bien son épingle de ce commerce illégal. « Ma recette journalière varie entre 500 F et 2000 F CFA. Mais, il y a des jours où on se demande si on n’a pas la guigne. Rien ne marche », affirme-t-il.

Diallo sait pertinemment qu’il évolue dans l’illégalité en vendant ces cassettes pirates. Mais, il s’en moque. « Je prends la marchandise avec quelqu’un d’autre et je cherche seulement mon petit bénéfice. Ce n’est pas moi qui pirate et je ne connais pas de réseaux de pirates. L’essentiel pour moi, c’est de ne pas voler. Je peux dire que je travaille et je gagne ma vie. Donc, je ne pratique pas de commerce déloyal », se défend-il.

Avec la vente de cassettes et CD pirates, Diallo arrive à subvenir à ses besoins et à épauler ses parents restés au village. Pour lui, ce sont les importateurs de produits frauduleux qui doivent être interpellés et « non nous pauvres citoyens qui cherchons notre pitance quotidienne ».

Malgré son interpellation, en novembre dernier par la police, qui a saisi toute sa marchandise, Diallo ne désarme pas. Car, jure-t-il, tant que les artistes ne cessent pas de produire des albums, les marchands de cassettes ne chômeront jamais.

Sidiki Y. Dembélé

11 mai 2007.