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« Laissez mouton courir, Tabaski viendra. » a dit l’adage. C’est ce qu’on aimerait dire de cet opérateur économique, conseiller du président ATT et un présumé délinquant financier de classe exceptionnelle. Diadié Bah, puisque c’est de lui qu’il s’agit est l’un de ceux qui se cache derrière ce statut d’opérateur économique et de conseiller à présidence pour mieux profiter de l’argent du pauvre contribuable. Le voilà depuis un certains temps réclamant à l’Etat 2 milliards 900 millions avec la complicité de la justice malienne.

Diadié Bah

Usant de son influence de conseiller spécial à la présidence, cet opérateur économique ne recule devant rien. Il s’est longtemps joué de la justice malienne dans l’affaire des exonérations en s’octroyant les faveurs de certains juges contre espèces sonnantes et trébuchantes. L’on se rappelle de l’ascension fulgurante de sa société Nioumani.SA, qui s’est vu du jour au lendemain imposée sur le plan national comme l’une des plus grandes sociétés importatrices d’engrais au Mali. Il est d’ailleurs le seul opérateur ayant bénéficié de toutes les campagnes d’exonération et son quota du lot global. Qui pouvait refuser un marché au tout puissant conseiller spécial du président ATT et non moins membre du fameux Pdes ?

Ainsi, Diadié Bah aidé de son influence de membre du Pdes a pu hisser sa société à un niveau incroyable avec un chiffre d’affaires important, un parc automobile des plus fournis après Gdcm, acquis en l’espace de quelques années.

Ne reculant devant rien, il vient de réussir à l’aide de faux documents à faire condamner l’Etat à travers des agents du ministère de l’Agriculture à la dernière session de la cour d’assises, par l’arrêt n°192 du 13 décembre 2013 à lui payer la somme d’un milliards neuf cent douze mille cent trente huit Francs CFA à titre de dommages et intérêts, car il accuse ces agents de faux en écriture, corruption et complicité. Nioumani.SA estime avoir été lésé par ces agents dans le cadre de leur fonction et que leurs actes lui auraient causé, tenez-vous bien, un préjudice moral.

Sachant que l’Etat malien à travers le Ministère de l’Agriculture est civilement responsable des agents incriminés, il est le véritable condamné.

Le rappel des faits

Les faits remontent aux années 2008 et 2009 où le gouvernement dans le cadre de l’initiative riz a décidé de subventionner les engrais et semences certifiées en les faisant parvenir aux producteurs agricoles à travers des opérateurs économiques sur la base de cautions techniques délivrées par les services compétents du Ministère de l’Agriculture.

C’est ainsi que pour couvrir la campagne agricole 2010-2011, la société Nioumani.SA affirme avoir fourni aux producteurs de la région de Koulikoro des quantités d’intrants dont le montant s’est élevé à 3.431.065.251 FCFA, alors même que les besoins de la région en cette campagne sont estimés selon les structures d’Agriculture à 1.800 000 000 FCFA. A l’époque, les services techniques du ministère des finances et le ministre de l’agriculture en personne avaient condamné le montant hors norme de la Société Nioumani-SA.

Selon les explications qui nous ont été fournies, les travailleurs de la société, qui devaient exécuter le marché de livraison d’engrais, étaient bien au courant que plus des deux tiers des cautions étaient fausses. Ils savaient aussi que les informations y figurant (superficies, tonnages d’engrais, d’urée…, dates de livraisons et de réceptions…) étaient incorrectes. Malgré cela, ces travailleurs ont acheminé les documents jusqu’à la Direction de Gnoumani SA. Laquelle n’a pas hésité à présenter les cautions aux ministères de l’Agriculture et des Finances pour être payée par le Trésor public. Pour résumer la thèse des techniciens, si certains agents des services agricoles ont fauté, c’est naturellement avec la complicité des travailleurs de Gnoumani SA, y compris la Direction.

Mais le scandale financier a été évité à l’époque de justesse, grâce à la vigilance de la Direction nationale de l’agriculture, à quelques encablures de la tenue du Conseil Supérieur de l’Agriculture. Depuis, on sait que c’est sur le cercle de Kati que Diadié Bah et ses acolytes avaient jeté leur dévolu. D’ailleurs, c’est dans la même zone que la suspension de Gnoumani SA court toujours, pour ce qui concerne la livraison d’engrais.

Appelé à la barre à l’audience de la cour d’appel du 05 mars 2013, Moussa Camara, Directeur national adjoint de l’agriculture a répliqué en soutenant qu’il ne connait pas cet employé de commerce encore moins le rencontrer pour traiter une quelconque affaire de cautions » On a constaté un surplus de production de cautions techniques en dehors des zones ciblées. La quantité d’engrais annoncée n’a pas été fournie. Nous sommes formels », a-t-il ajouté.

Sur la même lancée, Daniel S. Kelema, Directeur National de l’agriculteur a indiqué qu’il « s’est rendu compte d’un dépassement de 175% de la facture de Gnoumani-SA de la subvention d’engrais de l’Etat. Selon lui, dans le rapport de mission portant sur 8 fournisseurs, des anomalies ont été décelées au niveau de la Société Gnoumani SA. » Le problème se situe au niveau de Kati avec 314 cautions qui sont fausses. Cependant, 143 cautions sont bonnes parce que la quantité d’engrais a été fournie. Le montant à payer est évalué à 121 Millions 700.000 FCFA. Les cautions sont délivrées en fonction de la superficie déterminée. Sur les 463 cautions, 314 ont été remises à qui de droit, a expliqué le Directeur national de l’agriculture.

Le représentant du Contentieux de l’Etat a, pour sa part, demandé à la Cour de mettre l’Etat hors de cause dans cette affaire de surfacturation de consommation d’engrais. Pour lui, il s’agit d’une entreprise frauduleuse. Et que la moralité de la société Gnoumani SA reste douteuse.

L’ultime démarche de l’opérateur économique-magouilleur fut en direction de Koulouba. Le Président de la République, Amadou Toumani Touré, très conciliateur, dont il était le conseiller, mais bien informé de la gravité du dossier, lui a fermé sa porte. Dans les jours qui suivirent cette rencontre avortée, ATT a démontré qu’il voulait faire jaillir la lumière dans cette sale affaire, en limogeant le Chef de la Brigade du Pôle économique et financier de Bamako. Celui-là même qui, selon nos sources, aurait tenu des propos «partiaux», lors des interrogatoires dans ce dossier. Il serait revenu aux oreilles du Chef de l’Etat que cet Officier – enquêteur voulait étouffer l’affaire, en faveur, bien sûr, de Diadié Bah.

Un pot aux roses bien déguisé

« A malin, malin et demi », dit l’adage. C’est au cours d’une inspection de routine portant sur les subventions de l’Etat que la société Gnoumani SA de Diadié Bah a été épinglée par les services techniques du Ministère de l’Agriculture qui ont découvert une importante fraude en procédant au recoupement des factures concernant les subventions. Ils ont découvert que « Gnoumani-Sa » du puissant conseiller du président ATT, Diadié Bah a produit deux factures d’un montant total de 2.223.754.443 CFA pour la seule Direction Régionale de l’Agriculture (DRA) de Koulikoro. Or il se trouve que l’ensemble des besoins de cette région ne dépasse pas 1, 8 Milliard CFA. Alors que plusieurs sociétés ont livré pour couvrir les besoins de la Région de Koulikoro, notamment : Somadeco, Société Mali Paysans sarl, Toguna, Smci sarl et « Gnoumani-Sa » de Diadié Bah qui réclame 2,2 milliards. Pendant qu’il n’a pas livré plus de 20% des engrais dans la région de Koulikoro.

Sur la base des informations qu’il a publiées, « Gnoumani-Sa » a plutôt livré dans les régions de Sikasso et Ségou. Et l’Etat, selon Diadié Bah, lui doit la somme de 3,4 milliards CFA. Si pour Sikasso et Ségou, les services techniques du ministère de l’Agriculture n’ont pas décelé d’anomalies à la date d’aujourd’hui, ce n’est pas le cas pour la région de Koulikoro. Ce qui fait dire aux autres fournisseurs que Diadié Bah monte les enchères en parlant de boycott afin de faire oublier ses fraudes dans la région de Koulikoro. Et si l’on sait que dans ce milieu tout le monde se connaît, c’est une peine perdue pour lui.

Diadié Bah récidive

Avec ce scandale financier dont il est le seul à avoir le secret, notre fameux opérateur économique n’est pas à son premier coup d’essai. L’on se rappelle volontiers les démêlées du même Diadié Bah dans les affaires du Paccem à Ségou et même du Pasaop. Dans ces deux affaires, il a toujours réclamé quelque chose qui ne lui est pas dû à tel point que sa société est mise sur la sellette de ces projets et programmes. Après ces affaires sulfureuses Paccem, Pasaop, c’est autour de l’Etat de se faire plumer par les soins de Diadié Bah.

Ne se limitant pas aux scandales financiers qui risquent de le bouffer avec sa société, Diadié Bah a longtemps été aussi cité dans l’affaire de l’assassinat de Moriba Yattassaye. Un jeune opérateur économique de Niono dont le corps a été retrouvé à quelques encablures des bureaux du sous préfet de la ville l’année dernière. Même si sa culpabilité n’a pas encore été établie, nombreux sont ceux qui voient sa main derrière cette ignominie.

Aujourd’hui, cette société on ne sait pas trop comment est arrivée à faire condamner l’Etat à travers des agents pour avoir été exclus de la fourniture des intrants agricoles dans le cadre de la subvention accordée par l’Etat aux producteurs aux motifs que les cautions techniques présentées étaient entachées de graves irrégularités. Mais pour qui connait, la moralité de certains robeux de notre pays, cette condamnation de l’Etat n’est pas surprenante. D’ailleurs, il y a à peine quelques semaines les pratiques peu orthodoxes de nos braves magistrats furent mises à nu et les intéressés sont sous les verrous.

Que l’Etat soit condamné s’il est coupable, mais de là à le condamner à cause d’individus malintentionnés qui ne pensent qu’à leur propres « panses » au détriment du pauvre contribuable est écœurant.

Cet homme a tellement de casseroles qu’il traine, qu’il a tout fait pour s’arroger une immunité parlementaire heureusement que les 9 sages de la cour constitutionnelle n’ont pas perdu le sens du devoir comme certains l’ont fait.

Ibk a dit que nul ne serait au dessus de la loi, qu’il en soit ainsi, afin que nul ne s’enrichisse plus impunément sur le dos de l’Etat.

Harber MAIGA

Le Prétoire du 6 janvier 2014.