Elles ont trait aux réformes nécessaires à opérer et aux mesures incitatives et d’accompagnement à prendre à court, moyen et long termes. Et cela dans les secteurs de l’énergie, des ressources humaines, des infrastructures, de la fiscalité et du financement.
Énergie, infrastructures, ressources humaines, financement et fiscalité sont les cinq axes de travail retenus par le bureau du Conseil national du patronat du Mali (CNPM) pour sa mandature 2022-2027. Chaque axe a été analysé par des experts afin de faire un état des lieux, connaitre les enjeux et défis, ressortir les difficultés liées et formuler des recommandations pour apporter des améliorations.
Après une première restitution et la prise en compte des observations et contributions, les résultats de ces travaux ont été présentés, samedi dernier, à la faveur d’une journée de restitution, organisée au siège du CNPM. L’événement a été marqué par la présence du ministre de l’Industrie et du Commerce, Moussa Alassane Diallo, des représentants des autres départements concernés et des acteurs du secteur privé.
Pour l’axe énergie, les recommandations portent sur la restructuration du secteur de l’électricité, la libéralisation du marché, la tarification et les subventions. Une autre recommandation formulée par les experts c’est la création d’un guichet unique logé à la Présidence pour accorder aux projets énergétiques l’attention qu’ils méritent en tant que projets structurants. Pour les infrastructures, le groupe d’experts a recommandé la sécurisation de l’emprise du réseau de transport, l’amélioration de la qualité et la sûreté du réseau, l’élargissement et la promotion du secteur du transport.
Cela pour un Mali plus attractif, plus accessible, plus intégré et plus juste. Ils ont aussi recommandé de renforcer et diversifier le financement du transport. S’agissant de la fiscalité, les experts ont indiqué la nécessité d’améliorer les rapports entre l’administration fiscale et les contribuables, mais également de la refonte du code général des impôts et la simplification des procédures fiscales. À l’attention de l’administration fiscale, il est recommandé d’élargir l’assiette fiscale, mieux gérer les contrôles fiscaux et de mobiliser des ressources pour faire face aux besoins de financement de l’État.
Les recommandations sont également nombreuses pour l’axe financement. Elles ont trait au développement des produits financiers sur mesure pour différents types d’entreprises, au renforcement des capacités d’analyse des risques, à la création des chaînes de valeur. S’y ajoutent la promotion et l’amélioration des mécanismes alternatifs de règlement des litiges tels que la médiation et l’arbitrage, l’implication des organisations représentatives telles que le CNPM dans le suivi et la facilitation des financements. Les experts ont aussi insisté sur la création d’une banque publique d’investissement avec délégation de gestion privée et l’établissement d’un cadre juridique harmonisé pour soutenir les mécanismes innovants de financement pour les Petites et moyennes entreprises (PME).
Concernant l’axe ressources humaines, les recommandations à court terme portent sur l’élaboration de statistiques fiables sur les diplômés arrivant sur le marché de l’emploi, la mise en place des outils d’évaluation des besoins des entreprises, la réalisation des réformes de la gouvernance des structures en charge de l’emploi et de la formation professionnelle… Autres recommandations du groupe de travail : promouvoir la mise en place d’une gestion informatisée du personnel notamment le Système intégré de gestion des ressources humaines (SIRH), instituer dans les entreprises le principe de la professionnalisation des fonctions Ressource humaine (RH), organiser au CNPM une activité médiatisée sur la publication annuelle des statistiques du marché du travail.
À moyen terme, il s’agit d’élaborer et promouvoir dans les entreprises les contrats types qui facilitent la connexion écoles – entreprises (stage, alternance, qualification, première embauche), négocier auprès du gouvernement la défiscalisation totale du contrat de première embauche pour une durée de 3 ans…
Et sur le long terme, les experts ont recommandé la mise en place d’un cadre de travail gouvernement – secteur privé pour redéfinir les filières de formation, la promotion de l’esprit d’entreprise et la culture de l’entrepreneuriat dans les écoles secondaires. Les spécialistes ont également prôné l’’encouragement des initiatives publiques et privées en faveur de l’industrialisation et du développement des secteurs porteurs.
«Le bureau du CNPM s’est tenu à réfléchir à un plan stratégique pour sa mandature. Ce plan a abouti à la mise en place de cinq groupes de travail qui ont planché sur l’énergie, les ressources humaines, les infrastructures, la fiscalité et le financement», a expliqué Mossadeck Bally. Selon le président CNPM, pendant plus de 8 mois, les membres de ces groupes composés du Patronat malien et autres spécialistes et professionnels, ont pu sortir un rapport et faire un diagnostic dans ces cinq thématiques majeures. Évoquant spécifiquement l’axe énergie, il a rappelé que nous avons moins de 800 Mégawatts (MW) installés dans notre pays. «Comment faire alors pour que justement nous ayons beaucoup plus d’énergie disponible, des coûts moindres et surtout qu’on revoit le mix énergétique. Parce que suivant les statistiques, 53% de notre énergie est d’origine thermique et cela est mauvais pour notre environnement», a-t-il soutenu.
Pour le premier responsable du CNPM, le développement de notre pays passe par son industrialisation. «Ce n’est pas en important et distribuant qu’on développe un pays. Le commerce est nécessaire mais c’est en transformant notre potentiel local qu’on va développer le pays. Pour cela, il faut de l’énergie, il faut des jeunes avec des formations adéquates, beaucoup de financements à des coûts raisonnables, des infrastructures, une fiscalité juste où tous les entrepreneurs payent les impôts», a daclaré Mossadeck Bally.
Le ministre de l’Industrie et du Commerce a remercié le bureau du CNPM pour avoir pris l’initiative de conduire cette réflexion stratégique. Pour Moussa Alassane Diallo, les cinq axes retenus sont prioritaires dans le développement économique du pays. Ils sont justes et pertinents, a-t-il jugé, ajoutant que les conclusions et recommandations qui viennent d’être présentées peuvent être de nature à orienter véritablement le partenariat entre le CNPM et le gouvernement, mais aussi les axes de développement économique et social. Moussa Alassane Diallo a estimé que ces cinq axes sont le socle sur lequel il faut se baser pour amorcer le développement de notre pays.
Babba COULIBALY
Source: L’Essor