Lancé en 2004 par le président de la République, le projet de développement des ressources halieutiques dans la retenue d’eau du lac de Sélingué est financé par la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) et le gouvernement du Mali pour 4,5 milliards de FCFA. Premier projet de développement de la pêche dans le Mali-sud, il vise à faire de la retenue du barrage de Sélingué qui renferme d’importantes réserves halieutiques un moteur de développement de la localité à travers la réalisation d’infrastructures liées aux activités économiques et à l’amélioration des conditions de vie des populations.
Après un peu moins de trois ans d’exécution, le projet de développement des ressources halieutiques dans la retenue d’eau du lac du barrage de Sélingué a atteint sa vitesse de croisière.
En tout cas c’est ce qui ressort de l’entretien que le Coordinateur du projet, Hinna Haïdara nous a accordé le samedi 10 mars dernier dans les locaux du projet à Sélingué. L’occasion était bonne pour lui de rappeler les objectifs du projet, de faire le point de leur état d’exécution et de soulever les difficultés rencontrées.
En effet, après la construction du barrage hydro-électrique de Sélingué, sa retenue d’eau est devenue un réservoir de poissons. Environ 90 espèces de poissons ont été enregistrées. Toutes choses qui ont entraîné un déplacement des pêcheurs des localités traditionnelles où cette activité se pratiquait vers la retenue de Sélingué.
Aujourd’hui on dénote 15 000 exploitants de la retenue d’eau, 74 campements de pêche dans la zone, 25 000 engins de pêche. La production annuelle de poisson est évaluée à 4 000 tonnes exportées vers la capitale. Cependant, force est de reconnaître que toutes les conditions ne sont pas réunies pour une exploitation optimale de cette ressource.
Ce projet d’une durée de quatre à cinq ans, est un projet intégré qui comprend, entre autres, la réalisation des infrastructures routières, de conservation et de traitement du poisson, le développement de la pisciculture, l’organisation des pêcheurs, la construction de deux écoles, de deux centres de santé…
Le coordinateur du projet, Hinna Haïdara dresse un bilan acceptable du niveau d’exécution du projet. Ainsi à la date d’aujourd’hui la réalisation des infrastructures qui comprend deux ports de pêche dans les villages de Faraba et de Carrière, la réfection ou la construction d’ouvrages hydrauliques, d’écoles, d’un centre de santé, est entièrement assurée.
La composante appui aux pêcheurs devant se traduire par leur organisation et la mise en place d’un fonds d’appui et des équipements de pêche. Ce volet est fait en collaboration avec la BNDA. Quant aux infrastructures routières, le marché a été attribué. Il en est de même pour l’électrification des installations de la chambre froide et des installations de pisciculture.
En tout cas, pour M. Haïdara « l’année 2007 sera celle de la phase de croisière avec le début effectif de l’ensemble des composantes« .
Le volet développement et promotion de la pisciculture retient une attention particulière.
Faire des pêcheurs des éleveurs de poisson
En effet, » avec les conditions climatiques d’aujourd’hui, avec les aménagements qui se font autour des cours d’eau, il ne faut pas s’attendre à ce que les poissons puissent se multiplier d’eux-mêmes. Il faut donc trouver des solutions alternatives d’élevage du poisson en créant les conditions d’une reproduction artificielle. Car si la pêche a toujours été considérée comme une activité de cueillette, il faut désormais que les pêcheurs puissent contribuer à la reproduction du poisson. C’est une activité qui peut se faire à plusieurs niveaux: familial, commercial et industriel » a déclaré M. Haïdara.
Avec autant de volets, il ne fait aucun doute que le projet contribue à la lutte contre la pauvreté. Car comme l’a affirmé M. Haïdara, « le projet à travers ses composantes va permettre de valoriser les produits, d’améliorer la qualité du poisson avant son évacuation sur le marché de la capitale mais aussi permettre un renforcement des capacités des professionnels du secteur de la pêche« . Les bénéficiaires, les autorités locales et tous les potentiels partenaires du projet, rassure M. Haïdara, sont impliqués dans son exécution à travers un cadre d’échange.
Quant à la gestion des structures qui seront créées, elle sera confiée à des comités de gestion.
Le projet qui avance bien est, à en croire son coordinateur, confronté à des problèmes de bouclage de financement. En effet, a-t-il dit « le projet a été évalué à un moment où le cours du dollar était d’un dollar pour 700 F CFA, alors qu’aujourd’hui la parité tourne autour de 500 F CFA. Ce qui va créer un trou que l’Etat et le partenaire sont en train de combler« .
Youssouf CAMARA
14 mars 2007.