De l’enquête effectuée sur lui, il ressort que Hamidou Traoré a fait beaucoup de soustractions frauduleuses sur différentes personnes dont Mamadou Bagayogo (1 900.000 FCFA), Chienton dit Albert (212 300 FCFA) et Ibrahim Haïdara (1 000 000 FCFA).
A la barre, l’indélicat soldat avait tenté de nier les faits avant d’être coincé par la Cour présidée par Sansana Coulibaly.
Pour l’Avocat Général, Yacouba Kéïta, les faits sont têtus. « L’incohérence dans les propos de l’accusé est assez révélatrice. Hamidou Traoré fait partie des catégories de soldats qui sont entrés dans l’armée faute de mieux ».
Par ces motifs, l’Avocat Général a demandé à la Cour de retenir M. Traoré dans les liens de l’accusation et de le punir conformément à la loi.
La Cour, dans le secret de sa délibération, a condamné le coupable à 10 ans de réclusion.
Allasane DIARRA *Envoyé spécial à Sikasso
RECONNUE COUPABLE DE COUP MORTEL
Mamou a été sauvée grâce à sa sincérité
Elle a seulement déclaré à la Cour, comme d’ailleurs à l’enquête préliminaire à Ségou, qu’elle a agi sous le poids de la colère et qu’elle regrette amèrement son forfait.
Pour les faits, nous sommes dans la nuit du 14 au 15 janvier 2004 lorsque Bourama Diaby dit Ba vint acheter de la nourriture chez Mamou.
Avant que son plat ne soit prêt, Ba demanda à la gargottière de lui acheter du pain et des cigarettes chez le boutiquier du coin.
Au moment de payer la note qui s’élevait à seulement 800 FCFA, Ba sort des liasses de billets de 5 000 et de 10 000 FCFA sur lesquelles il met de côté une coupure de 5 000 FCFA devant servir à régler la note.
Quand Mamou lui a remis la monnaie, il ramasse les sous et invita Mamou à aller prendre son dû dans sa chambre à lui, avant de lui avouer son amour. Quand la proposition fut rejetée par la gargottière, Ba n’a pas hésité à prendre la tangente.
Ainsi, Mamou alla chercher une connaissance du quartier, Baba Togo dit Kado Baba, afin de suivre les traces de Ba. Quand ce dernier fut retrouvé au bout du carré de sa maison familiale, une discussion s’ensuivit. Ba fait croire à Kado Baba que Mamou est là pour revendiquer le prix des relations sexuelles qu’elle a eues avec lui.
Une mauvaise blague, sans doute, qui a mis Mamou dans une colère noire. Ainsi, elle n’a pu s’empêcher de jeter en direction de Ba un couteau qu’elle avait en main. Le constat est amer. Ba est atteint à la poitrine. Transporté d’urgence à l’hôpital Nianakoro Fomba, la victime a rendu l’âme à la suite de ses blessures.
Interpellée par la police, Mamou a reconnu les faits, tout en soutenant que son acte n’était pas délibéré.
A la barre, elle a répété la même chose avec les larmes aux yeux. Mamou a expliqué son comportement par le fait de la colère. « Je suis une femme honnête, respectueuse qui a connu certes des difficultés dans un mariage forcé, mais je garde ma dignité et mon honneur. Je me bats dans cette dignité pour nourrir mes enfants, et on vient dire aux gens que je suis une prostituée. C’est une atteinte à mon honneur et ma dignité. C’est pourquoi, j’ai voulu me venger de Ba. Mais, encore une fois, je n’avais pas l’intention de le tuer ».
Avec ses lamentations Mamou a mis la salle en émoi. Certains assistants n’ont pu s’empêcher d’éclater en sanglots avec elle. C’était assez pathétique surtout quand le témoin Kado Baba a soutenu que quelqu’un lui a dit que Mamou avait, en réalité, demandé la somme de 10 000 FCFA pour les frais des relations sexuelles qu’elle a eues avec sa victime.
Du coup, Mamou s’est mise pleurer en poussant des cris d’étonnement. L’émotion est devenue insoutenable quand le frère du défunt, Abdoul Aziz est venu soutenir à la barre que sa famille n’a pas souhaité voir Mamou devant les assises.
« Depuis Ségou, nous avons demandé aux autorités de surseoir à l’affaire. Nous ne connaissons pas Mamou, mais de la façon dont les choses se sont déroulées, nous avons compris qu’il n’y avait aucune intention préméditée de la part de Mamou. Nous sommes des croyants et nous avons pardonné à Mamou. Messieurs et Mesdames de la Cour qu’il vous plaise de pardonner à votre tour à Mamou. Voilà ce que ma famille m’a demandé de vous transmettre».
Dans son réquisitoire, l’Avocat Général Yacouba Kéïta a souligné que les faits ne souffrent d’aucune ambiguïté.
« Mamou n’a jamais contesté les faits. Pour cela, elle doit être retenue dans les liens de l’accusation ».
Cependant, au regard de la situation, il a demandé à la Cour de prononcer une peine légère à l’encontre de la coupable afin qu’elle puisse retourner chez elle dès qu’elle franchit les portes du prétoire.
En fin de compte, la Cour, dans sa grande magnanimité, a infligé à Mamou une peine taillée sur mesure en la condamnant à 16 mois de prison ferme, une peine que la durée de sa détention préventive couvre largement.
Ainsi, Mamou recouvre sa liberté grâce à sa sincérité.
Alassane DIARRA Envoyé spécial à Sikasso
10 juin 2005