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Après le bombardement d’une partie de la Corée du Sud par leurs voisins du Nord, la communauté internationale, avec en tête, les Etats-Unis n’a pas caché son amertume et ses inquiétudes face à une situation susceptible de dégénérer. La Chine qui est un partenaire inaliénable de la Corée du Nord a été mise à contribution pour le dénouement de ce conflit lancinant, mais à y voir de près, l’on se demande si l’on ne se dirigerait pas finalement vers une autre bipolarisation du monde, comme après la deuxième guerre mondiale.
La Corée du Nord a bombardé mardi l’île sud-coréenne de Yeonpyeong faisant plusieurs blessés et occasionnant la mort de deux soldats sud coréens en détachement sur le même lieu. La Corée du Sud s’est bornée à proférer des menaces de représailles si jamais Pyongyang répétait une telle « abomination ».

Les Coréens du Nord n’ont pas apprécié des séances d’entraînement de militaires de leurs rivaux du Sud sur un site situé juste au-dessus de la ligne frontalière décrétée par les Nations unies après la guerre de Corée au début des années 1950. De la fin de cette guerre à nos jours, des conflits sporadiques ont souvent opposé ces deux pays d’Asie. Craignant une escalade des violences, la communauté internationale a toujours été présente pour jouer aux pompiers.

Cette énième confrontation entre les deux Corées a encore engendré une pléiade de réactions à travers le monde. Les grandes puissances ont tout de suite sorti leur armada diplomatique empreinte de messages de condamnation contre Pyongyang. Seulement la Chine, défenseur infaillible de la Corée du Nord, s’est montrée souple avec son alliée, souhaitant que les deux parties reviennent à la table afin de parvenir à une issue favorable. Cependant, la remarque qui saute le plus à l’œil est cette transversalité entre les Etats-Unis et l’Empire du milieu, chacun défendant de son côté son associé. Au moment où les Etats-Unis se disent prêts à tout pour soutenir Séoul, la Chine n’entend pas reculer d’un iota dans son élan d’appui constant à Pyongyang.
« La Corée du Sud est notre alliée depuis la guerre coréenne.

Nous réitérons notre détermination à défendre ce pays dans le cadre de cette alliance. C’est pourquoi, nous allons nous joindre à la communauté internationale pour faire plus de pression sur la Corée du Nord », a promis mardi le président américain Barack Obama. Quelques heures seulement après ces propos d’Obama, les Etats-Unis se sont tournés vers la Chine pour l’inciter à faire revenir son « poulain » sur le bon chemin.

La Chine en joker

Seule la Chine semble être capable de fléchir la récalcitrante Corée du Nord. Mais dans le dossier nord coréen, la Chine ne se montre pas assez rassurante d’autant plus que les relations entre cette dernière et son protégé sont presque indéboulonnables. Ce qui fait dire aux spécialistes des sciences politiques que quels que soient les moyens de pression de la communauté internationale, la Chine ne lâchera pas la Corée du nord. Or dans un tel contexte, le régime dynastique nord-coréen s’en sortirait toujours ragaillardi.

L’histoire retient que lors de la guerre de Corée, Mao Zedong, qui avait envoyé des milliers de soldats pour défendre la Corée du Nord, avait comparé les liens entre les deux nations à une relation entre « les lèvres et les dents ». Un demi-siècle après, la donne n’a pas vraiment changé. La Chine et la Corée du Nord partagent le même système de gouvernance, à savoir le communisme. Aussi la Chine voudrait-elle empêcher la chute de cette nation isolée sur la scène internationale en ce sens qu’un effondrement du régime nord coréen engendrerait un flux d’immigrés vers l’Empire du milieu.

Au demeurant, la Corée du nord sert de « coussin » entre la Chine et la Corée du Sud, un allié militaire américain. Soucieux de la sauvegarde de la paix et la sécurité internationale, les Etats-Unis sont conscients que leur salut ne viendra que de la Chine. Mais cette dernière invite l’administration américaine à revenir à la reprise des négociations à 6 pays (les deux Corées, la Russie, le Japon, la Chine, les Etats-Unis), dont l’objectif était de dissuader Pyongyang de poursuivre son programme d’enrichissement nucléaire.

Ces pourparlers avait accusé un coup dur quand la Corée du Nord, comme pour avoir plus de concessions de la communauté internationale, avait mis fin aux négociations en décidant finalement de poursuivre son programme nucléaire.

Adepte des chantages, la Corée du Nord a toutes les cartes en main pour se faire entendre. Et ce bombardement lui attire plus l’attention de la communauté internationale. Surtout qu’un scientifique américain vient de révéler l’existence d’un programme d’enrichissement d’uranium en Corée du Nord.

Ogopémo Ouologuem

(correspondant aux USA)

26 Novembre 2010.