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Les populations de la région de Kidal, ont commencé à se lasser de la situation de crise sécuritaire et alimentaire dans laquelle elles vivent depuis que l’un des leurs, Ibrahim Ag Bahanga a repris, au mois d’août dernier, le maquis, malgré les bonnes perspectives qui s’offraient à la région suite à la signature des accords d’Alger. Notre envoyé spécial fait le point.

Pour beaucoup de Kidalois, cette crise, engendrée par le seul fait de la menace de Ibrahim Bahanga, est une situation qui n’a que trop duré et qu’il faut y mettre fin. Ces derniers temps, des exigences fusent de tous les cotés, sommant le chef rebelle de libérer les otages.

Les populations des quatre cercles de la région viennent, à travers une importante assemblée générale, de montrer à Bahanga le chemin qui est désormais le leur, celui de la paix et de la réconciliation qui passe par la libération inconditionnelle des otages.

Ceci d’autant plus que c’est une véritable pénurie alimentaire que son acte fait endurer aux populations de la région frappées par une montée en flèche des prix denrées de première nécessité, telles que le riz, le sucre et lait.

Le lait, très consommé par les ménages, n’est plus qu’à la portée d’une minorité, son prix ayant doublé depuis le début de la crise, passant de 1 000 à 2 000 FCFA. Le sucre est cédé à 500 F le kilo contre 400 F CFA aujourd’hui.

Cette pénurie risque de perdurer aussi longtemps que Bahanga et ses hommes resteront dans le maquis. « C’est à cause de ce problème que nombre de projets ont plié bagages et que d’autres qui étaient sur le point de s’installer à Kidal ont rebroussé chemin du fait de l’insécurité », confie un boutiquier du quartier Etambar.

Face à cette situation, la communauté des Kounta vient de publier à Kidal, à l’issue d’une récente concertation, un communiqué invitant Bahanga à libérer les otages pour le rétablissement de la paix « sans laquelle aucun développement ne peut se faire ».

Haro sur Bahanga

Les députés des quatre cercles de la région (Tinzawaten, Tessalit, Abeibara et Kidal) ont abondé dans le même sens, en invitant, au cours d’une assemblée générale, toutes les sensibilités à se prononcer sur le cas Bahanga.

« Nous sommes de cette région, donc sa stabilité nous interpelle en premier lieu. En tant que natifs de la localité, on s’est dit qu’il n’est plus question de laisser Bahanga seul hypothéquer notre avenir. Après notre assemblée, nous avons dépêché une mission conduite par Iyad auprès de lui pour le rencontrer et lui faire part de ce que nous exigeons de lui, à savoir, non seulement qu’il libère dans les plus brefs délais les otages, mais aussi qu’il retire de la zone de Tinzawaten toutes les mines qu’il a posées », nous a déclaré Algabass Ag Intalla, député de Kidal.

Après lui avoir indiqué la gravité de son acte, poursuit le parlementaire, nous l’avons invité à prendre très vite le chemin de la paix.

Un autre député de la région, Mohamed Ag Bibi explique : « La question Bahanga est certes une question purement malienne. Mais, il faut tenir compte de l’influence du voisin Algérien où le chef rebelle a trouvé refuge. Notre président Iyad l’a rencontré là bas et lui a fait part de la décision des populations de la région désormais acquise au retour de la paix ».

Le rebelle coincé

Pour Ag Bibi, cette démarche qui est une initiative purement interne des ressortissants de la région, ne doit en principe pas tarder à porter fruit. « Notre conviction est que, pour la paix et la stabilité de notre localité, Bahanga ne doit plus exiger des conditions à la libération des otages. Nous éperons que cette libération soit obtenue très bientôt ».

Après des concertations infructueuses, lundi dernier, en Algérie, le chef rebelle, comme nous vous indiquions dans notre précédente parution, s’est rendu en Libye le lendemain en compagnie de Iyad Ag Ghaly qui insiste auprès de lui pour obtenir cette libération.

Mais, selon des sources bien renseignées, jusqu’à vendredi dernier, le chef rebelle n’avait pas été reçu par le Guide libyen, auprès de qui Bahanga a l’intention de monnayer la libération des otages.

D’autres informations concordantes justifient le refus du Guide de le recevoir par le fait qu’il est actuellement très remonté contre le bandit à qui il reprocherait de trop s’entêter à garder les otages.

Au cas où Kadhafi ne prenait aucune garantie pour lui, il serait très difficile pour le chef rebelle de garder encore longtemps ses otages.

Oumar Diamoye,

Envoyé spécial à Kidal

12 novembre 2007.