Le porte-parole du Conseil national pour le salut du peuple, le colonel-major Ismaël Wagué, en a fait l’annonce hier au cours d’une conférence de presse. Le Collège devant désigner les responsables du pouvoir intérimaire est en train d’être constitué.
C’est hier, dans la matinée, que le Conseil national pour le salut du peuple (CNSP) a engagé le processus de constitution du Collège devant désigner le président et le Premier ministre de la transition. On en sait très peu des critères de désignation de ses membres. Par contre, le porte-parole du CNSP, le colonel-major Ismaël Wagué, a indiqué, hier après-midi à Kati, que ce collège sera composé de militaires, de représentants de la société civile et d’autres sensibilités de la nation. C’était à la faveur d’une conférence de presse consacrée à la restitution des conclusions du mini-sommet de la Cedeao à Accra (Ghana), auquel le président du CNSP avait pris part mardi dernier.
En engageant le processus de mise en place du Collège devant désigner les dirigeants de la transition, quelques heures seulement après la rencontre d’Accra, le CNSP veut, conformément au souhait des chefs d’État de la Cedeao, mettre rapidement en place un président et un Premier ministre pour diriger la transition. Les dirigeants ouest-africains avaient donné une semaine à cet effet, à compter du 15 septembre. Aussi, avaient-ils exigé que le président et le Premier ministre soient des civils. Cette exigence sera-t-elle satisfaite ? Le suspense demeure.
Le porte-parole du CNSP n’écarte pas l’hypothèse de la désignation d’un militaire par le Collège pour diriger la transition. Il a rappelé que cela est d’ailleurs le souhait exprimé, lors de la concertation nationale, par la grande majorité des Maliens. Cependant, il n’exclut pas non plus l’idée de la concession que pourrait consentir le CNSP si le choix d’un militaire devait compliquer davantage la situation de notre pays.
Dans tous les cas, les militaires s’engagent à respecter ce qu’aura décidé le Collège qui, selon Ismaël Wagué, intégrera dans ses analyses aussi bien les conclusions de la concertation nationale que la position de la communauté internationale.
Par contre, il est connu que les fonctions de vice-président et de président du Conseil national de la transition, qui est considéré comme l’organe législatif, seront assumées par des militaires.
Lors de cette rencontre avec la presse, le porte-parole du CNSP a fait un compte rendu des échanges que le colonel Assimi Goïta a eus avec les chefs d’État de la Cedeao. Le chef du CNSP a fait le voyage de la capitale ghanéenne pour présenter les conclusions de la concertation nationale et plaider pour la levée ou l’assouplissement des sanctions prises par l’organisation communautaire contre notre pays.
À l’issue des échanges, le CNSP n’a pas eu de suite favorable. Les dirigeants ouest-africains ont en effet conditionné la levée des sanctions à la mise en place d’une transition civile. «Ils voulaient que nous donnions un avis favorable à cette requête, dès aujourd’hui, pour qu’on puisse se quitter sur un accord avec un communiqué à la fin, a relaté l’officier supérieur. Mais nous leur avons dit que nous n’avions pas ce mandat».
Malgré l’intransigeance des chefs d’État, le colonel-major a estimé que ce déplacement à Accra n’a pas été un échec. En effet, selon lui, l’invitation du président du CNSP à ce mini-sommet est une forme de reconnaissance de son statut de chef d’État.
Aussi, ce déplacement leur a permis d’expliquer de vive-voix la situation réelle au Mali et de partager la feuille de route et la charte issues de la concertation nationale. Mieux, le CNSP a réussi à convaincre ses interlocuteurs d’étendre la période de transition à 18 mois, au lieu des 12 initialement indiqués par l’institution sous-régionale.
Issa Dembélé
L’Essor du 17 Septembre 2020