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Ce que les électeurs, la société civile et la classe politique redoutaient est en train de se produire, lentement, mais sûrement. En effet, bien des Maliens s’attendaient à ce que la figuration de candidats indépendants sur les listes de certains partis politiques, lors des élections législatives, posât de futurs ennuis à ces partis, au moment des négociations relatives à la formation du futur bureau parlementaire de l’Assemblée nationale.


La donne des indépendants

Les observateurs bien avertis des jeux politiques avaient pourtant prédit ce “début du commencement”. Et quand on sait que les enjeux liés à la formation de ce bureau parlementaire sont tributaires de toutes sortes de tractations et conciliabules-souvent nocturnes et à domicile, on ne peut être surpris des velléités de certains élus indépendants… de reprendre leur indépendance, soit en restant indépendants, soit en intégrant d’autres partis qui auront peut-être su leur proposer des avantages plus “alléchants”.

Autant dire qu’on assistera, sous peu, à des guégueres entre partis élus, au cours de laquelle chaque parti jouera son va-tout pour débaucher le plus grand nombre d’élus indépendants. Ainsi, certains de ces partis verront le nombre de leurs élus tronqué, tandis que d’autres augmenteront le leur.

Cette nouvelle donnne posée par les élus Indépendants, en plus de diminuer leur nombre-pour l’heure, ils sont au nombre de 15, risque de remettre en cause les premières négociations entreprises, jusque-là, par les deux têtes de peloton qui ont engrangé le plus grand nombre de députés élus : l’Adema et l’URD.


Menace sur les partis élus

Pour l’heure, le premier parti menacé de désertion est l’un de ceux qui se débattent le plus, non seulement pour garder son équilibre politique, mais aussi pour mieux se positionner au sein du futur bureau parlementaire : l’URD. C’est dire que l’assurance affichée par l’actuel Vice-Président de ce parti, Me Abdoul Wahab Berthé, est aléatoire qui pourrait bien tomber à l’eau. L’ancien fondateur de l’ex-PMDR affirmait, en effet, qu’aucun élu ne pouvait être débauché de l’URD.

Mais le démenti vient d’être démontré par des velléités de départ, sinon de désertion, de certains candidats indépendants qui avaient concouru, lors des législatives, sur des listes du parti de “la poignée de mains”.

L’on se rappele que 7 députés indépendants ont été élus sous la bannière de l’URD : 3 à Sikasso, 1 à Djenné, 1 à Koro, 1 à Bafoulabé, et 1 à Yélimané. De source émanant d’un militant de l’URD même, certains de ces indépendants sont désireux de prendre, du moins de reprendre leur liberté. En un mot, ils veulent quitter le parti, après s’en être servis pour leurs fins électorales.

Or, cette désertion,ou ce départ-que bien des militants URD n’ont pas hésité à qualifier de trahison-, affectera sûrement l’effectif des élus URD (34), sur la base duquel le parti peut, jusque là, se prévaloir de sa place privilégiée par rapport aux autres partis devant sièger à l’Hémicycle. Un effectif qui confère aussi, à l’URD, cette prérogative de négocier le partage des postes parlementaires avec le parti dominant, l’ADEMA.

Le moins que l’URD est tenu de faire donc, c’est de tout mettre en oeuvre pour maintenir coûte que coûte ces élus indépendants au sein du parti, quitte à les y faire adhérer définitivement. Ce qui n’ira pas sans que Younoussi Touré “lâche du lest”, autrement dit, sans que son parti consente des concessions à ces indépendants, pour leur maintien.

Autant dire que ces indépendants animés d’une volonté de départ ne négocieront pas “sur le dos de la cuillère”, s’ils devaient rester dans le parti : ils marchanderont dur pour obtenir des garanties en contrepartie.

Reste à savoir si, malgré des assurances et concessions, ils ne seraient pas résolus de prendre leur indépendance, ou à se laisser tenter par d’autres offres plus “alléchantes” émanant d’autres partis élus.

En tout état de cause, l’allié politique de circonstance de l’URD, l’Adema, n’est pas non plus à l’abri de ce début de débauchage ou de désertion d’élus indépendants. Ni les autres partis minoritaires qui sont, du reste, les plus exposés à la menace, en raison même de leur nombre d’élus.

Aussi, certains électeurs attribuent ce début de débauchage des élus indépendants de l’URD à une oeuvre de l’Adema. Une façon, pour le parti de l’abeille, d’affaiblir l’URD en “allégeant” le poids de ses élus et lui imposer ainsi ses diktats concernant la distribution des postes parlementaires. Toujours est-il que, si le cas se concrétisait, les relations Adema-URD risquent sous peu d’en prendre un sacré coup.

Oumar DIAWARA

27 août 2007.