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Le Mali, de par sa position géographique, s’étend au coeur de l’Afrique de l’Ouest sur une superficie de 1 241 238 km2, entouré par sept pays. Cet enclavement et l’étendue du territoire, 35,5 % de la superficie de l’espace UEMOA, posent d’énormes difficultés de circulation des personnes et des biens.

Le programme de travail de l’année 2005 a été bâti sous le double signe du réalisme et du résultat. Parmi les partenaires du Mali sur le front du désenclavement, on peut citer l’Union Européenne, la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement, la Banque Ouest-Africaine pour le Développement, la Banque Islamique de Développement, les Fonds OPEP, Koweitien et Saoudien, la BADEA pour ne citer que ceux-ci.

La route précède le développement

La récente réunion des ministres en charge des transports et infrastructures des pays membres du programme de politiques de transport en Afrique subsaharienne (SSATP), tenu à Bamako les 16 et 17 novembre 2005, a conclu que « le transport est un pilier essentiel de la lutte contre la pauvreté ».

Aussi, les bailleurs de fonds se sont ils engagés à financer les projets de désenclavement au même titre que ceux de la santé et de l’éducation. Pour la simple raison « qu’on ne peut accéder au meilleur centre de santé ou à la meilleure école sans la route ».

Voilà qui renforce la vision du Mali: axer l’un des ses objectifs majeurs de développement sur la construction des infrastructures routières et d’ouvrages d’art.

En 2005, on a pu noter une kyrielle d’actions : l’inauguration des ponts de Nianandougou dans le cercle de Bougouni, Tiendaga et Kankela dans le cercle de Kolondiéba, l’inauguration des pistes rurales Dioïla Massigui-Koualé, Dioila-Sorokoro et Djenné Mougna Saye dans les régions de Ségou et Mopti.

S’y ajoutent le lancement des travaux de bitumage des routes Didiéni-Diéma, dernier maillon pour relier Bamako au port de Dakar par le Sahel occidental, Dièma-Nioro pour relier le port de Nouakchott en Mauritanie, Koulikoro-Banamba pour faciliter un approvisionnement en riz des zones urbaines à partir des terres de l’Ofrice du Niger.

Plus de 19 000 kilomètres de routes

Quant à la route Kati-Kita, elle amorce la liaison Bamako Dakar par le Sud, alors que celle de Bamako-Bougouni est le premier maillon qui va de la capitale au port d’Abidjan en Côte d’Ivoire.

Aujourd’hui, le Mali dispose de 19 912 km de routes dont 3 717 km de routes bitumées, 11 498 km de routes en terre moderne et 4 707 km de pistes rurales. D’autres infrastructures sont en cours d’exécution depuis plus d’un an.

Il s’agit du pont sur le fleuve Niger à Gao et de ses voies d’accès. La fin des travaux est prévue pour mars 2006. « Ce pont est un véritable nombril entre Bamako et Niamey » aurait relevé, en son temps, le président de la République.

Le bitumage de la route Kayes-Kidira au Sénégal, débuté en mai 2005 est en phase terminale. La route en terre moderne Tombouctou-Tonka-Goundam-Diré, qui devra assurer l’approvisionnement en bétail et en blé à partir du Nord, vient d’être réceptionnée.
Le chantier Kita-Krouninkoto-Diankounté Camara, pour l’évacuation de l’immense production agricole de la zone dont le coton, devra prendre fin courant 2006. L’achèvement des travaux de bitumage de la route Bamako-Naréna va, sans doute, boucler la liaison Bamako-Conakry, le port le plus proche avec une distance de 960 km.

Multiplier les chantiers à travers le pays

Dans les prévisions, on retient non seulement le suivi de l’évolution de ces chantiers, mais aussi le lancement d’autres parmi lesquels Gao-Ansongo-Labbezanga frontière du Niger, long de 205 km pour une large ouverture vers le Nigeria et l’Afrique Centrale, KayesDiamou-Bafoulabé, 160 km, pour la mise en valeur des gisements de calcaire et de marbre, Bougouni-Sikasso, 210 km, vers la Côte d’Ivoire, Bougouni-Yanfolila-Kalana, 150 km ainsi que Sévaré-Gao, 558 km.

Dans cet ambitieux programme, on retient le projet sous-régional Kita-Kéniéba-Saraya au Sénégal sur 310 km dont 259 au Mali. Ce projet, au delà de son aspect intégrationniste, est une autre opportunité pour mettre en valeur la production agro-sylvo-pastorale et minière de la zone par le sud. La part du Mali dans ce projet s’élève à 39,100 milliards de F CFA.

L’ambition du Gouvernement, soutient le ministre Abdoulaye Koïta, « est de maintenir le Mali en chantier par l’ouverture de plusieurs corridors d’approvisionnement à partir des ports de la sous-région.C’est là tout l’intérêt de la politique de diversification des voies d’accès à la mer mettant en compétition les administrations portuaires pour assurer une meilleure efficacité du transport en terme de gain, de temps et de coût« .

Ainsi, il est envisagé la construction de 400 km de pistes rurales, 350 km de routes en terre moderne et plus de 1300 km de routes bitumées d’ici à la fin 2007.

Quant à l’entretien routier, il est prévu pour 2006 et 2007 respectivement 11,5 milliards et 13 milliards de francs CFA contre 8,3 milliards en 2005. Dans la même perspective de protéger les routes, des postes de péage pesage sont en passe d’être installés sur les routes bitumées interurbaines du pays, ainsi que l’augmentation des redevances sur les produits pétroliers.

Des innovations faites à la faveur de ces travaux méritent d’être soulignées: tous les projets de routes sont accompagnés de création de forages dans les villages traversés. Ce qui a pour avantages, entre autres, de réduire le temps de transport d’eau surtout au niveau des filles en âge de scolarisation d’une part, et de préserver la santé des populations concernées, d’autre part.

La plantation d’arbres et la réalisation de retenues d’eau améliorent sensiblement l’état de l’environnement le long des routes. A ceci, il faut ajouter la sensibilisation contre le VIH-Sida aussi bien pendant la durée des chantiers qu’après leur achèvement.

La restructuration du secteur des transports

Dans le domaine du transport proprement dit, la restructuration des entreprises publiques permet de promouvoir une participation plus importante du secteur privé dans la fourniture de services et l’exécution des travaux.

Dans le domaine du transport terrestre et maritime, le Mali dispose d’entrepôts dans les ports de la sous-région. Les chargeurs ont été organisés au sein d’une organisation dénommée Conseil Malien des Chargeurs (CMC), dotée d’une capacité de négociation en vue de réduire les coûts de transport. Cela, afin que les produits reviennent moins chers aux consommateurs finaux.

Les transporteurs ont été, de la même manière, regroupés au sein du Conseil Malien des Transporteurs Routiers pour un meilleur acheminement des produits vers les zones de consommation. Ce Conseil devient un interlocuteur essentiel de I’Etat pour négocier les questions de transport comme le renouvellement du parc auto.

La gestion de la voie ferrée Dakar-Bamako, longue de 1 286 km, a été mise en concession suite à une volonté des Etats du Mali et du Sénégal dans l’objectif d’améliorer la compétitivité du transport ferroviaire sur l’axe Bamako Dakar la gestion commerciale, financière et technique de l’activité ferroviaire.

Cette démarche est, pour le moins, inédite puisque c’est la première fois que deux Etats souverains décident d’une telle concession. Des démarches sont en cours pour acquérir du matériel roulant pour le trafic voyageur en 2006, ce qui donnera à cette activité un souffle nouveau.

Dans le domaine de l’aéronautique civile, il s’agit d’améliorer les questions de sécurité et de sûreté et de développer une véritable culture du transport aérien au niveau des citoyens maliens eu égard à l’immensité du territoire.
D’où le lancement de la Compagnie aérienne du Mali (CAM) dont le vol inaugural a eu lieu le 7 juin 2005.

On peut aussi citer les services d’assistance à l’escale améliorés et le siège de l’Institut Aérien des Métiers de l’Aérien construit avec l’appui de l’ASECNA et d’Air France. En plus de l’aéroport de Bamako-Sénou, le Mali dispose de cinq autres aéroports aux normes internationales susceptibles de mettre en valeur les sites touristiques du pays.

Il s’agit des aéroports de Gao, Tombouctou, Mopti, Kayes et Sikasso. Pour le volet navigation fluviale, on retient que le Mali est traversé par les fleuves Niger et Sénégal sérieusement menacés par l’ensablement. L’heure est à la recherche de financements pour l’obtention de bateaux à fond plat plus pratiques sur nos cours d’eau et le dragage des fleuves. Le transport fluvial est assuré par la COMANAV et les pinassiers regroupés, par endroit, en coopératives de transporteurs fluviaux.

Vers l’amélioration du cadre de vie en zones urbaines

Dans le souci d’améliorer le cadre de vie des populations en zone urbaine, le Mali prévoit la construction de cinq km de voies bitumées dans sept villes secondaires, à savoir Kita, Bougouni, Koutiala, San, Bandiagara, Tombouctou et Gao.

Quant à la capitale Bamako, elle a bénéficié de l’aménagement de l’Avenue AI Qods le long des rails sur 1200 m, l’aménagement de l’Avenue de l’Indépendance à la faveur du Sommet Afrique France sur une longueur de 1 500 m avec la création d’aires de jeux, de repos et de parking. Le marché central et ses voies d’accès ont été entièrement bitumés et rénovés.

Le chantier de la Cité administrative dont la première phase a été lancée il y a deux ans, pour 27 milliards de Fcfa, continue de sortir de terre. C’est l’un des fleurons de la coopération entre le Mali et la Libye. Ces bâtiments, une fois terminés, vont engendrer un trafic intense au niveau du rond-point de la Colombe. C’est pour prévenir les désagréments liés à une telle situation que le Gouvernement envisage de construire un échangeur avec double voie et diverses passerelles.

Les infrastructures de transport, au-delà de leur rôle fondamental de facilitation des échanges, permettent la mise en valeur des immenses ressources agricoles, pastorales, minières et éco touristiques dont regorge le Mali.

Elles favorisent également l’intégration sans laquelle la mondialisation dont on parle, est un vain mot. Voilà pourquoi, le président ATT a inscrit le désenclavement intérieur et extérieur comme une priorité de l’action gouvernementale.

Paul MBEN

25 janvier 2006.