La candidate Adéma, Mme Fanta Traoré, avait gagné la première manche avec près de 6000 voix de différence sur son adversaire du RPM, Housseini Guindo. La situation semble totalement renversée au profit du RPM au second tour qui s’est joué dimanche dernier.
Les résultats officiels provisoires donnent le parti d’Ibrahim Boubacar Kéita gagnant avec 29 114 voix contre 26 449, (51,96 % pour M. Guindo contre 47,20 % pour Mme Traoré), soit 2665 voix d’écart pour un taux de participation de 19,54 %.
Cette déroute électorale tombe au plus mauvais moment pour l’Adéma dont les responsables se livrent une guerre de positionnement pour un soutien électoral à ATT en 2007. Ce soutien cache à peine la velléité du parti de l’Abeille de reconquérir le pouvoir.
A un an et 5 mois des élections générales de 2007, le parti doit tirer toutes les leçons de cette défaite qui constitue en soi un test grandeur nature à l’orée des joutes. Par ce verdict, Dieu, dans son Omnipotence, vient de trancher entre ceux qui pensent que le retour de l’Adéma aux affaires passe forcément par ATT et ceux qui soutiennent le contraire.
David contre Goliath
Des responsables du parti n’ont pourtant pas manqué de manifester leurs inquiétudes face à un soutien électoral à ATT comme moyen de gagner les élections.
« L’argument qui consiste à dire qu’en soutenant ATT, nous allons gagner les législatives ne repose sur aucun fait avéré. L’expérience montre que tous les partis qui soutiennent le président n’en tirent pas bénéfice. Les partis de l’ACC n’ont pas 10 % à l’Assemblée nationale et pourtant les législatives se sont tenues deux mois après les présidentielles. Aucun parti membre de l’ACC n’a obtenu 2 % aux communales de 2004. Le Parena qui a franchi cette barre a battu campagne sur la base de son programme… », a fait valoir le 1er vice-président de l’Adéma, Soumeylou Boubèye Maïga, chef de file des « anti » ATT à la 7e conférence nationale.
A Sikasso, le RPM était contre tous. L’Adéma était soutenu par de grosses pointures de l’appareil d’Etat non moins ressortissants du Kénédougou, le Mouvement citoyen (proche d’ATT) et d’autres partis politiques et non des moindres sans compter que la candidate est l’épouse du DG de la Sécurité d’Etat.
Qu’il s’agisse du ministre Djibril Tangara du Développement social, de la Solidarité et des Personnes âgées, d’Adama Nampounoun Diarra, DG du Fonds de solidarité nationale, de M. Togola, DG de l’Agetier, etc., chacun a mouillé le maillot pour donner une victoire propre à la candidate. En vain.
Les militants qui sont en déphasage avec le sommet en ont décidé autrement. Ils ont tout simplement refusé les consignes de vote permettant ainsi au RPM de renverser la vapeur.
Abdrahamane Dicko
16 novembre 2005.