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Pour son 2e mandat à la tête de l’Etat, le président ATT propose au peuple le Programme de développement économique et social (PDES). Un programme ambitieux qui touche à tout. Il est légitime qu’il soit ambitieux pour son pays et son peuple, mais seulement depuis la mise en place de ce vaste projet de développement, les difficultés s’accroissent et l’on a du mal à sentir le PDES dans sa réalisation.

L’argent faisant défaut, la mise en œuvre de « l’Initiative riz » a été laborieuse parce que les bailleurs ne se sont pas pressés de mettre la main à la poche. Maintenant, l’éducation, la santé, l’énergie, l’économie… attendent.

Les travaux du Forum national sur l’éducation sont en cours, ceux sur la corruption également. En attendant des dénouements, le quotidien est dominé par la pauvreté, la vie chère. A voir l’état de la nation et la tournure des événements dans le pays, on ne peut que constater deux éléments essentiels qui manquent au PDES.

Primo, le manque de cohésion sociale. Secundo, l’incapacité du gouvernement à générer des ressources pour financer son programme. Avant le PDES, il fallait travailler d’arrache-pied à évacuer les discordes nées du premier mandat. La population active a été frustrée sur beaucoup de choses : les revendications corporatistes, politiques et sociales.

Il fallait longuement analyser ces problèmes afin de trouver une solution durable. La mise en quarantaine de toutes ou parties de ces revendications a eu raison de la confiance que les gouvernés plaçaient aux gouvernants. Ce qui, du coup, a créé un climat de méfiance frôlant le désamour.

Comment peut-on mettre en pratique un programme de développement dans un pays où les gens ne se font plus confiance ? Ou bien on se lance dans une action d’envergure de réconciliation ou bien il faut repenser le PDES.
Préalables

L’échec des mesures prises pour atténuer la montée des prix, la crise de l’école, la rébellion… sont des signaux forts qui mettent à nu le manque d’intérêt et le népotisme dans la gestion des problèmes du pays. On ne joue pas carte sur table parce que la confiance ne règne pas. Lors des rencontres, ce sont des règlements de compte et les résolutions vont dans les tiroirs. Il faut instaurer une justice saine et exiger les devoirs et s’acquitter pleinement des droits à tous les niveaux.

Quant au volet ressources, l’Etat du Mali doit mettre à contribution les compétences financières pour qu’ils (hommes/femmes du monde des finances) proposent des voies et moyens pour remettre en état le tissu économique et créent s’il le faut des nouvelles voies de création de ressources. Étant entendu que sans ressources propres, il est illusoire de croire qu’on puisse mener à bien nos projets.

Pour développer le Mali, ce n’est pas la volonté qui manque ce qui fait défaut, c’est la ressource financière et l’absence de cohésion sociale et d’adhésion aux projets du politique. Il n’y a certes pas de conflits ouverts au Mali, il n’y a pas non plus de rupture dans le dialogue et la concertation, mais cela ne signifie pas pour autant que nous sommes un peuple uni et solidaire. Nous avons aujourd’hui une union et une cohésion de façade.

Les dirigeants font ceux qu’ils veulent, chacun est distrait et ne pense qu’à ses propres intérêts. Avant le Forum national sur l’éducation, qu’est-ce qui n’a pas été dit ? Avant le Forum sur la corruption, que n’a-t-on dit ? Nous nous éloignons des solutions.

Avant la mise en œuvre du PDES, il est souhaitable qu’on ait le temps de faire le point des difficultés et qu’on s’attèle à dissiper le climat de méfiance et la propension à l’impunité. Demain, il fera bon vivre au Mali.

Bakary Sangaré

09 Octobre 2008