Les occupants des espaces verts et des dépôts de transit d’ordures seront déguerpis sans autre forme de procès.
A Bamako et dans les centres urbains, les infrastructures d’assainissement n’arrivent pas à suivre la croissance démographique. L’évacuation des déchets solides pose d’énormes problèmes dans les communes à cause de l’occupation illicite des dépôts de transit, cédés illégalement par les mairies ou par les spéculateurs fonciers.
Les espaces verts sont de plus en plus occupés et transformés en des lieux de cultes et autres sans qu’il y est changement de vocation.
Vendredi dernier à la faveur de la conférence de presse sur le Parc urbain de Bamako, le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, Alhassane Ag Aghatam, est revenu sur la question de l’occupation illégale des dépôts de transit dans les communes du district et qui fait l’objet d’une polémique entre responsables municipaux et populations.
Le ministre s’est dit très déçu par l’inertie des élus locaux qui ne font pas assez pour la conservation des espaces verts et des dépôts de transit d’ordures. Et de dire que des mesures seront prochainement prises afin de déguerpir les occupants illégaux. « On va identifier dans les communes les dépôts de transit d’ordures et d’espace verts occupés et on va les chasser ».
La cession ou l’occupation illicite de ces espaces est faite au mépris des textes. Or, en matière de protection des espaces verts, la législation malienne est stricte. La loi n°01-020 du 30 mai 2001 sur la protection des espaces verts, des cimetières et des décharges en son article 31 dit que « la protection des espaces verts contre toutes les causes de dégradation est d’intérêt général ». Lorsqu’ils ont acquis la propriété d’espaces verts, boisés ou non, l’Etat, les établissements publics ou les collectivités territoriales s’engagent à les préserver, à les aménager et les entretenir.
Révolte de la population
L’article 32 précise que : « La désaffectation des espaces verts, des cimetières et des décharges est soumise à une autorisation préalable du ministre chargé de l’Environnement, après avis conforme des ministres chargés de l’Urbanisme, de la Santé et des Collectivités territoriales ». Tel n’est pas le cas présentement : les mairies s’adonnant à la cession inopinée des espaces.
On se souvient que la vente d’un dépôt de transit d’ordures au marché de Baco-Djicoroni avait fait l’objet de beaucoup de bruit entre la population et la mairie. Le dépôt de transit de Baco-Djicoroni, inauguré par Nankoma Kéita, alors ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, a été morcelé et vendu par des conseillers municipaux de la Commune V. Conséquence : les populations ne savent quoi faire avec leurs ordures qui s’entassent jour après jour.
Des familles n’ont trouvé mieux que de déposer leurs ordures dans la cour et à l’entrée du centre secondaire d’état-civil du quartier. A Kalaban Coro aussi, faute de dépôt de transit d’ordures, des populations avaient transformé la mairie en dépôt final d’ordures. Les deux cas ne sont que la partie visible de l’iceberg.
Faute d’espaces et de dépôts de transit vendus par des mairies ou par des services domaniaux, les maisons en construction sont aujourd’hui des lieux pour se débarrasser des ordures ménagères. Cadavres d’animaux et nuées d’insectes mélangés aux restes de nourritures pourries offrent un tableau sinon apocalyptique repoussant par endroits. Les odeurs pestilentielles qui s’en dégagent vous prennent à la gorge et vous étouffent à des dizaines de mètres à la ronde. Cette atmosphère, selon des médecins, est nocive à la santé des résidents.
Amadou Sidibé
22 Octobre 2008