Obtenir un toit à Bamako ou dans les grands centres urbains du Mali relève du parcours du combattant. Et pour cause : à Bamako, près de 80% des chefs de famille sont en location. Un taux qui peut sensiblement être revu à la baisse dans les capitales régionales. Pour certains spécialistes des questions de pauvreté, cet état de fait influe beaucoup sur la paupérisation des populations, cause essentielle du sous-développement.
Aussi, à défaut de pouvoir fixer un prix plafond pour les frais de loyer – qui engloutissent aujourd’hui l’essentiel des avoirs et gains des chefs de famille-, l’Etat malien a entamé, depuis le premier mandat d’ATT, une vaste politique de facilitation d’accès à un logement décent dont les charges, par règlement échelonné, sont supportables par les bénéficiaires. D’où la politique des logements sociaux.
Si les premières tranches ont donné une grande satisfaction, en terme de transparence du traitement des dossiers pour l’attribution des maisons, il faut reconnaître que depuis lors, l’initiative commence à aller à vau-l’eau. En effet, des groupuscules de petits corrompus et autres “caïds” d’un vaste réseau mafieux bamakois, omnubilés par le gain facile et un goût trop prononcé pour l’argent, sont en passe d’anéantir tous les efforts du Président de la République, Amadou Toumani Touré.
Rien qu’à voir les pratiques qui ont actuellement cours au niveau du dépôt des dossiers, les appellations “Logement sociaux” et “ATT-bougou” semblent emprunter une autre tournure et prendre d’autres connotations : du genre “Famabougou” ou “logements pour riches”. Ce qui est peu dire au regard de ce constat : de pauvres gens en quête de logement sont soumis au paiement de pots de- vin et autres dessous-de-table.
En effet, selon les témoignages de beaucoup de postulants pour l’acquisition des nouveaux logements sociaux, deux options s’offrent à ceux qui désirent bénéficier d’un logement. La première option : le postulant aboule 600 000 FCFA cash à ceux qui sont chargés de recevoir les dossiers : il rentre alors chez et attend tranquillement les clés de son logement.
Et la deuxième : il dépose ses dossiers normalement, c’est-à-dire sans rien abouler, en comptant sur les dieux de la chance pour bénéficier du fameux logement.
Et ce sont ceux-là mêmes à qui ces offres à option ont été faites qui ont relaté les faits. Est-ce à dire pour autant que tous agents receveurs de dossiers trempent dans cette magouille organisée? Sur ce point, la réserve est de mise. Toujours est-il que des pratiques du genre doivent être sévèrement reprimandées. Et cela, pour plusieurs raisons.
D’abord, pour ne pas saboter et discréditer cette politique de logements sociaux initiée par le Président de la République, et par conséquent, entraîner la perte de la confiance que lui voue le peuple malien. Ensuite, il est urgent, voire impérieux, d’user de tous les moyens pour ne pas ôter le caractère social de ladite politique de logement.
Enfin, s’adressant à ces corrompus des logements sociaux, il faudrait vraiment avoir de la pierre à la place du coeur pour se donner ainsi du plaisir à achever (financièrement parlant) des chefs de famille déjà désespérés par les charges du loyer.
Cela est d’autant plus vrai que le paiement de l’argent demandé n’est guère l’assurance d’un logement acquis. La preuve : certaines victimes de la pratique, (lors de la dernière attribution des logements sociaux), de par leur naïveté, continuent encore de pleurer toutes les larmes de leur corps, sans pour autant avoir la possibilité de réclamer leurs dus à leurs “bourreaux extorqueurs” qu’elles connaissent pourtant parfaitement.
C’est qu’en matière de corruption, le soudoyer, c’est-à-dire celui qui donne des dessous-de-table devient à son tour corrupteur, sinon pire. Payer 600 000 FCFA pour bénéficier d’un logement social n’est ni plus ni moins qu’une promesse à blanc, une manière pour des sangsues de sucer le sang de pauvres gens.
Si bien que les plus hautes autorités, en premier lieu le Président de la République, Amadou Toumani Touré, et le président de la Commission d’attribution des logements sociaux, le Général Mamadou Coulibaly, ont pris les dispositions nécessaires en vue pour faire le ménage là où il le faut, en vue de trier le vrai et bon grain de l’ivraie.
Car il y va non seulement de la pérennité de la politique des logements sociaux, mais aussi de la sauvegarde de leur image et leur honneur auprès des Maliens qui ne doutent point de leur intégrité morale.
Adama S. DIALLO
21 Novembre 2008